chien coeur enfant image centerblog course prix sur chevaux cheval mer bonne roman vie moi place amour monde animaux argent coup soi animal photo jeux voyage fleur chez homme belle fond femme maison société mort histoire air heureux dieu nuit nature cadre sourire livre jeux
Rubriques
>> Toutes les rubriques <<
· FABLES DE MONSIEUR JEAN DE LA FONTAINE (133)
· Poèmes que j'aime (160)
· BEAUX PARTAGES (588)
· BEAUX TEXTES (284)
· DICTIONNAIRE DES PROVERBES (325)
· MES LECTURES (344)
· HOMMAGE A MAMAN (03/10/1928-03/09/2011) (11)
· PETITS REPORTAGES DES ANIMAUX (602)
· HUMOUR (208)
· CITATIONS ET PHOTOS DE NATURE (446)
bonjour mon amie
bonjour octobre ,
avec l automne bien installée
le 10 ,,j aurai 15 ans de blogs
que d
Par douceuretdetente, le 01.10.2025
hello le soleil brille un peu frisquet ce matin , passe une bonne journée gros bisous lysiane saperlipopette 8
Par saperlipopette87, le 30.09.2025
j'ai beaucoup de bons souvenirs! http://mamynoh a2.centerblog. net
Par Luce/Joly, le 30.09.2025
la semaine dernière sur m6 a 18h30 il y avait les recettes sur la corse et cette semaine c'est la bretagne!!j'
Par Luce/Joly, le 30.09.2025
coucou brigitte j'espère que tout va bien!en ce moment pas de chance pour moi car il y a 10 jours je suis tomb
Par Luce/Joly, le 30.09.2025
· HOMMAGE A MAMAN (03/10/1928 - 03/09/2011) 7 Crématorium
· Le lion et le rat Jean de La Fontaine 12
· Le coq et la perle Jean De La Fontaine
· "L'enfant et le Maître d'école" Jean de La Fontaine
· "Le chat et le renard" Jean de La Fontaine
· Le temps qui passe par des artistes
· "Le rat et l'éléphant" Jean de La Fontaine
· "Le cochon, la chèvre, et le mouton" Jean de La Fontaine
· "Je vivrai par delà la mort" Khalil Gibran
· "Un songe" de René François Sully Prudhomme
· La rentrée des classes en humour
· "Le voilier" William Blake?
· Hommage aux aides soignantes
· Le corbeau et le renard Jean de La Fontaine
· "La colombe et la fourmi" Jean De La Fontaine
Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
01.10.2025
11878 articles
Sandrine Collette, née en 1970 à Paris, est une romancière française
Sandrine Collette passe un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique.
En 1999, elle soutient une thèse intitulée : De la loterie nationale à la française des jeux (1933-1998) : contribution à une sociologie de l'état moderne.
Elle devient chargée de cours à l'université de Nanterre, travaille à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons en Champagne puis dans le Morvan.
Elle décide de composer une fiction et sur les conseils d’une amie, elle adresse son manuscrit aux éditions Denoël, décidées à relancer, après de longues années de silence, la collection « Sueurs froides », qui publia Boileau-Narcejac et Sébastien Japrisot.
Il s’agit Des nœuds d'acier, publié en 2013 et qui obtiendra le grand prix de littérature policière ainsi que le Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne.
Le roman raconte l'histoire d'un prisonnier libéré qui se retrouve piégé et enfermé par deux frères pour devenir leur esclave.
Elle se consacre alors à l'écriture et s'installe à La Comelle, village du Morvan d'où elle est originaire et dont elle devient conseillère municipale.
En 2014, Sandrine Collette publie son second roman : Un vent de cendres (chez Denoël). Le roman commence par un tragique accident de voiture et se poursuit, des années plus tard, pendant les vendanges en Champagne.
Le roman revisite le conte La Belle et la Bête.
Pour la revue Lire, « les réussites successives Des nœuds d'acier et d'Un vent de cendres n'étaient donc pas un coup du hasard : Sandrine Collette est bel et bien devenue l'un des grands noms du thriller français.
Une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans Six fourmis blanches ».
Thèmes et références
Sandrine Collette aime la campagne profonde, la forêt, la montagne, les vignes. Tout naturellement, elle aime situer ses intrigues dans un univers rural, même si son petit polar Une brume si légère, est exceptionnellement urbain.
La romancière part toujours d’une image qui lui permettra de dérouler le fil de sa fiction.
Ses références vont de Luis Sepulveda à Marguerite Duras ou Paulo Coelho.
L'histoire :
Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose.
Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison.
Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours.
À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils.
Vivant.
Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude.
Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant.
Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux.
Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir.
Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.
Dans la lignée de Et toujours les Forêts, Sandrine Collette plonge son lecteur au sein d’une nature aussi écrasante qu’indifférente à l’humain.
Au fil de ces pages sublimes, elle interroge l’instinct paternel et le prix d’une possible renaissance.
Photo du net
Critiques
« Magnifique, de concision, d’émotion brute. Entre western et variation écolo, un livre puissant qui vient questionner l’instinct paternel. »
Madame Figaro
« Un roman saisissant qui questionne avec maestria les rapports père/fils. »
Paris Match
« Somptueux. » Version Femina
« Sandrine Collette raconte avec brio la puissance de la nature et la fragilité de l’amour. »
Point de vue
« La grande odyssée fauve de la rentrée. Superbe. »
Le Point
« Une chevauchée qui prend aux tripes. Magnétique. »
L'Obs
« Un western des temps modernes. »
Le JDD
« Le talent de Sandrine Collette pour dire l’enfance perdue et la beauté âpre d'une nature où l’homme ne semble pas avoir sa place. »
Lire le Magazine Littéraire
« Une merveille. »
Femme Actuelle
« Rester humain est un combat de chaque instant. »
Le Figaro littéraire
« On reste sidérés par la maîtrise de Sandrine Collette, aussi apte à camper la nature qu'à décrypter la complexité des relations humaines. »
L'Express
« Un roman qui se dévore à vif. Magistral »
Le Parisien
« De tous les livres de la rentrée c’est celui que j’ai dévoré d’une traite, impossible à lâcher ! Il est exceptionnel »
Bernard Lehut, RTL
« Un roman âpre et brutal, mais tellement beau ! »
Le Parisien Week-End
« Si On était des loups est un roman audacieux, il est surtout bouleversant ; il vous emmènera ailleurs, dans des contrées inconnues, là où se cache le cœur d’un homme enfin prêt à accueillir sa part d’humanité. »
Le Figaro Magazine
http://fantazia.centerblog.net/507
EXTRAITS
C’est la nuit je regarde l’enfant qui dort. Un tout petit enfant, il ne sait rien du monde, il ne sait rien faire. Un enfant ce n’est pas fait pour la vie, cette vie-là je veux dire qui est immense et brutale devant lui devant nous.
La vie qui.
Enfin ils n'étaient pas prêts, ils avaient lu des livres et regardé des films et ils s'étaient dit que ce serait formidable de vivre en pleine nature dans un coin perdu comme celui-là mais ils avaient sous-estimé plein de choses et notamment le fait que la nature n était pas forcément heureuse de les voir arriver "tiret" ou du moins qu'elle ne ferait pas lourd pour les aider. Bref ils avaient oublié que la nature c'est marche ou crève, ce n'est pas le soleil les petits oiseaux et des gens mignons autour. Il faut le savoir quand on vient ici sinon ça cogne la tête un jour pas loin.
"C'est pour ça qu'elle ne l'a pas vraiment choisie cette vie, elle m'a suivi c'est tout. On s'aimait comme des fous et ça a aidé pour pas mal de choses. On s'aime toujours même si on a moins à se dire, on s'est tout raconté depuis longtemps et Les journées se Ressemblent trop pour qu'il y ait un truc nouveau à partager. Il y a la fatigue aussi, on a pris des années, surtout moi à pister le gibier. Souvent je pars plusieurs jours avec le gros et quand je rentre je sens bien que j'en ai davantage dans les pattes qu'avant ; je ne suis pas vieux mais ça secoue quand même cette existence-là, je ne dis pas que ça me convient pas simplement ça secoue et Ava elle ne pensait peut-être pas que je serais absent autant, enfin ce que j'en dis.
Peut-être que la nourriture et la maison ça n'était pas assez pour l'occuper, en tout cas quand les jeunes sont partis elle a commencé à parler de cet enfant qu'on pourrait avoir elle et moi et j'ai demandé si elle ne voulait pas plutôt un chien pour la compagnie."
Quand je pensais aux quatre heures de cheval pour aller chez Henry et puis une bonne heure d’avion avant la ville où il y avait le premier hôpital, c’est ça qui me faisait peur, on ne fait pas un gosse dans un endroit comme ça, et si c’était l’hiver même avec les chevaux on n’était pas sûrs d’arriver chez Henry. S’il y avait une urgence – mais les urgences ici ça n’existe pas soit on est vivant soit on est mort il n’y a pas beaucoup d’entre-deux.
Ça ne me gêne pas d’être une carne. Les gens qui me connaissent disent que j’ai un fond en or seulement il est tout au fond voilà. Ce métier cette vie c’est le mieux que je pouvais décider pour moi, depuis tout petit je ne peux pas trop faire confiance aux gens ou alors il faut vraiment qu’il y ait très peu de gens. Sinon ça me rappelle mes parents qui gueulaient et cognaient sec et les voisins qui ne disaient rien on aurait cru que c’était normal tout ça.
Enfin je n'ai pas souvent l'occasion parce que ici évidemment on ne se voit pas beaucoup on ne se reçoit pas comme les gens de la ville, on est trop loin les uns des autres et surtout on veut qu’on nous foute la paix on est heureux comme ça. C’est quand même pour ça qu’on est tous là au bout de nulle part. Si c’est pour avoir la même vie que si on était en ville ça ne valait pas la peine d’aller se perdre dans la montagne, et si le matin en regardant le soleil se lever j’avais des voisins qui le regardaient aussi en bas de chez moi ou juste à côté je l’aurais mauvaise.
Des fois j'ai un sentiment dérangeant quand je reviens d'une traque et que je sors de la forêt arriver chez nous par le champ. Ce champ je l'ai défriché avec Henry au tout début pour avoir de la vue et de la place pour les bêtes, ça fait un très grand espace vert avec des arbres partout devant la maison c'est beau et reposant. Donc je descends la montagne et je suis à pied, je fais toujours ça pour soulager le dos de mon cheval avant de rentrer. Aru me guette, je ne sais pas comment il fait s'il me guette toute la journée tous les jours que je pars enfin il me repère toujours en premier et là il crie. Ce n'est pas un cri comme un cri c'est de la joie. Ça non plus je n'ai pas les mots pour le dire je le perçois dans ma poitrine et c'est gigantesque et le petit court vers moi il ne court pas vite il est petit. C'est là que c'est bizarre chaque fois ça me fait quelque chose dans le ventre et c'est de l'émotion que je n'arrive pas à retenir, de l'émotion de voir qu'il m'attend et qu'il n'attend que moi et sur son visage le bonheur qu'il y a je ne peux pas l'expliquer c'est immense – mais c'est aussi une sorte de pitié effrayante quand je le regarde cavaler pour me rejoindre, il est tellement petit tellement faible ça me fait peur ça me fait de la tristesse à me broyer, je me dis qu'il sera tout le temps petit et fragile et pourtant je le sais que ce n'est pas vrai seulement je voudrais le protéger pour toujours.
Alors il y a ces instants terribles et puis Aru est là et il se jette contre mes jambes et d'un coup ça va mieux, comme si maintenant qu'il était avec moi il ne pouvait rien lui arriver. Et je sais aussi que tout ça c'est faux parce que c'est sa mère qui s'occupe de lui et c'est sa mère qui le protège, moi ce n'est qu'une sensation mais elle c'est en vrai chaque jour que Dieu fait. Il y a quelque chose d'injuste dans la course d'Aru vers moi et pourtant je le prends et je le garde et Ava sourit en bas du champ je jure que je devine son sourire. Après je finis mon chemin avec le petit homme sur mes épaules. Ce sont les seuls moments où je suis vraiment avec lui, ça ne cherche pas bien loin je m'en rends compte et j'embrasse Ava et on est là tous les trois dans la montagne je crois que je suis heureux.
Aru il ne parle pas. Ce môme c'est un taiseux je ne savais pas qu'un môme pouvait se taire comme ça. Ce n'est pas qu'il ne soit pas capable parce que je l'ai déjà entendu quand il a un truc à dire, il cause il cause c'est comme un ruisseau c'est clair ça babille ça ne s'arrête pas et je me dis que j'aime sa voix il y a des sons si purs dans cette voix d'enfant. La plupart du temps il ne parle pas il écoute. Dieu il écoute tout ce qu'on dit Ava et moi mais il écoute aussi les bruits dehors et puis autre chose qu'on n'entend pas forcément, il écoute le monde ça se voit dans ses yeux.
Je n'aime pas qu'on dise que le loup hurle parce que ce n'est pas ça hurler, quand un clébard s'énerve là je veux bien. Le loup lui il chante c'est très différent, ce n'est pas gueuler pour gueuler, il y met du cœur et des intonations surtout quand ils sont plusieurs ça me donne des frissons et je n'ai qu'une envie c'est faire partie de la meute, ça vient de loin à l'intérieur de moi. Des fois je me refrène sinon je les accompagnerais, je donnerais de la voix moi aussi pour avoir cette sensation de ne pas être seul et j'irais courir avec eux. Bien sûr qu'ils ne veulent pas de moi mais je comprends ce qu'ils ressentent, je crois que je comprends ce qu'ils se disent. Les gens qui trouvent que leurs chants sont tristes sont passés à côté. J'en ai vu des loups qui chantaient j'en ai vu de mes yeux j'étais caché dans la montagne et je peux dire qu'ils n'avaient pas l'air tristes pas du tout. Ils causent c'est tout et si nous les hommes on se parlait en chantant comme ça il y aurait peut-être moins de problèmes entre nous.
C'était le tout début de l'été et il n'y a pas de doute c'est la plus belle saison on aurait été cons de ne pas en profiter. Il y avait ces petites fleurs argentées je ne sais plus comment on les appelle, avec la lumière de la lune elles réfléchissaient dans la nuit on aurait dit des vers luisants en blanc. C'est là qu'on se rend compte qu'on n'est jamais seul la vie pullule partout si on se donne la peine de se poser pour la voir.
Du coup on a longé des prairies sauvages, il y avait des campanules des épilobes et plein de petites fleurs bleues roses et blanches et puis un tas de jaunes qui ressemblaient à des pissenlits trop maigres, il y avait des graminées et quand ça a été l'après-midi avec le soleil derrière ça faisait des reflets dorés c'était très beau. Je me suis arrêté pour regarder le paysage une ou deux fois et le gros a mangé des graminées lui ça ne lui faisait ni chaud ni froid la poésie du monde.
J’ai creusé dehors pendant trois heures dans un sens puis dans l’autre pour faire un trou puis enterrer ma femme et j’ai les nerfs qui vibrionnent, je ne pourrai pas, je ne suis pas prêt pour le repos. C’est pour ça que je regarde le môme qui dort, je fais des réserves parce que tout le temps que je pelletais j’ai bien réfléchi et même si je l’aime ce gosse je sais que je ne peux pas le garder avec moi.
Si je veux être méchant, je dirai que je ne l’aime pas au point de foutre ma vie en l’air et c’est ça qui me pend au nez parce que je ne peux pas traîner Aru dans la montagne avec moi, c’est trop dur ce que je lui demande. En fait je ne suis pas capable de changer de vie alors c’est lui qui va en changer et c’est comme ça, j’ai choisi pour lui je pense qu’il vaut mieux que je l’emmène ailleurs.
Je sais que c’est dégueulasse pourquoi c’est lui qui devrait changer quelque chose et pas moi – je n’ai pas de réponse seulement c’est moi qui décide et je ne peux pas revenir à une existence normale comme ces gens dans les villes trouver un métier normal où je vais me castagner au bout d’une semaine. Ce bout du monde j’ai mis des années à le construire je n’ai pas envie de le laisser et ce n’est pas juste de l’égoïsme : je peux le quitter c’est sûr. Et après je deviendrai dingue dans la ville, je ferai du mal aux autres et je repartirai autant gagner une étape.
J'ai l'impression d'être un de ces salopards qui laissent leur clébard au coin d'une rue parce qu'ils n'en veulent plus et qui disent aux gosses quand on rentrera de vacances on le reprendra il nous aura attendus. Sauf que là, ce n'est pas un chien c'est mon gamin et ça ne fait pas pareil au fond du ventre. Merde je ne le plante pas au milieu des bois quand même. Quelque part j'ai la certitude que ce sera mieux pour lui de commencer une vie un peu normale, au début ça sera difficile et puis il s'habituera c'est comme tout.
C'est une maison pas comme la nôtre : celle-là est en béton peint en blanc, ici on ne fait plus de maisons en bois. C'est propre et raide et je ne voudrais pas y vivre, et au moment où je pense ça je vois qu'Aru pense la même chose alors je dis c'est joli non. Il ne répond pas. Il y a un jardin avec des fleurs et une pelouse bien tondue, on dirait tout du faux je sais pourtant que c'est du vrai c'est juste que ça ne respire pas ça manque d'âme. Personne ne s'en rend compte vu que tout le monde vit pareil.
C’est drôle comme les bonnes choses on se familiarise tout de suite avec, ça nous paraît normal alors que les mauvaises on n’arrive pas à y croire, chaque matin qu’on y repense on se les ramasse comme une gifle et ça me ronge les entrailles.
Il y a toujours quelque chose qu’on ne prévoit pas, quelque chose qui semble impossible et puis ça arrive. Ces choses impossibles c’est une suite de coïncidences qui individuellement ne représentent aucun danger pourtant mises bout à bout ça fait une chaîne et à la fin il y a une catastrophe.
Le résultat il est derrière moi sur mon deuxième cheval et c'est injuste mais je lui en veux et si on m'avait donné le choix j'aurais préféré que ce soit Ava qui s'en sorte enfin je crois. Un enfant ça se refait alors que rien ne ramènera ma femme et c'est une pensée qui pique les yeux.
Moi j'aimais Ava et je ne veux pas que le môme prenne sa place – comme s'il avait fait exprès. Dans ma poitrine ce n'est pas un jeu de chaises musicales et le vide qui y est n'a pas besoin d'être rempli, juste c'est du vide et je regarde le gosse et la tête me tourne.
Ça me rappelle il y a des années quand mon chien est mort, j'avais eu de la peine ça a beau n'être qu'un clébard on s'attache et je l'avais enterré au bord de la forêt. J'avais le moral dans les pompes et puis trois papillons étaient venus en volant les uns contre les autres et en cabriolant. Je les avais regardés quelques minutes et ils étaient repartis. Pendant ce tout petit temps j'avais oublié le chien et puis ça s'est terminé et la peine est revenue et là tout de suite c'est pareil, il y a eu cette sorte d'intermède avec le môme mais un intermède c'est un intermède ça vient et ça s'en va. Après c'est le vie qui reprend et c'est rarement beau ou doux ou drôle.
C’est comme les régions où les gens pensaient qu’ils étaient bien douillets, soit ils crèvent aujourd’hui de cette putain de chaleur qui est arrivée soit ils encaissent les inondations et les coulées de boue deux fois l’an et tout bien réfléchi c’est pareil, les choses impensables sont devenues possibles.
Le tintement de la pluie sur le monde quand on est à l’abri c’est ce qu’il y a de plus beau. Je suis sûr qu’il y a des milliers de bêtes dans la montagne qui se disent la même chose au même instant et on laisse passer du temps les yeux à demi fermés , ce monde-là dehors résonne en nous et on l’accueille.
Ils sont loin on les entend par ricochet dans la montagne et Aru s'est redressé. À vrai dire on s'est redressés tous les deux et je remarque la tension similaire de nos corps penchés en avant et pourtant on sait lui et moi que les loups sont trop éloignés on ne les verra pas. C'est plutôt la fascination du marin quand le chant des sirènes résonne sur la mer, quelque chose d'irrépressible qui vrille au fond de nos ventres et vient chercher une vieille connivence oubliée du temps où l'univers était une sorte de fusion, j'ai du mal à expliquer pourtant en ce temps-là je crois qu'il n'y avait pas ces haines et ces peurs, en ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes ça ne faisait pas de différence on était le monde. Le chant des loups nous appelle parce que c'est notre chant et aussi loin qu'on puisse remonter il y a l'éclat d'un animal en nous, c'est pour ça que ça m'émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux. Ce n'est pas du chagrin c'est une émotion profonde viscérale racinaire et ceux qui ne ressentent pas ça ils ont tout oublié, ce sont des gens déjà morts. Il n'y a pas de mots pour définir ce qui m'étreint et je me dis que c'est pour ça que je vis ici, pour toucher du doigt, du bord du cœur, le territoire sauvage qui survit en moi et à ces moments–là quand les loups hurlent dans la montagne je sais que je ne suis pas seul.
La seule chose qu'il demande le gosse c'est un peu de tendresse un truc comme ça. Il ne le dit pas c'est invisible sauf que c'est tellement là que l'air en frissonne , et je sens les vibrations vers moi que je repousse d'un geste de la main et je voudrais lui dire que ce n'est pas la peine, la tendresse je n'en ai pas du tout ou pas pour lui, on n'est plus que deux et ce n'est pas pour ça que je vais me rabattre sur lui.
Ava c'était le lien qui nous manque, c'était l'eau entre la fleur et la terre. S'il n'y a plus d'eau la fleur se flétrit et la terre se dessèche et c'est l'impression que j'ai, m'effriter peu à peu, je pars en lambeaux en petits morceaux de tristesse et je n'ai rien à offrir au môme. Ma vie est une béance et l'avenir ressemble à ça, un grand trou vide quand chaque matin je me réveille en pensant qu'Ava n'est plus là. Je crois que c'est le plus effrayant me dire qu'elle ne reviendra pas et il y a un réflexe d'espérer qu'elle est partie pour un jour ou un mois ou même un an et puis non – d'espérer qu'un matin elle sera devant la porte devant la maison et la vie reprendra comme avant, mais l'avant n'existe plus et quand ma raison arrive à ce point là ça vacille.
Je suis seul parce que le môme ne compte pas, je veux dire je ne peux pas compter sur lui. S’il se blesse ici au milieu de nulle part il me gênera – si je me blesse il ne pourra rien pour moi et c’est ce qui m’inquiète le plus au fond, si je me casse quelque chose dans la montagne on sera deux à être seuls. Je crois que je me moque de mourir même si j’essaierai de survivre jusqu’au bout de mes forces et pour ça je préfère que le gosse ne soit pas là ; parce que si je meurs en le laissant dans les forêts il devient quoi ? Aru c’est la naissance de la peur dans ma tête et quand on commence à avoir peur on est exactement comme un con qui tiendrait une pique en l’air sous l’orage : on attire la foudre. Pas vite pas fort, c’est une porte qui s’entrouvre, après c’est le temps qui voit. C’est l’instinct qui cède à la réflexion et depuis que l’homme rationalise ça ne donne rien de bon. Agir avec les tripes avec le sentiment avec la sensation, ça j’y crois mais au moment où le cerveau dit stop il y a un truc qui me chiffonne, c’est la fin de tout et là mon cerveau a bu le poison il dit dans ma tête et si tu avais un accident il ferait quoi le môme et la réponse je la connais.
Je suis en colère contre la terre la vie le monde, et le monde je jure je lui ferai la peau. La peau du monde je la tendrai sur un cadre, je la raclerai jusqu’à la dernière miette de sa chair et je l’exposerai devant chez moi pour qu’on sache ce qui se passe quand on me fait du mal. La peau du monde sera mon trophée, je la brandirai comme on brandit un crâne, je l’assècherai comme on sèche un cœur ce sera un lambeau, une squame une toile et sur cette toile je réécrirai quelque chose avec le sang de mes veines avec le sang de ma haine, la peau du monde ce sera mon vêtement.
Je me sens un peu minable, je ne suis pas meilleur que mon père ce salaud. C'est avec cette brutalité là qu'on fait des générations de tarés qui se suivent sans s'améliorer et je me demande si Aru plus tard sera aussi dur que moi et que mon père et mon grand-père pour le souvenir que j'en ai.
Ou parce qu’un enfant, c’est une tâche immense, ça signifie s’occuper de quelqu’un d’autre que soi et je ne suis pas sûr qu’on en soit tous capables. C’est étrange que je n’aie jamais eu peur de rien, la nuit l’avenir les bagarres ou les bêtes sauvages, alors qu’un gosse, ça ne passe pas. Je ne sais pas comment lui parler, comment le nourrir, où mettre les mains pour le porter.
C’est peut-être à force de remuer ça dans ma tête que ça arrive jusqu’à Aru et il se tourne vers moi. Encore une fois c’est fou, à part qu’il tremble un peu je jurerais qu’il n’y a rien de changé en lui et un instant j’ai l’espoir insensé qu’il ne m’en voudra pas, qu’il fera table rase ça y est c’est oublié : c’est ça qu’il va me dire et c’est pour ça qu’il me regarde enfin. Mais les explications c’est moi qui dois les donner, c’est moi l’adulte et ça je n’y pense pas je suis vraiment un con je ne peux pas le dire autrement. Je fixe Aru en attendant éperdument qu’il articule cette belle phrase pour me pardonner et j’ai fait quoi pour la mériter cette phrase ? J’ai l’air de quoi pendu à ses lèvres et qu’est-ce que je peux attendre d’un gosse de cinq ans – je n’ai pas tellement de lucidité à ce moment-là alors les mots qui viennent, je les prends de plein fouet et je les encaisse et ça me laisse sonné, et il a raison le petit parce qu’il n’y avait qu’elle qui l’aimait et il dit :
Elle revient quand maman.
C’est un coup terrible dans ma poitrine. Il ne le sait pas et moi je le regarde avec mon sourire figé et c’est tout mon être qui s’est tétanisé, je veux dire pas seulement mon visage tendu et ma peau qui pique mais tout l’intérieur. J’ai l’impression que mon sang s’est vidé et que plus rien ne circule. Je ne bouge pas si je bouge je m’écroule, il faut que ça revienne un peu. Je croyais qu’Aru avait compris je me rends compte que non. Ou alors il est tellement malheureux que son seul recours c’est sa mère morte et c’est ça que je réalise, parfois on est mieux avec les gens morts qui nous aimaient qu’avec ceux qui restent et qui ne représentent rien pour nous, et moi je suis ce type lointain qui ne s’occupe pas de lui et a voulu le noyer et puis c'est tout.
Pour être exact ce serait plutôt qu'on a une seconde chance et celle-là je vais tenter de ne pas la manquer. On part de loin le gosse et moi, il y a un sacré bout de chemin caillouteux à faire. Ce serait de la folie de penser que ca va être facile.
Je sais que c'est vrai parce que dans la montagne aussi il y a des choses comme ça et je dirais que c'est plus subtil, c'est la nature qui efface les traces des hommes. C'est comme si elle nous détestait, la nature, et dès qu'on fait quelque chose elle tend à le détruire pour reprendre tout l'espace. On croirait qu'il n'y a pas de place pour elle et nous, il y en a un de trop là-dedans. Au début je me rappelle Henry disait que la nature a horreur du vide alors elle le comble c'est tout mais à mon avis c'est bien davantage. Ce n'est pas qu'elle le comble, elle ne se contente pas de remplir les vides. Si c'était simplement ça, dans le monde il y aurait des œuvres à elle et à côté des œuvres à nous et ainsi de suite. Or j'en ai vu des maisons ou des villages désertés par les hommes, et je peux affirmer qu'en quelques années ils se font dévorer par les herbes et les lianes et les arbres. J'en ai traversé des ruines comme ça et la façon dont la nature monte à l'assaut de nos constructions ça n'est pas juste pour venir se coller tout contre elles : c'est pour les engloutir, c'est ni plus ni moins ce qu'un boa constrictor fait avec un lapin c'est exactement l'idée que j'en ai. La nature si elle peut, elle nous bouffe.
Même si les habitations se raréfient il y en aura toujours, c'est comme si l'homme ne pouvait pas s'empêcher de poser son cul un peu partout, un vrai chien pisseur il faut qu'il montre qu'il est là.
Ce n'est qu'un môme, il aura bientôt six ans et à cet âge-là on n'est pas prêt pour être un adulte. S’il perd du temps à regarder un papillon, quand je l’envoie chercher de l’eau, c’est qu’il est capable de poésie, cette poésie, il la perdra bien assez vite tout seul, la vie s’en chargera et ce n’est pas la peine de l’engueuler. Je crois que j’accepte simplement que ce soit un gosse, et ce n’est pas si facile quand soi-même on n’a pas eu d’enfance on ne sait pas ce que c’est. C'est comme un canard ou un chien élevé par un humain, s'il n'a jamais entendu cancaner ou aboyer eh bien il ne sait pas le faire. Au fond on n'est pas mieux que les bêtes il nous faut une référence. On peut la répéter à l'infini ou la prendre à contrepied mais il y a un repère c'est ça l'important, qu'on fasse avec ou qu'on fasse contre c'est autre chose.
Avec Ava il y avait cette force entre nous cette attirance on était ancrés l'un dans l'autre et ancrés dans le monde. Quand Aru court la montagne pour me retrouver, quand il chevauche à côté de moi ou qu'il me sourit c'est le ciel qui nous enveloppe.
Courbé sur le cheval et les mains agrippées au pommeau je pense que je ne lui ai jamais dis je t'aime. Ca me semblait ridicule quand Ava murmurait ça à son oreille, pour moi l'amour c'est l'amour, je veux dire une affaire de corps une affaire d'adultes. Je n'ai jamais réfléchi que j'ai souvent aimé la montagne et aimé le printemps alors au fond j'aurais pu le dire à Aru ça n'était pas déplacé, je l'aime comme la montagne et comme le printemps avec un regard infini sur le monde.
Le soir avec Aru on s'assied dehors on regarde le ciel. Parfois on ne parle pas on n’a pas besoin. Si on veut laisser les pensées vagabonder et si on veut rentrer à l’intérieur de nous il n’y a rien de mieux que le silence et là-dessus on est bons. On a peut-être les mêmes choses qui nous traversent la tête et on ne le sait pas ça n’a pas d’importance et on ne met pas de mots dessus parce que les mots il y a des moments où ça n’apporte rien.
Mais Ava n'est plus là et cela s'est accompli et je suis devenu le père de mon fils vraiment. Maintenant je voudrais presque qu'il reste petit toute sa vie et que je le protège et ça ne marche pas comme ça bien sûr, alors chaque jour qui passe je compte les heures en espérant qu'elles seront les plus longues possibles.
Il arrive qu'Aru s'endorme et j'aime ça l'entendre s'endormir, il raconte quelque chose et au milieu d'une phrase il se tait parce qu'il dort il ne s'en est pas rendu compte. Il faut vraiment qu'il ait confiance et il le sait que je ne vais pas le laisser au bord de la forêt. Je vais forcément le ramener et le coucher dans sa chambre avec le volet fendu et par la fente du bois la lumière de la lune fait un reflet d'argent sur son visage. Je passe mon doigt sur sa joue exactement le long du rayon de lune. Souvent je m'assieds un moment j'écoute sa respiration et je me cale dessus, on inspire on aspire le monde au même rythme et si sa main trouve ma main elle se serre autour et je resterais là toute la nuit s'il le voulait et je me dis -
Les choses sont à leur place je crois.
http://tchounette.centerblog.net/4889
Mon humble avis :
Un après-midi de pluie le 30 décembre 2022 et une évasion extraordinaire avec ce livre de 198 pages lu d'une traite...
J'ai aimé chaque livre de Collette Sandrine que vous trouverez d'ailleurs tous dans ma rubrique "Mes lectures" mais j'avoue celui-là est mon préféré...
Il m'a littéralement bouleversé...
L'auteure ne nous dit pas dans quelle région du monde nous partons, dépaysés et isolés dans un décor majestueux, mais avec ses descriptions et avec les prénoms, moi je me suis évadée dans le Montana sauvage, une région du monde qui me fait rêver...
Deux prix bien mérités : Jean Giono pour la beauté de l'écriture, du style, des descriptions de la nature et celui des Lycéens pour l'amour de la vie, pour ces leçons de vie si particulières qui semblent d'un autre monde et qui pourtant traitent de tant de sujets actuels et importants.
On retrouve l'amour de cette nature si belle, si supérieure à l'homme et si sauvage avec ses fleurs, ses saisons, ses étoiles, ses orages, ses animaux ours et loups qui, nous rappelle-t-elle, ont ce droit vital à leur territoire.
Elle nous parle de façon magnifique de l'amour entre deux êtres et du drame de la mort qui sépare, de cette envie de vivre en marge d'une société où on ne retrouve pas les valeurs ou les envies qui sont nôtres, et comment le contact avec des hommes peut s'avérer aussi dangereux que celui des animaux sauvages, soulevant l'éternelle question : qui sont les plus inhumains et les plus cruels...
Elle sublime le chant des loups : "en ce temps-là on était des loups et les loups étaient des hommes ça ne faisait pas de différence on était le monde. Le chant des loups nous appelle parce que c'est notre chant et aussi loin qu'on puisse remonter il y a l'éclat d'un animal en nous, c'est pour ça que ça m'émeut et que des larmes viennent brûler le bas de mes yeux."
Elle traite de l'amour paternel et filial d'une façon bouleversante.
Pudeur des sentiments : un homme aimant qui ne le dit pas, un père qui ne sait pas faire avec son fils simplement parce qu'il a lui-même subi une enfance sans amour, marquée du sceau de la violence...et comment l'instinct paternel peut s'apprendre...
C'est au fil du récit que les sentiments évolueront et quelle évolution !
Car malgré la dureté, l'âpreté de l'histoire, l'écriture reste toujours poétique et magnifique et de chapitre en chapitre un livre qui offre des larmes d'émotion...
C'est un conte que nous offre Sandrine Collette et quel conte !
Sublime!