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coucou ma brigitte,
je passe en coup de vent...
je viens juste chercher une photo de la si belle vénus que j
Par tubesetfonds, le 20.10.2025
c'est très touchant, cette histoire nous montre clairement la domination du fort sur le faible ce qui est preu
Par Anonyme, le 20.10.2025
coucou ma belle! voilà le week-end qui se termine il a fait un temps de saison !!!!. j'espère que tu as passé
Par mamietitine, le 19.10.2025
bonjour mon amie brigitte
me suis levée avant le soleil
pour venir te souhaiter
un tout beau weekend d
Par douceuretdetente, le 17.10.2025
vénus a une vie bien remplie et beaucoup d'imagination pour les bêtises
Par Anonyme, le 16.10.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
18.10.2025
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Illustration : Gustave Doré
Invitation de la folie !
La Folie décida d'inviter ses amis pour prendre un café chez elle.
Tous les invités y allèrent.
Après le café la Folie proposa :
- On joue à cache-cache ?
- Cache-cache ? C'est quoi, ça ? demanda la Curiosité.
- Cache-cache est un jeu. Je compte jusqu'à cent et vous vous cachez.
- Quand j'ai fini de compter je cherche, et le premier que je trouve sera le prochain à
compter.
Tous acceptèrent, sauf la Peur et la Paresse.
-1, 2, 3,... la Folie commença à compter.
L'Empressement se cacha le premier, n'importe où.
La Timidité, timide comme toujours, se cacha dans une touffe d'arbre.
La Joie courut au milieu du jardin.
La Tristesse commença à pleurer, car elle ne trouvait pas d'endroit approprié pour se
cacher.
L'Envie accompagna le Triomphe et se cacha près de lui derrière unrocher.
La Folie continuait de compter tandis que ses amis se cachaient.
Le Désespoir était désespéré en voyant que la Folie était déjà à 99.
- CENT ! cria la Folie, je vais commencer à chercher...
La première à être trouvée fut la Curiosité, car elle n'avait pu s'empêcher de sortir de
sa cachette pour voir qui serait le premier découvert.
En regardant sur le côté, la Folie vit le Doute au-dessus d'une clôture ne sachant pas de
quel côté il serait mieux caché.
Et ainsi de suite, elle découvrit la Joie, la Tristesse, la Timidité...
Quand ils étaient tous réunis, la Curiosité demanda :
- Où est l'Amour ?
Personne ne l'avait vu.
La Folie commença à le chercher. Elle chercha au-dessus d'unemontagne, dans les
rivières au pied des rochers.Mais elle ne trouvait pas l'Amour.
Cherchant de tous côtés, la Folie vit un rosier, pris un bout de bois et commença à
chercher parmi les branches, lorsque soudain elle entendit un cri.
C'était l'Amour, qui criait parce qu'une épine lui avait crevé un œil.
La Folie ne savait pas quoi faire. Elle s'excusa, implora l'Amour pour avoir son pardon et
alla jusqu'à lui promettre de le suivre pour toujours.
L'Amour accepta les excuses.
Aujourd'hui, l'Amour est aveugle et la Folie l'accompagne toujours.
Jean de La Fontaine
Une fable de Jean de La Fontaine non apprise à l'école...
Brigitisis
Illustration de Oudry
L'Amour et la Folie |
Tout est mystère dans l'Amour, La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble: Vénus en demande vengeance.
|
Livre XII, fable 14
Son enfance : le fait d'être représenté par un enfant
Némésis : mythologie grecque : Fille de la nuit,
elle personnifie la vengeance divine.
Le résultat : la décision
Explications :
"Tout d'abord, on peut repérer que la morale se situe au début de la fable, de la ligne 1 à 10, c'est donc une morale anticipée par rapport aux faits.
La Fontaine fait référence au proverbe « L'amour est aveugle ».
Puis à partir de la ligne 11 débute le récit de la mésaventure d'Amour et Folie, l'élément perturbateur apparaît à la ligne 13 « Une dispute vint », cette dispute est par ailleurs inspirée du Débat de Folie et d'Amour de Louise Labé c'est une sorte de mise en abîme : une oeuvre qui parle d'une autre oeuvre.
Cette dispute fait place à la violence de Folie qui aveugle Amour, l'auteur met alors clairement Amour en position de victime . Vénus apparaît alors dans le récit, venue demander vengeance pour son fils, elle fait donc appel aux Dieux de l'Olympe pour faire le procès de Folie."
Presque un joli conte...
Brigitisis
Illustration de Gustave Doré...
La fable du Lundi
L'ALOUETTE ET SES PETITS AVEC LE MAITRE D'UN CHAMP
Ne t'attends qu'à toi seul (1) : c'est un commun proverbe.
Voici comme Esope le mit
En crédit :
Les alouettes font leur nid
Dans les blés, quand ils sont en herbe,
C'est-à-dire environ le temps
Que tout aime et que tout pullule dans le monde (2),
Monstres marins au fond de l'onde,
Tigres dans les forêts, alouettes aux champs.
Une pourtant de ces dernières
Avait laissé passer la moitié d'un printemps
Sans goûter le plaisir des amours printanières.
A toute force enfin elle se résolut
D'imiter la nature, et d'être mère encore.
Elle bâtit un nid, pond, couve et fait éclore,
A la hâte : le tout alla du mieux qu'il put.
Les blés d'alentour mûrs avant que la nitée (3)
Se trouvât assez forte encor
Pour voler et prendre l'essor,
De mille soins divers l'alouette agitée
S'en va chercher pâture, avertit ses enfants
D'être toujours au guet et faire sentinelle.
«Si le possesseur de ces champs
Vient avec que son fils (comme il viendra) (4), dit-
elle,
Ecoutez bien : selon ce qu'il dira
Chacun de nous décampera.»
Sitôt que l'alouette eût quitté sa famille
Le possesseur du champ vient avec que son fils.
« Ces blés sont mûrs, dit-il, allez chez nos amis
Les prier que chacun, apportant sa faucille,
Nous vienne aider demain dès la pointe du jour.»
Notre alouette de retour
Trouve en alarme sa couvée.
L'un commence : « Il a dit que, l'aurore levée,
L'on fît venir demain ses amis pour l'aider....
- S'il n'a dit que cela, repartit l'alouette,
Rien ne nous presse encor de changer de retraite ;
Mais c'est demain qu'il faut tout de bon écouter.
Cependant soyez gais; voilà de quoi manger.»
Eux repus, tout s'endort, les petits et la mère.
L'aube du jour arrive, et d'amis point du tout.
L'alouette à l'essor, le maître s'en vient faire
Sa ronde ainsi qu'à l'ordinaire.
«Ces blés ne devraient pas, dit-il, être debout.
Nos amis ont grand tort, et tort qui se repose
Sur de tels paresseux, à servir ainsi lents.
Mon fils, allez chez nos parents
Les prier de la même chose.»
L'épouvante est au nid plus forte que jamais.
« Il a dit ses parents, mère, c'est à cette heure...
- Non, mes enfants ; dormez en paix :
Ne bougeons de notre demeure.»
L'alouette eut raison, car personne ne vint.
Pour la troisième fois, le maître se souvint
De visiter ses blés. «Notre erreur est extrême,
Dit-il,de nous attendre à d'autres gens que nous.
Il n'est meilleur ami ni parent que soi-même.
Retenez bien cela, mon fils. Et savez-vous
Ce qu'il faut faire ? Il faut qu'avec notre famille
Nous prenions dès demain chacun une faucille :
C'est là notre plus court; et nous achèverons
Notre moisson quand nous pourrons.»
Dès lors que ce dessein fut su de l'alouette :
«C'est ce coup (5) qu'il est bon de partir, mes enfants.»
Et les petits, en même temps,
Voletants, se culebutants,
Délogèrent tous sans trompette.
Jean de La Fontaine
Livre IV Fable 22
(1) ne compte que sur toi-même
(2) Lucrèce : De Natura rerum, invocation à Vénus
(3) nichée ; mot inconnu des dictionnaires du 17ème ; certainement utilisé dans le patois picard ou champenois
(4) lorsqu'il viendra
(5) c'est maintenant
Le livre IV s'achève avec un superbe poème : "La Fontaine avait bien observé ces pays (la Beauce, la Sologne, la Picardie) sinon en maître des eaux et forêts, du moins en poète"
(Sainte-Beuve)
Vérification faite, j'avais fait un doublon : l'aigle et la pie y était très longtemps...17/12/2012...de façon différente...Mais celle-là est fort jolie...
Un grand travail de pointage à faire!
Brigitisis
La fable du Lundi...
Illustration de Gustave Doré
L'AIGLE ET LA PIE
L'aigle, Reine des airs, avec Margot la Pie,
Différentes d'humeur, de langage et d'esprit,
Et d'habit,
Traversaient un bout de prairie.
Le hasard les assemble en un coin détourné.
L'Agasse eut peur ; mais l'Aigle, ayant fort bien dîné,
La rassure, et lui dit : Allons de compagnie.
Si le Maître des Dieux assez souvent s'ennuie,
Lui qui gouverne l'univers,
J'en puis bien faire autant, moi qu'on sait qui le sers (2).
Entretenez-moi donc, et sans cérémonie.
Caquet bon-bec alors de jaser au plus dru,
Sur ceci, sur cela, sur tout. L'homme d'Horace (3),
Disant le bien, le mal à travers champs (4), n'eût su
Ce qu'en fait de babil y savait notre Agasse.
Elle offre d'avertir de tout ce qui se passe,
Sautant, allant de place en place,
Bon espion, Dieu sait. Son offre ayant déplu,
L'Aigle lui dit tout en colère :
Ne quittez point votre séjour,
Caquet bon-bec, mamie : adieu ; je n'ai que faire
D'une babillarde à ma cour ;
C'est un fort méchant caractère.
Margot ne demandait pas mieux.
Ce n'est pas ce qu'on croit, que d'entrer chez
les Dieux ;
Cet honneur a souvent de mortelles angoisses.
Rediseurs (5), Espions, gens à l'air gracieux,
Au coeur tout différent, s'y rendent odieux,
Quoique ainsi que la Pie il faille dans ces lieux
Porter habit de deux paroisses (6).
Jean de La Fontaine
Livre XII Fable 11
Le thème de la fable l'Aigle et la Pie
est emprunté à Abstémius.
La Fontaine avait à sa disposition l'anthologie publiée
en 1610 par Isaac-Nicolas Névelet, travail érudit
de compilation des textes antiques des fables; ici :
"De aquila et pica" p.545.
" Louis XIV s'entourait d'un réseau de délateurs : le
précepteur
de son petit-fils (Fénelon) inculque à son élève de moins
détestables principes. Voici ce qu'il écrivait à
Madame de Maintenon [...] : "Il ne faut point avoir
des rapporteurs qui s'empressent à vous empoisonner
du récit de toutes les petites fautes des particuliers
mais il faut avoir des gens de bien, qui malgré eux soient
chargés en conscience de vous avertir des choses qui le
mériteront, ceux-là ne vous diront que le nécessaire, et
laisseront le superflu aux tracassiers." " (J.P. Collinet,
La Pléiade)
(1) vieux mot pour : pie
(2) moi dont on sait que je le sers
(3) cet homme est Volteius Mena, crieur publicinvité par l'avocat Philippe, qui se divertit deson babillage naïf (Horace,Epitres) ; c'est l'undes modèles de Sire Grégoire dans "Lesavetier et le financier"
(4) à tort et à travers
(5) qui vont rapporter aux autres ce qu'on a dit d'eux
(6) "on dit de deux choses dépariées, qu'on porte ensemble, qu'elles sont de deux paroisses(Furetière)
Et bien, je croyais avoir depuis le temps mis toutes ses fables...et bien non! Il y en a encore à découvrir en 2015...
Brigitisis
PHILOMÈLE ET PROGNÉ
Autrefois Progné l'Hirondelle
De sa demeure s'écarta,
Et loin des villes s'emporta (1)
Dans un bois où chantait la pauvre Philomèle.
Ma soeur, lui dit Progné, comment vous portez-vous ?
Voici tantôt mille ans que l'on ne vous a vue :
Je ne me souviens point que vous soyez venue
Depuis le temps de Thrace (2) habiter parmi nous.
Dites-moi, que pensez-vous faire ?
Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire ?
Ah! reprit Philomèle, en est-il de plus doux ?
Progné lui repartit : Eh quoi cette musique
Pour ne chanter qu'aux animaux ?
Tout au plus à quelque rustique (3)?
Le désert est-il fait pour des talents si beaux ?
Venez faire aux cités éclater leurs merveilles.
Aussi bien, en voyant les bois,
Sans cesse il vous souvient que Térée autrefois
Parmi des demeures pareilles
Exerça sa fureur sur vos divins appas.
Et c'est le souvenir d'un si cruel outrage
Qui fait, reprit sa Sœur, que je ne vous suis pas :
En voyant les hommes, hélas !
Il m'en souvient bien davantage.
Jean de La Fontaine
Livre 3 Fable XV
La source de la fable "Philomèle et Progné"
est Babrias "Le rossignol et l'hirondelle" .
Chez Ésope, le thème était traité très brièvement. On retrouve chez La Fontaine des éléments du texte d'Ovide (Métamorphoses, livre VI) : Progné (ou Procné) avait reçu de son père Pandion le valeureux Térée comme époux. Celui-ci viola Philomèle, soeur de Progné, et lui coupa la langue pour la faire taire. Elle réussit à avertir Progné en brodant son histoire sur une tapisserie. Progné fit manger à Térée son propre fils Itys pour se venger.
Les dieux sauvèrent les deux soeurs de la vengeance de Térée en métamorphosant Progné en rossignol et Philomèle en hirondelle. Térée fut transformé en huppe.
(1) alla
(2) Térée était roi de Thrace
(3) paysan
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/philprog.htm
Et oui, il y en a encore pour l'année 2015!
Brigitisis
La fable du Lundi...
L'HOMME ENTRE DEUX ÂGES (1) ET SES DEUX MAÎTRESSES (*)
...Un homme de moyen âge (2),
Et tirant sur le grison, (3)
Jugea qu'il était saison
De songer au mariage.
Il avait du comptant (4),
Et partant (5)
De quoi choisir. Toutes voulaient lui plaire ;
En quoi notre Amoureux ne se pressait pas tant :
Bien adresser n'est pas petite affaire.
Deux Veuves sur son coeur eurent le plus de part ;
L'une encor verte, et l'autre un peu bien mûre,
Mais qui réparait par son art
Ce qu'avait détruit la nature.
Ces deux Veuves, en badinant,
En riant, en lui faisant fête,
L'allaient quelquefois testonnant (6),
C'est à dire ajustant sa tête.
La Vieille à tous moments de sa part emportait
Un peu du poil noir qui restait,
Afin que son Amant en fût plus à sa guise.
La Jeune saccageait les poils blancs à son tour.
Toutes deux firent tant, que notre tête grise
Demeura sans cheveux, et se douta du tour.
Je vous rends, leur dit-il, mille grâces, les Belles,
Qui m'avez si bien tondu :
J'ai plus gagné que perdu ;
Car d'hymen point de nouvelles.
Celle que je prendrais voudrait qu'à sa façon
Je vécusse, et non à la mienne.
Il n'est tête chauve qui tienne ;
Je vous suis obligé, Belles, de la leçon.
Jean de La Fontaine
Livre 1 Fable XVII
(*) Sources : Phèdre (II,2)
Voici un extrait de la traduction Sacy,(cit. par M.Fumaroli : L.F., fables, coll. La Pochothèque)
[...] Ainsi toutes deux voulant paraître être de son âge, commencèrent à lui arracher les poils de la tête. Lui s'imaginant que ces femmes avaient soin de lui bien ajuster les cheveux, devint chauve tout d'un coup [...]
(1) "entre 2 âges, c'est à trente ans" (Furetière : cité par J.P. Collinet dans La Pléiade)
(2) d'âge moyen
(3) gris, en parlant de cheveux, de la barbe
(4) de l'argent comptant
(5) par conséquent
(6) coiffer, peigner
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/
Une découverte cette fable...
Brigitisis
Illustration de Gustave Doré
La fable du Lundi...
La Mort et le Malheureux
Un Malheureux appelait tous les jours
La mort à son secours.
"O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
Viens vite, viens finir ma fortune cruelle. "
La Mort crut, en venant, l'obliger en effet.
Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
"Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;
Qu'il est hideux ! que sa rencontre
Me cause d'horreur et d'effroi !
N'approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi. "
Mécénas fut un galant homme :
Il a dit quelque part : Qu'on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme
Je vive, c'est assez, je suis plus que content.
Ne viens jamais, ô mort ; on t'en dit tout autant.
Jean de La Fontaine
Livre 1 Fable xv
Brigitisis
Illustration de Gustave Doré
La fable du Lundi...
La Mort et le Bûcheron
Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Jean de La Fontaine
Livre 1 Fable XVI
Une fin de fable qui est devenu un dicton connu...
Brigitisis
La fable du Lundi...
Illustration de Gustave Doré
LA FEMME NOYÉE
Je ne suis pas de ceux qui disent : Ce n'est rien ;
C'est une femme qui se noie.
Je dis que c'est beaucoup ; et ce sexe vaut bien
Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie;
Ce que j'avance ici n'est point hors de propos,
Puisqu'il s'agit dans cette fable
D'une femme qui dans les flots
Avait fini ses jours par un sort déplorable.
Son Époux en cherchait le corps,
Pour lui rendre, en cette aventure
Les honneurs de la sépulture.
Il arriva que sur les bords
Du fleuve auteur de sa disgrâce (1)
Des gens se promenaient ignorant l'accident.
Ce Mari donc leur demandant
S'ils n'avaient de sa Femme aperçu nulle trace :
Nulle, reprit l'un d'eux ; mais cherchez-la plus bas ;
Suivez le fil de la rivière.
Un autre repartit : Non, ne le suivez pas ;
Rebroussez plutôt en arrière.
Quelle que soit la pente et l'inclination (2)
Dont l'eau par sa course l'emporte,
L'esprit de contradiction
L'aura fait flotter d'autre sorte.
Cet homme se raillait (3) assez hors de saison.
Quant à l'humeur contredisante,
Je ne sais s'il avait raison.
Mais que cette humeur soit, ou non ,
Le défaut du sexe et sa pente, (4)
Quiconque avec elle naîtra
Sans faute avec elle mourra,
Et jusqu'au bout contredira,
Et, s'il peut, encor par delà.
Jean de La Fontaine
Livre 3 Fable XV
"Ce conte (plus que fable) ou plutôt plaisanterie se trouve dans de nombreux recueils (fabliaux, Faerne, Verdizzotti...), ce qui explique qu'on ne puisse déterminer exactement la source de la Fontaine.
Voici la fin de la traduction de Faerne par Perrault :
Femme contrariante, envieuse et colère ne quitte pas son caractère."
(1) son malheur
(2) inclinaison
(3) se railler : se rire de quelque personne ou de quelque chose, n'en faire nul cas, ne pas s'en soucier (Richelet)
(4) sa tendance
" La Fontaine réussit ici à critiquer la nature féminine sans jamais passer pour un misogyne. Il s’exprime comme un galant homme du 17e siècle et obtient ainsi les faveurs du public féminin qui voit dans sa fable plus une défense qu’une attaque. En effet, la morale, universelle, dit qu’une personne (homme ou femme) née déraisonnable le restera. Il n’adopte jamais une position compromettante.
La Fontaine apparait toujours dans ses fables comme un honnête homme inscrit dans l’esthétique et la morale de son siècle même si ses Fables sont toujours d’actualité. La Fontaine, lorsqu’il n’utilise pas son bestiaire habituel, aborde des défauts correspondants à des passions touchant l’esprit humain. Son but étant de montrer le caractère incurable de ces maux ce qui va à l’encontre du but cathartique du théâtre classique."
Encore et toujours...
C'est phénoménal le nombre de fables qu'a écrit Jean de La Fontaine...J'en suis à 124 dans ma rubrique qui lui est consacrée...Et il y en a encore quelques- unes...
Brigitisis
La fable du Lundi...
Si vous êtes satisfait de votre personne après vous être
regardé(e) un peu longuement dans votre miroir surtout,
NE lisez PAS cette fable.....
LA BESACE (*)
Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur.
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur :
Je mettrai remède à la chose.
Venez, Singe ; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux, faites comparaison
De leurs beautés avec les vôtres :
Êtes-vous satisfait ? Moi ? dit-il, pourquoi non ?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché ;
Mais pour mon frère l'Ours, on ne l'a qu'ébauché :
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.
L'Ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut : de sa forme il se loua très fort ;
Glosa (1) sur l' Éléphant, dit qu'on pourrait encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles ;
Que c'était une masse informe et sans beauté.
L' Éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles :
Il jugea qu'à son appétit (2)
Dame Baleine était trop grosse.
Dame Fourmi trouva le Ciron (3) trop petit,
Se croyant, pour elle, un colosse.
Jupin (4) les renvoya s'étant censurés tous,
Du reste , contents d'eux ; mais parmi les plus fous
Notre espèce excella ; car tout ce que (5) nous sommes,
Lynx (6) envers nos pareils, et taupes (7) envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes :
On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain.
Le Fabricateur souverain
Nous créa Besaciers (8) tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps
d'aujourd'hui:
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.
Jean de La Fontaine
(*) L.F. a pu s'inspirer de l'apologue d'Aviénus
"La guenon et Jupiter" (cité dans Névelet) ou de
"La besace" de Phèdre (Sacy)
Dans " La guenon et Jupiter", un concours des plus beaux
enfants a été institué par Jupiter. Une guenon prétend que
son nourrisson informe est le plus beau. L'idée du défilé
d'animaux de la fable a peut-être été suggéré par
l'illustration
dans Névelet où l'on voit Jupiter recevoir toutes sortes
d'animaux.
(1) fit des critiques.
(2) à son goût
(3) insecte qui se développe dans le fromage et la farine et
qui est le plus petit des animaux, visible à l'œil nu
(4) Jupiter
(5) tous tant que
(6) le lynx passe pour avoir une vue très perçante
(7) la taupe a des yeux si petits que longtemps, on l'a crue aveugle
(8) porteurs d'une besace
"Alors, vous l'avez lue ?
Regarderez-vous votre entourage d'un œil plus indulgent ?
Non ?
La Rochefoucauld a peut-être raison :
"Il semble que la nature, qui a si sagement disposé les organes de notre corps pour nous rendre heureux, nous ait donné aussi l'orgueil pour nous épargner la douleur de connaître nos imperfections" ( maxime XXXVI)"
Une fable pas très connue et pourtant, à méditer...
Brigitisis