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coucou 
un petit passage vite fait avant d'aller me coucher , je n'ai pas eu le temps cet après-midi !!!...j'
Par mamietitine, le 28.10.2025
tu as un message sur ton wasapp , je suis déjà sur pinterest merci , temps de pire en pire et le froid et le b
Par saperlipopette87, le 27.10.2025
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Par lescockersdemaryse, le 27.10.2025
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Par lescockersdemaryse, le 27.10.2025
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	        	  Date de création : 13.06.2011
	        	  
Dernière mise à jour :
		        	 30.10.2025
		        	 
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Thomas Savage est un romancier américain né à Salt Lake City, Utah , le 25/04/1915.
Il est décédé à Virginia Beach, Virginie , le 25/07/2003.
Sa mère, Elizabeth Yearian, était la fille aînée d'une famille d’éleveurs de moutons célèbre dans l'Idaho.
Son père s'appelait Benjamin Savage.
Il avait deux ans lorsque ses parents ont divorcé.
Trois ans plus tard, sa mère épousait un riche éleveur du Montana, Brenner.
Il passera une partie de son enfance dans un ranch dans le compté de Beaverhead, dans le sud-ouest du Montana, qu'il quitte à 22 ans.
Après sa sortie du lycée de Beaverhead et deux ans au Montana State College à étudier l'écriture, il a gardé des moutons dans la Montana et dans l'Idaho pendant quelques années.
En 1937, il publie son premier article dans la revue "Coronet" sous le nom de Tom Brenner.
Il s'est inscrit pour des études de lettres anglaises au Colby College à Waterlville, dans le Maine.
Il fait la connaissance d'Elizabeth Fitzgerald (née 1918) à Missoula.
Ils se marient en 1939, il obtient son B.A. en 1940.
Une fois diplômé, il prit un travail d'agent général pour une compagnie d'assurance à Chicago.
Au fil des ans, il occupa également les emplois de cow-boy, journalier de ranch, aide-plombier soudeur et chef de train.
Il enseigna aussi à l’Université Suffolk de Boston (1947-1948), puis à l'Université Brandeis à Waltham, Massachusetts (1949).
Il se consacre à l'écriture à temps plein à partir de 1955.
Il publie le premier roman de ses treize romans, "The Pass", en 1944.
Il connut son premier succès qui a été lent à venir malgré de nombreuses récompenses prestigieuses, avec "Le Pouvoir du chien" ("The Power of the Dog") en 1967.
Ce roman sera adapté au cinéma par Jane Campion en 2021.
Il obtient la récompense du Meilleur Livre de l'année pour trois de ses romans.
Son mariage avec Elizabeth Fitzgerald (Elizabeth Savage), qui devint elle aussi romancière, dura jusqu'à ce qu'elle meure, en 1988.
Ils eurent trois enfants, deux fils, l'auteur Robert Brassil (1942-2001), et Russel Yearian (1943) et une fille, Elizabeth (1949).
Les ranches de l'ouest américain et les Montagnes Rocheuses fournissent le décor de la plupart de ses romans où l'auteur dépeint des familles animées par la force et la passion des sentiments non-dits.
L'adaptation exceptionnelle de Jane Campion du roman de Thomas Savage « Le pouvoir du chien » – qui a remporté trois Golden Globe Awards et a été nominé pour une douzaine d'Oscars – met enfin en lumière un romancier de premier ordre qui n'a jamais reçu beaucoup de reconnaissance de son vivant, ni même bien au-delà.
Superbe film que je viens de regarder avec bonheur après la lecture du livre.
Les chapitres principaux du film rendus comme des tableaux ! 
Grandiose, spectaculaire et les acteurs superbement choisis !!! Un régal !!! 
Enfin, on retrouve avec ce film du très beau cinéma où les paysages comme la psychologie des personnages sont merveilleusement rendus!
Cela fait du bien de temps en temps ! 
Un film dont la force pudique séduit .
Néanmoins il y des passages importants qui sont groupés dans le film et c'est dommage ...
L'omission de certains chapitres primordiaux du livre nuit à la personnalité de Rose qui dans le livre est un beau portrait de femme courageuse, ce qui ne ressort pas forcément dans le film. 
Il faut lire le livre...
Critiques :
« Savage écrit comme éclate l'orage, dans le tonnerre et les éclairs. 
Un détail frappant s'éclaire d'une fulgurance, un grondement révèle avec force une philosophie, une vision globale du monde. [ ...].
On s'est longtemps demandé pourquoi Le pouvoir du chien n'avait pas été un best-seller, pourquoi il n'avait jamais reçu l'accueil qu'il méritait. certains livres sont comme des nappes souterraines dans le désert : elles restent en sommeil pendant de longues années et rejaillissent à la surface lorsqu'on en a vraiment besoin.»
Los Angeles Times
« Dans cette histoire de tensions domestiques, un archétype est subverti : l'image d'une vérité rude et pionnière, à la John Wayne, 
mythe sexuel politisé que le public n'était pas prêt à mettre en cause. 
Des vérités choquantes un temps, mais aujourd'hui convaincantes :
mieux vaut tard que jamais.»
Boston Sunday Globe
«Un écrivain injustement méconnu, qui a longtemps été privé de l'attention qu'il méritait.»
Kirkus Reviews
"Thomas Savage est un auteur de premier ordre, 
il possède toutes les qualités des grands romanciers, 
la capacité à éblouir et à émouvoir... 
Peu d'écrivains américains contemporains ont produit 
une oeuvre aussi remarquable."
The New Yorker
L'histoire :
L'histoire se déroule en 1925, dans les plaines sauvages du Montana, un État de l’Ouest des États-Unis. 
Deux frères dirigent seuls le vaste ranch familial dont ils ont hérités.
Ils ont deux ans d’écart et tout les oppose : l’aîné, 40 ans, Phil, est beau, brillant, viril, misogyne notoire. Il a fait des études et gère les animaux comme personne, mais il est aussi brutal, sadique, orgueilleux et déteste tout le monde : ceux qu’il appelle "les chochottes", les femmes, les Noirs, les juifs et les Indiens. Il règne en tyran sur la propriété.
Son frère, Georges, 38 ans, est timide, maladroit et peine à s'imposer auprès des ouvriers... Il parle peu, se trouve laid et possède un caractère beaucoup plus doux et attentionné. 
Un jour, Georges épouse et s’installe au ranch avec une jeune femme dont le mari a été poussé au suicide par les humiliations répétées de Phil, l'harmonie est irrémédiablement rompue. 
Elle arrive avec son fils Peter, un jeune garçon remarquablement intelligent qui va énormément déranger Phil.
Par cette union, George expose le fils de Rose, un jeune garçon délicat et sensible à la secrète concupiscence d'un frère assoiffé de vengeance, et pose involontairement les jalons d'un terrible drame.
À leur contact, Phil révèle son caractère pervers.
Il humilie, harcèle, démolit ces intrus qui vivent sous son toit.
Il met tout en œuvre pour détruire la vie de Rose et de son fils, sous les yeux de son frère, qui a du mal à l'accepter.
Phil est violent, mais il cache un secret : il est homosexuel, ce qui n'est évidemment mal accepté à l’époque dans l’Ouest américain.
Il est donc en lutte contre son propre tabou. La seule chose qui l’apaise, c’est le souvenir d’un cowboy mystérieux qu’il a connu plus jeune, "Bronco Henry, un personnage qui plane comme une ombre sur le roman…
A travers cette histoire de la lente dégradation des relations entre deux frères, Thomas Savage montre comment un un homme malveillant, animé par la haine, va se heurter à plus malin que lui....Il explore en profondeur les aspects les plus troubles de l'âme humaine. 
Roman iconoclaste d'une extraordianire intensité psychologique, Le Pouvoir du chien, longtemps ignoré du grand public, est aujourd'hui enfin reconnu comme un chef d'oeuvre de la littérature américaine du XXème siècle.
Un western littéraire d'avant-garde qui scandalisa la critique lors de sa sortie en 1967 pour avoir porté atteinte au mythe du rude et viril cow-boy de l'Ouest.
L'homosexualité dans le milieu des cowboys
Le Pouvoir du Chien était en avance sur son temps, et il est curieusement en phase avec les problématiques de notre époque. 
Le roman parle de l’homosexualité dans le milieu des cowboys, 30 ans avant la publication de la nouvelle Brokeback Moutain d’Annie Proulx (qui a été adaptée au cinéma en 2005), donnant ainsi une autre vision du mythe de l’Ouest américain. 
Il traite aussi du destin tragique des Indiens, déportés et enfermés dans des réserves, du sort des prostituées, arrachées très jeunes à leur famille dans les États du Sud et maltraitées, et il montre surtout la façon dont la nature peut transformer le caractère des hommes. 
Pour Thomas Savage le paysage dans lequel on vit façonne la personnalité des gens, et dans un monde sauvage, les humains le deviennent aussi. 
C’est un livre sur la cruauté, la naissance du mal, la beauté de la nature, sur les pulsions cachées et la violence des rapports humains, qui mérite son statut de livre culte.
Extraits :
     "C’était toujours Phil qui se chargeait de la castration. D’abord, il découpait l’enveloppe externe du scrotum et la jetait de côté ; ensuite, il forçait un testicule vers le bas, puis l’autre, fendait la membrane couleur arc-en-ciel qui les entourait, les arrachait et les lançait dans le feu où rougeoyaient les fers à marquer. Étonnamment, il y avait peu de sang. Au bout de quelques instants, les testicules explosaient comme d’énormes grains de pop-corn. Certains hommes, paraît-il, les mangeaient avec un peu de sel et de poivre. « Amourettes », les appelait Phil avec son sourire narquois, et il disait aux jeunes aides du ranch que s’ils s’amusaient avec les filles ils feraient bien d’en manger eux aussi.
     George, le frère de Phil, qui, lui, se chargeait d'attacher les bêtes, rougissait d'autant plus de ces conseils qu'ils étaient donnés devant les ouvriers.
Georges était un homme trapu, sans humour, très comme il faut, et Phil aimait bien l'agacer. Quel grand plaisir, pour Phil, d'agacer les gens !
  Personne ne portait  de gants pour des opérations aussi délicates que celle de la castration, mais on en mettait pour presque toutes les autres travaux, car il fallait....Tous, sauf Phil. Il ignorait les ampoules, les entailles, les échardes et il méprisait ceux qui portaient des gants afin de se protéger les mains des frottements de corde qui brûlent la peau, des écharde, des coupures et des ampoules. Tout le monde portait des gants pour prendre le bétail au lasso, poser les piquets de clôture, marquer les bêtes au fer ou leur lancer du foin, et même tout simplement pour monter et faire courir les chevaux ou conduire les troupeaux. Tout le monde, sauf Phil. Il était au-dessus des ampoules, des coupures et des échardes, et il méprisait ceux qui se protégeaient avec des gants. Il avait les mains sèches, puissantes et maigres.
     Les aides de ranch et les cow-boys portaient des gants en peau de cheval commandés dans les catalogues de Sears, Roebuck et Montgomery Ward – c’est-à-dire Sears, Rebeurk et Montconnerie, pour reprendre les surnoms que donnait Phil à ces maisons de vente par correspondance. Après le travail, ou encore le dimanche, quand le bâtiment du dortoir était tout embué par l’eau de la lessive ou du rasage et que l’air était chargé du parfum des lotions capillaires de ceux qui s’apprêtaient à aller en ville, les hommes bataillaient avec leurs bons de commande, penchés comme de grands enfants, mordillant le bout de leur crayon, fronçant les sourcils devant leurs pattes de mouche illisibles, s'interrogeant  sur le poids et la zone postale. Il leur arrivait souvent de capituler et, avec un soupir, de passer la main à quelqu’un qui maîtrisait mieux l’écriture et les chiffres – un de ceux qui étaient allés jusqu’à l’école secondaire et qui, parfois, rédigeaient les lettres qu’ils adressaient à leur père, à leur
mère et aux soeurs qu’ils n’oubliaient pas."
     "Phil avait l' esprit vif, pénétrant, curieux – un esprit qu’il enrichissait et qui déroutait maquignons et voyageurs de commerce. Car, pour ces gens, un homme qui s’habillait comme Phil, qui parlait comme Phil, qui avait les cheveux et les mains de Phil, devait être simplet et illettré. Or, ses habitudes et son aspect obligeaient ces étrangers à modifier leur conception de ce qu’est un aristocrate, à savoir quelqu’un qui peut se permettre d’être lui-même."
"Certains soirs, Phil racontait une anecdote sur Bronco Henry, ce cavalier hors pair, ce cowboy insurpassable qui lui avait enseigné l'art de tresser le cuir brut."
     "Pour des frères, ils montaient différemment, ils n'avaient pas du tout la même assiette sur le cheval. L’un s’affalait facilement, tenant à peine les rênes dans ses mains nues ;  l’autre se tenait droit  sur sa selle, raide, le ventre rentré, et il regardait droit devant."
     "Si le vent était bien orienté et qu'on eût un bon nez,  on pouvait sentir les parcs à bestiaux de Beech bien avant de les voir ; ils étaient situés près d'une rivière, presque à sec en cette période de l’année, rétrécie loin de ses bords, avec une surface si calme qu’elle réfléchissait la coupole vide du ciel et parfois les pies qui passaient  au-dessus en battant des ailes à la recherche de cadavres de rats à bourse ou de lapins morts de tularémie, voire d'un veau mort et tout gonflé par la maladie du charbon qu'on appelait patte noire» dans ce pays. Oui, si le vent était bien orienté et qu'on eût un bon nez, on percevait l’odeur de l’eau et les miasmes de soufre et d’alcali provenant de l'indolent  petit ruisseau qui rejoignait la rivière à la hauteur des parcs à bestiaux et  la polluait."
     "Les pavots fleurirent, se fanèrent et moururent ; le vent d’hiver hurla en dévalant les lointaines montagnes, et puis de nouveau il n'y eut plus de neige sur le sol, les pavots repoussèrent et refleurirent , se fanèrent et moururent."

     "Pendant toutes les années où Johnny Gordon exerça à Beech, il fut fidèle, absolument fidèle, au serment d'Hippocrate, et jamais il ne refusa un appel à l'aide, qu'il fût payé ou non. Ses patients étaient les cultivateurs sans irrigation qui vivaient derrière les collines, et leur existence était d’une certaine manière parallèle à la sienne. Ils avaient été attirés à l’Ouest par des prospectus colorés, imprimés par les compagnies ferroviaires : on leur promettait une terre bon marché – il y en avait en abondance, on le savait – et de la pluie – il n’y en avait pas, on le savait tout autant. Seuls les grands propriétaires de ranchs qui tenaient les ruisseaux et les rivières étaient en mesure de prospérer. Au moins, si cela pouvait les consoler, les cultivateurs sans eau, les Norvégiens, Suédois et autres Autrichiens, iraient à l’échec mais dans un environnement bien propre."
     "L'Auberge aussi avait besoin d'être repeinte, mais tout à l'intérieur était d'une propreté sans faille et les vitres brillaient. Ce n'étaient pas les honoraires de Johnny, mais les marchands itinérants qui passaient par là avec leurs textiles et leurs articles de mercerie, ou encore les quelques maquignons qui s'arrêtaient une nuit et prenaient un repas –oui, c'étaient eux qui payaient les factures."
"En les regardant, Peter eut une conviction aussi fermement trempée que celle d'un vieillard rusé : il devrait les combattre sur son propre terrain, pas sur le leur. Et il sut que ce n'était pas seulement contre eux qu'il nourrissait cette haine froide, neuve et impersonnelle, mais contre tous les individus normaux, riches, enviés et bien protégés qui oseraient insulter l'image des Gordon qu'l portait en lui."
"«—Toi aussi, tu es quelqu'un de bien,  lui rappelait Rose.
 — De bien ? Quelqu'un m'a dit un jour que j'étais bienveillant, pas bien. Je ne me raconte pas d'histoires. C'est ça, mon mérite.  Remarque que c'est presque toujours ce que souhaite les hommes, que leur fils soit mieux qu'eux. Oui, Rose, c'est vrai. Et d'ailleurs je n'ai jamais tellement eu confiance en moi. Mais chacun a quelque chose qui lui manque. » C'est ainsi que nous excusons nos défauts, en les avouant."
     «— Je te dirais, Peter, de ne jamais te soucier de ce que racontent les gens. Les gens ne peuvent pas savoir ce qu’il y a dans le cœur des autres.
      — Je ne me soucierai jamais de ce que racontent les gens.
      — Peter, s’il te plait, ne le dis pas tout à fait comme ça. La plupart des gens qui ne s’en soucient pas, oui, la plupart d’entre eux deviennent durs, insensibles. Il faut que tu sois bienveillant. Je crois que l’homme que tu es capable de devenir pourrait faire beaucoup de mal aux autres, parce que tu es si fort. Est-ce que tu comprends ce qu’est la bienveillance, Peter ?
  — Je n’en suis pas sûr, père.
  — Eh bien, être bienveillant, c’est essayer d’ôter les obstacles sur le chemin de ceux qui t’aiment ou qui ont besoin de toi.
   — Ça je le comprends.»
      " S'il y avait une chose que Phil ne supportait pas, c'était bien l'ivresse ; elle heurtait son désir instinctif d'ordre et de décorum. Parce que bon, un soûlot, dès qu’il vous met le grappin dessus, il vous bassine avec des âneries. Il fait semblant d’être ce qu’il n’est pas, il joue un personnage trop grand pour lui. Et vous aurez beau l’insulter ou lui balancer n’importe quoi pour le remettre à sa place, il continuera à jacasser."
     « Oui, le garçon parlait à la tablée de six, et oui, il zozotait un peu comme toutes les chochottes que Phil avaient entendues, et il avait une façon à lui de goûter ses propres paroles. Bon, il y a des gens qui peuvent s’entendre avec eux, de même qu’il y a des gens qui peuvent s’entendre avec des juifs ou des négros, mais ça les regarde. Phil, lui, ne pouvait pas les supporter. »
     "Le silence de George passait à leurs yeux pour de la désapprobation et ne leur offrait pas la moindre possibilité de l’attaquer et de se disputer avec lui. Son silence les laissait avec un sentiment de culpabilité, et ils n’avaient aucun moyen de diluer cette culpabilité par de la colère. Inhumain !"
"Les Vieux Burbank avaient plus de chance que la majorité des éleveurs à la  retraite ; un grand nombre d'entre eux, en effet, brisés par ces hivers froids et longs, par le vent qui hurlait, par la pensée des  espaces inhabités – rendus infirmes par les rhumatismes, les doigts tordus par l'arthrite et recourbés contre la  paume cornée de leurs mains comme des serres d'oiseau mort, obligés de voir les jeunes prendre le relais, chevaucher, manier le lasso, chasser et gérer alors qu'eux-mêmes ne feraient plus jamais rien de tout cela – un grand nombre d'entre eux, donc, plongeaient dans la boisson, fréquentant les bars de Beech ou de Herndon  où ils contemplaient le reflet de leurs vieux visage farouche et déçu dans les cruels miroirs dressés derrière le comptoir."
     "Car il lui avait semblé récemment qu'elle avait perdu son identité, et c'était précisément pour la trouver qu'elle fit une composition florale de divers matériaux suffisamment  bizarres pour mettre sa grande habileté à l'épreuve. C'étaient des matériaux qu'elle avait d'abord repérés grâce aux jumelles dont George se servait pour examiner les montagnes. Elle les avait aperçus contre la clôture en fil de fer qui entourait le pâturage à chevaux au-dessous de la maison, et, en eux-mêmes, ils étaient plutôt insignifiants. Mais qu'est-ce que l'art ( se disait-elle pour se défendre),sinon  un arrangement de choses banales ? Qu'est-ce que Cézanne, sinon de la  ligne et de la couleur, et Chopin, sinon du son ?Qu'est-ce qu'un parfum, sinon des odeurs calculées, et qu'est-ce que le froufrou du beau linge, si ce n'est du lin? Cette composition, comme ses exercices au piano,  comme le soin qu'elle apportait à s'habiller chaque soir et le pique-nique fantasque au bord de a route, était destinée à faire plaisir à George. Elle voulait le surprendre. Et elle y parvint.
     Il n'avait jamais vu une telle chose de toute sa vie et il eut le visage qui rougit quelque peu.  Puis il parla gravement, en  choisissant ses mots.
« Oh ! mais c'est extraordinaire ! Oh ! mais je ... je trouve que c'est très joli.
— Joli? Je n'en suis pas sûre, mais j'espérais que ça te plairait. Je réalisais d'autres choses de ce genre, avant.
— Ah bon ? Il faut croire que les gens réalisaient plein de choses, avant. Oui, ça me plait vraiment. Je crois que ma mère n' aurait pas été capable d'en faire autant. Elle était davantage du côté de la lecture, elle lisait tout le temps et elle parlait toujours de plein de choses, tu vois. »
"La météorologie offrait toute une palette de sujets propices à la conversation, et, dès qu'on abordait ce domaine, les gens s'en emparaient avec un enthousiasme presque hystérique, comme si chaque invité devait s'exprimer et se soulager – avant que ce thème ne soit abandonné, vidé de toute vie et de toute force – en parlant des extrêmes de la température, de l'humidité, de la pluie, de la neige en flocons ou fondue, de la vitesse du vent, des bourrasques passées et à venir. Une fois la météo épuisée, la compagnie pouvait rester assise, muette, jusqu'à ce que le dîner soit annoncé par le carillon de porte que faisait tinter la jeune femme engagée pour le service."
"Certes, nombreuses étaient les familles dans lesquelles certaines personnes ne se parlaient pas. Mais il fallait avoir assez vécu pour le supporter,  être assez vieux pour n'avoir plus de grandes attentes, pour pouvoir accepter le désagréable de la vie, être capable de faire le compte et voir le bilan.
     Peter avait-il les moyens d' endurer une telle chose ? Comment allait-il supporter le mépris et le silence ? Devait-elle le préparer à s' attendre à cela ? Quelle est la mère qui ne souhaite pas montrer à son fils qu'on la respecte ? Quelle est la mère qui ne cherche pas à épargner à ses enfants le chaos avec lequel les adultes ont appris à se débrouiller ?"
"Au moment où les derniers indiens, regroupés comme du bétail, furent chassés de leurs terres et expédiés avec armes et bagages dans des réserves, le gouvernement ne faisait même plus semblant de croire aux traités. La terre était devenue trop chère pour qu'on la négocie, et il n'y avait plus de raison de craindre la violence des Indiens ; en revanche, il y avait toutes les raisons de craindre la colère des électeurs blancs."
     "Le délégué aux affaires indiennes habitait une coquette maison en bois, peinte en blanc, et il prenait grand soin de hisser et d’amener le drapeau aux heures prescrites. Il était content de se faire assister par ses deux enfants, des gosses proprets, au regard vif, qui avaient appris à ne jamais laisser le drapeau flotter lors d’une tempête ni toucher le sol.
     Le délégué n’était pas un mauvais bougre, mais en prévision de la venue d’agents du ministère de l’Intérieur il trouvait parfois opportun de faire appliquer le règlement de la réserve.
     Interdiction de vendre ou de consommer de l’alcool. Tout le monde sait que les Indiens ne boivent pas aussi bien que les Blancs.
     Interdiction de quitter la réserve sans autorisation. On ne peut pas embêter les Blancs en laissant vagabonder des Indiens. Les autorisations n’étaient accordées que pour des motifs urgents. Comme les Indiens n’avaient pas d’endroit où aller ni d’amis pour les héberger, la question se posait rarement.          Pas d’armes à feu. Il n’y avait aucun besoin d’armes à feu. À partir du moment où les Indiens vivaient dans la réserve, toute leur viande leur était distribuée au magasin d’État."
     "Il n'était pas sûr d'avoir le courage de proposer ces gants à la vente. Il n'avait jamais rien vendu, et la seule idée de vendre lui faisait monter le sang au visage comme s'il avait mendié. Ce sont les femmes – car elles ont peu de fierté et n'en ont d'ailleurs pas besoin – qui vendent et tirent profit des choses."
     "Phil n’avait pas de notions romantiques au sujet des Indiens. Il laissait ce genre de sentiment aux professeurs et aux rigolos de l’Est avec leurs appareils photos extravagants. Les enfants de la nature, mon œil. Des conneries. En réalité, les Indiens étaient des feignants et des voleurs. On avait bien essayé d’employer des Indiens dans les champs au moment des foins, mais, pour ce qui était des machines, ils étaient complètement abrutis, incapables de colmater un trou de taupe avec du sable. Et médiocres avec les chevaux. Quand on avait voulu installer ces Indiens avec les autres hommes, dans des tentes dressées dans les champs, les hommes s’étaient plaints des odeurs, et il avait fallu choisir : soit eux, soit les indiens."
     « — Eh bien, une sorte de froideur. Tu vois, je l’aime mais je ne sais pas comment l’aimer. Je voudrais que mon amour l’aide pour quelque chose mais on dirait qu’il n’a besoin de rien. Je crois que son père aurait mieux réussi s'il avait eu un peu plus de cette froideur.»
"Quand Rose parlait de Phil, sa bouche devenait sèche, sa langue épaisse. Penser à lui dispersait tout ce qu'elle pouvait avoir d'agréable ou de cohérent à l'esprit, et la ramenait à des émotions infantiles."
"L’impatience, c’est une marchandise qui se paie cher, Pete. Il m’a aussi appris à me servir de mes yeux. Regarde là-bas, là. Qu’est-ce que tu vois ? demanda Phil  haussant les épaules. Tu vois un flanc de colline. Mais Bronco, lui, quand il regardait là-haut, qu’est-ce qu’il voyait, à ton avis ?
— Un chien, répondit Peter. Un chien qui court. »
    Phil resta à regarder fixement, puis il passa sa langue sur ses lèvres. « Putain, dit-il, c’est juste maintenant, que tu viens de le voir ?
— Je l’ai vu dès mon arrivée », répondit Peter"
"Mais Phil savait, Dieu en est témoin, il savait parfaitement ce que c'est que d'être un paria, et il avait détesté le monde par crainte que le monde ne le déteste en premier."
     "Les chiens restèrent dans l'ombre ,émirent quelques plaintes douces, puis se tinrent étrangement cois. Peter fut assez ému pour chuchoter  le verset des Psaumes qui l'avait tellement touché quelques heures plus tôt:
"Sauve ma vie de l'épée
Et ma bien-aimée du pouvoir du chien.
Il se demanda si l'on utilisait souvent ce livre des prières, s'il' ne pourrait pas en découper ce petit bout et le coller à la place qui lui revenait dans son album : ce serait  une note finale bien supérieure aux pétales de roses qui, bien que toujours rouges, avaient  perdu leur parfum. Car sa mère était sauvée, à présent, grâce au sacrifice de son père et au sacrifice qu'il avait lui-même pu accomplir par les connaissances puisées dans les grands livres noirs de son père. Le chien était mort."
Mon humble avis
Seulement 339 pages mais quel contenu, quel dépaysement dans ces plaines sauvages du Montana où on chevauche à cheval et où les descriptions importantes des paysages sont saisissantes ! Quelle histoire ! Quelle écriture ! Quel décor ! Mais si, mais si, pourtant nous sommes dans un livre !
On vit chaque ligne, chaque mot, chaque image !
On en reste imprégné tellement il nous transporte dans cet ailleurs si particulier et ce milieu d'hommes qui se doivent d'être virils, un univers rude, cruel, d'une époque difficile ! 
Des personnages de papier, vivants devant nos yeux : Rose si gentille, discrète et adorable; George le timide et trop soumis si attachant, Phil l'odieux, pervers, tyran, cruel et misogyne; Peter, enfant puis adolescent si sensible, bizarre, brillant, discret, délicat, qui reste mystérieux dans sa fragilité...
Une tension palpable entre les lignes chapitre après chapitre et qui va crescendo...
Une étude psychologique «à forte tension dramatique, inhabituelle parce qu'elle traite d'un sujet rarement abordé à l'époque : l'homosexualité refoulée qui s'exprime sous forme d'homophobie dans l'univers masculin des ranchs.» Je ne peux pas dire autrement que Annie Proulx dans la préface!
L'occasion pour l'auteur de traiter de sujets graves : l'amour, le harcèlement, l'alcoolisme, la vie familiale avec ses secrets, ses non-dits, ses pudeurs, ses silences; l'amour entre une mère et son fils, l'homosexualité refoulée, la vieillesse, le sort des Indiens, la pauvreté...
Une construction parfaite... calme, silencieuse, ouatée mais aussi une force dramatique captivante jusqu'au final où l'on comprend le titre donné par l'auteur 
"Le pouvoir du chien".
L'importance de chaque phrase est remarquable...
"Certains soirs, Phil racontait une anecdote sur Bronco Henry, ce cavalier hors pair, ce cowboy insurpassable qui lui avait enseigné l'art de tresser le cuir brut."
On nous dit que Savage a fait que peu de recherches et s'est appuyé sur sa propre expérience de vie, sur ses souvenirs et son imagination.
Percutant, passionnant, captivant , émouvant, éblouissant, poignant !
Superbe ! 
J'ai trouvé ces photos du Montana dans des différents sites du Net. merci pour ces beaux partages qui nous font rêver...
Brigitisis
en parcourant tes écris sur certains livres je me dit que il y en a qui m'intéressent beaucoup et d'autres seraient des cadeaux pour mes enfants ou amisMerci pour ton gentil mot Brigitte
Je ne voulais pas t'obliger bien sur mais je croyais que tu ne lavais pas vue ma créa
De toute manière elle sera toujours chez moi aussi
Bisous et bonne soirée en espérant que tu arrives a te reposer un peu après toutes cette peine
Le temps t'apportera du réconfort et ils sont toujours dans ton coeur pour te dire que tu as été une merveilleuse maman pour eux
Je tembrasse et je suis tooujours là ...
http://le-coin-de-verdure-d-andrea.centerblog.net
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