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voyez sages les 4 pattes en attendant votre mam, bon courage brigitte, on pense fort à toi, gros bisous harmon
Par Harmony2011, le 27.11.2025
coucou ma douce amie , aies confiance , tout va bien se passer , c'est sûr que cela va te sembler long mais tu
Par mamietitine, le 26.11.2025
bonjour je viens te souhaiter une bonne journee bise de josy
Par Crystal46 , le 26.11.2025
que dire de plus
Par Anonyme, le 26.11.2025
bonjour mon amie brigitte
je suppose que ta valise est prête
pour partir a l hôpital
je viens te déposer
Par douceuretdetente, le 26.11.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
26.11.2025
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Je m'en vais
Elle s'était mariée à quatorze ans.
Lui en avait presque quarante.
Elle avait surtout cherché à échapper à sa famille.
À l'esclavage de sa famille.
Esclave de ses frères et sœurs plus âgés, servante de ses parents, bref bonniche pour toute la maison.
Quatorze ans et déjà usée par les tâches ménagères, les commandements abusifs, les brimades répétées !
Pour échapper à tout cela, elle s'était mariée.
À quatorze ans.
Lui était lourd, costaud, et travailleur.
Un rude cultivateur du village voisin, brave et taiseux.
Il avait toujours vécu seul.
Ce dont il avait besoin, lui, c'était d'une femme pour entretenir la maison, lui faire à manger, s'occuper de son linge, peut-être aussi tenir les comptes.
Rien de plus.
Et finalement, à quarante ans, il avait épousé cette gamine.
Cette gamine si frêle, si fragile.
Ce n'était pas un mariage d'argent, non.
Mais pas non plus un mariage d'amour.
Ils ne s'aimaient pas.
Ils ne savaient pas aimer.
Ni l'un ni l'autre.
Ils pouvaient aimer la soupe, aimer la pluie qui arrose la terre, aimer le soleil qui réchauffe les bêtes.
Mais aimer tout court, avec un grand A, ils n'avaient jamais appris. Un mariage sans tendresse, sans douceur.
Où il n'y avait pas de mot, pas même de regard.
Et bien sûr pas d'enfants non plus.
Cela faisait plus de quinze ans qu'ils vivaient ensemble.
Lui aux champs et à l'étable, elle à la maison et au jardin.
Il partait tôt le matin travailler sur les terres comme il disait.
Et ne revenait qu'en fin de journée, fourbu.
Elle faisait la cuisine, le ménage, la lessive, elle tenait la maison, et souvent aussi s'occupait du jardin.
Et puis elle s'était mise à gérer la comptabilité de la ferme.
C'est sûr qu'elle ne manquait pas d'ouvrage jusqu'à son retour.
Il entrait d'un pas lourd et traînant, affaissait son corps massif sur le banc, les pieds sous la table, étalait ses coudes de part et d'autre de l'assiette.
Sans une parole.
Elle lui servait la soupe fumante, remplissait son verre de vin rouge, et lui approchait le pain.
Il buvait le verre, d'un seul coup, le claquait sur la table dans l'attente du deuxième.
Il rompait une épaisse tranche de pain, saisissait sa cuillère et mangeait bruyamment la soupe.
Elle attendait, debout, de l'autre côté de la table, mais ne mangeait pas avec lui.
Elle le servait.
Son repas terminé, il repoussait le banc avec ses jambes en se levant, puis montait lentement dans la chambre.
Parfois, les jours où il était particulièrement satisfait de sa journée, il lâchait un sonore « J'va m'coucher ».
Ce matin, une voiture stoppe devant la cour.
Une voiture rouge, longue et fine, étincelante, comme elle n'en a jamais vue.
Un jeune homme de la ville est au volant.
Il sort du véhicule, appuie nonchalamment son bras sur la portière grande ouverte.
Et lui fait signe.
Elle s'approche, curieuse et méfiante.
Il cherche son chemin.
Elle le renseigne.
Et pendant qu'elle lui montre la direction du bout des doigts, pendant qu'elle explique de sa voix basse et douce, il l'observe.
Il la contemple.
Longuement.
Tranquille-ment.
Des pieds à la tête.
De la tête aux pieds.
Il la remercie pour ses indications.
D'un sourire large et magnifique.
Puis il remonte en voiture et reprend sa route.
Avant d'être hors de vue, il agite sa main par la vitre pour un dernier salut.
Et disparaît.
Pendant une dizaine de minutes, elle reste figée, fixant le point précis où le véhicule s'est évanoui.
Elle rentre dans la maison, directement dans la chambre.
Et se plante devant l'armoire à glace.
Immobile, silencieuse.
Elle a l'air de quoi ?
Sa vieille blouse informe, aux petites fleurs devenues incolores, ses chaussettes rapiécées, dans ses sabots de caoutchouc couverts de boue.
Une allure de vieille !
Mais qu'est-ce qu'elle est d'autre ?
Elle est sale, elle est fanée, elle est usée.
Elle se tient ainsi pendant un long moment.
Contemplant son pâle reflet.
Puis ses yeux pétillent légèrement, sa bouche esquisse un sourire retenu.
Elle s'illumine enfin.
Se précipite dans la salle d'eau.
Se lave les cheveux, deux fois.
Puis les coupe, courts, comme dans les magazines.
Elle jette sa blouse dans un coin de la pièce.
De retour dans la chambre, elle extirpe de l'armoire LE pantalon, celui qu'elle a acheté un jour, il y a longtemps.
Ce jour-là, il lui a dit « Tu mets pas ça ici, ce bloudejine », alors elle l'a plié, rangé, conservé.
Aujourd'hui, elle ose enfiler le blue-jean, et se sent bien avec.
Puis un chemisier blanc, et le gilet du dimanche, neuf, coloré, celui pour la messe.
De nouveau devant le miroir.
Elle s'admire, se trouve pas si mal.
Belle.
Ce soir, lorsqu'il rentre, il traîne son pas lourd jusqu'à la table, assoit son grand corps harassé sur le banc, pose ses larges mains de part et d'autre de l'assiette.
Ses épaules s'affaissent, il soupire.
Comme d'habitude, même pas un coup d'œil vers elle, elle et son blue-jean.
Elle s'approche de lui, sa main le frôle.
Elle pose à côté de l'assiette un verre de vin.
Puis sert la soupe brûlante.
Comme tous les soirs.
En silence.
Il boit le vin.
Elle contourne la table.
Maintenant elle est face à lui.
Elle le fixe.
Dit « Je m'en vais ».
Il claque son verre.
Garde les yeux baissés devant lui, sur la table.
Contemple le verre, vide, l'assiette de soupe, fumante.
Inerte, immuable.
À aucun moment il n'a levé les yeux vers elle.
Lorsqu'il repose la cuillère, il se retourne d'un mouvement brusque. Surprenant pour cette masse qui semblait soudée au banc.
Sa tête est vide.
Aucune surprise, aucune colère.
Aucune pensée.
Il ne sait pas, ne comprend pas.
Elle est partie.
Stéphane Olivier
En quelques lignes toute une vie et quel récit!
Un mariage pour échapper à une vie familiale difficile, un homme distant et renfermé, froid et solitaire et la solitude du désespoir s'installe...
La vie s'écoule pour cette jeune femme résignée... jusqu'au jour où!.. Il suffit de si peu pour revivre! Un élément déclencheur parfois...Un rien...Pour réaliser que la vie ce n'est pas ce tombeau quotidien mais autre chose...
Juste la liberté d'exister...de se sentir vivante et l'envie de vivre.....Tellement émouvant et humain...
Brigitisis
On ne peut qu'être d'accord avec son choix. Elle va cesser d'être manipulée, elle va enfin vivre libre, et elle a tous les atouts pour !une drole de vie pour cette jeune femme!!!!!!!http://naposcar.centerblog.net
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