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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour : 18.10.2025
11905 articles


LUCAS Franck Thilliez

LUCAS  Franck Thilliez

 

 

L'auteur :

 

franck_1

 

Né à Annecy en 1973, Franck Thilliez, ancien ingénieur en nouvelles technologies, vit actuellement dans le Pas-de-Calais. Il est l'auteur de :
Train d'enfer pour ange rouge
La Chambre des morts
Deuils de miel
La Forêt des ombres
La Mémoire fantôme
L'Anneau de Moebius
Fractures
Vertige
Le Syndrome E
Gataca
Atomka
Puzzle
Angor
Pandemia

La Chambre des morts, adapté au cinéma en 2007, a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar 2006 et le prix SNCF du polar français 2007.
Angor s'est vu décerner le prix Étoiles du Parisien-Aujourd'hui en France du meilleur polar 2014.
L'ensemble de ses titres, salués par la critique, se sont classés à leur sortie dans les meilleures ventes, et sont traduits dans le monde entier.

Entre deux aventures scientifiques et policières de ses héros récurrents Franck Sharko et Lucie Henebelle, Franck Thilliez aime écrire des histoires qui nous emmènent de l'autre côté du miroir, en poussant toujours plus loin les limites de l'esprit humain.

Et si ses personnages en viennent à douter de leur propre existence, soyez sûrs qu'il en sera de même pour vous.

 

L'histoire :

 

" Existe-t-il encore un jardin secret
que nous ne livrions pas aux machines ? "

Partout, il y a la terreur.
Celle d'une jeune femme dans une chambre d'hôtel sordide, ventre loué à prix d'or pour couple en mal d'enfant, et qui s'évapore comme elle était arrivée.
Partout, il y a la terreur.
Celle d'un corps mutilé qui gît au fond d'une fosse creusée dans la forêt.
Partout, il y a la terreur.
Celle d'un homme qui connaît le jour et l'heure de sa mort.

Et puis il y a une lettre, comme un manifeste, et qui annonce le pire.


S'engage alors, pour l'équipe du commandant Sharko, une sinistre course contre la montre.
C'était écrit : l'enfer ne fait que commencer.

 

Critiques de presse :

 

Dans ce nouveau roman qui, une nouvelle fois, emmène le duo Lucie Henebelle et Franck Sharko dans les tréfonds de l'horreur mais nous plonge également dans une analyse érudite de notre société, Thilliez sonde les dérives des réseaux sociaux, le bio-hacking et la manipulation génétique... entre autres.

Elle

 

 

 Épigraphes

"Souviens-toi de cette nuit, c'est la promesse de l'infini."

Dante Alighieri

 

"Les lumières qui sont en nous sont transformées en ténèbres, et les ténèbres dans lesquelles nous vivons sont terribles."

Léon Tolstoï

 

 

Extraits :

 

 

"Le rendez vous était fixé dans un hôtel bas de gamme du Mesnil-Amelot, à deux km des pistes de l'aéroport Charles -De-Gaulle.
Pour Hélène et Bernard Lesage, un couple marié jusque là sans histoires, les minutes à venir seraient cruciale . Leur véhicule stationnait au fond du parking, phares éteint . Dans son siège Bertrand ne tenait plus en place..."

 

"Vint enfin le temps où ils cessèrent de se convaincre de leur juste choix. Non, ce n'était pas du trafic d'être humain ni une forme quelconque d'exploitation, mais un désir légitime qu'ils avaient, comme tout un chacun, de chérir un enfant.
Pourquoi une femme dont on avait ôté l'utérus à cause d'un cancer ne disposerait-elle pas du droit au bonheur d'être mère? Elle n'imaginait pas vivre ni mourir sans une fille ou un garçon à chérir. Ce que ni la nature ni la France n'avaient voulu leur donner, ils l'avaient pris."

 

"Si j'ai un conseil à vous donner, restez discret avec cet enfant. Vivez votre vie tranquille, élevez-le du mieux possible et ne cherchez surtout pas à attitrer la lumière sur vous. Jamais. Vous comprenez? La lumière attire aussi les ombres.
Cette dernière phrase le refroidit. L’air lui sembla soudain plus frais.— Les ombres ? Quelles ombres ?
Après un coup d’œil circulaire, elle hésita, puis ajouta :
— Il est spécial, ce bébé. Votre anonymat sera sa meilleure protection.
Et, de la même façon qu’elle l’avait fait presque neuf mois plus tôt, elle partit, au lendemain de ce premier jour de printemps, sans se retourner. En l’observant s’éloigner, une certitude ébranla Bertrand : cette femme était morte de trouille."

 

"Un ciel volcanique d’un noir de cendre écrasait Paris depuis presque dix jours, avec l’une de ces pluies continues où les gouttes chutent comme des poignards. De quoi finir de vous achever, au cas où il vous resterait un peu de chaleur au fond du cœur. Sans doute parce que cette saison marquait le passage de la vie à la mort, de la lumière à l’obscurité, et explosait le compteur des suicides, des gastro‑entérites et des genoux douloureux.

Franck Sharko haïssait l'automne."

 

 "Drôle de journée pour notre deuxième anniversaire de mariage.
- C’est comme ça. Les assassins qui s’invitent au banquet ne préviennent pas. On se fera un resto une prochaine fois.
Sharko ne s'attarda pas sur le sujet et enchaîna avec des coups de fil,y compris au substitut du procureur pour demander une levée de corps et une autopsie dans le délai le plus bref."

 

"Revivre l'enfer d'une scène, ad vitam æternam. En traversant la rue. À la boulangerie. La nuit. Dans son sommeil.Une scène qui se dessinait avec une précision encore plus diabolique quand on baissait les paupières pour la fuir.
Cet enfer portait un nom : syndrome de stress post-traumatique, ou SSPT. On pouvait le prendre en plein fouet, même après quatre ans après le drame, même en flic aguerri aux affaires les plus sordides."

 

"Un souvenir n'est pas figé dans le cerveau. Chaque fois qu'il est ramené à la conscience, il se transforme. Par exemple, une situation vous évoque un souvenir de votre enfance, lorsque vous étiez gamin sur une plage. Dans ce souvenir vous êtes vêtu d'un maillot de bain vert, alors qu'en réalité, ce maillot de bain était bleu. Le cerveau a horreur du vide, et comble en permanence pour que le souvenir puisse se formuler de façon logique. C'est une nouvelle version, celle avec le maillot de bain vert, qui va être réenregistrée dans la mémoire à long terme, jusqu'à la fois suivante. Contrairement aux idées reçues, plus on se remémore un souvenir, plus il se modifie et plus on s'éloigne de la vérité.

 

"Tout est clair ?
— Pas tout à fait. Je ne veux pas tout oublier. Ça peut vous sembler paradoxal, mais je veux me rappeler ce qui s’est passé, je veux garder ça au fond de moi. Je ne veux pas oublier les circonstances de la mort de Camille.
— Vous ne les oublierez pas. Comme je vous l’ai dit, vous en conserverez les images, les sons, les odeurs, mais vous vous détacherez des émotions qui y sont reliées au fil de nos séances hebdomadaires. Ce sera comme appuyer sur une dent malade, mais dépourvue de nerfs. Camille n’envahira plus votre vie de manière intempestive. Cette impression que vous avez de sa présence trop pesante, pareille à un fantôme, va disparaître progressivement."

 

"En tant que chef de groupe, Franck possédait désormais son propre bureau, au sixième étage du Bastion, celui du droit commun et de la section antiterroriste. Avant, au Quai des Orfèvres, on montait, on descendait les escaliers, on voguait de place en place, tout se mélangeait dans un joyeux bordel. Désormais, rigueur, organisation, efficacité, chacun à son étage, dans son compartiment, dont certains protégés par accès à empreinte digitale.
Un mal pour un bien, sans doute, mais Sharko n'avait rien connu d'autre que le 36 d'origine. Ce bâtiment jugé obsolète et inadapté avait été toute sa vie, avait rythmé ses joies, ses peines, ses colères. Le métier évoluait et c'était cette fuite en avant qui effrayait le plus ce flic aux méthodes traditionnelles. Tous ces ordinateurs, cette technologie, et ces affaires résolues de plus en plus grâce aux machines ou aux fichiers... Il n'y comprenait plus grand-chose. Ça lui fichait le cafard. Quand il voyait tous ces jeunes, autour de lui, des gamins d'à peine la moitié de son âge, lui aussi se sentait obsolète, pareil au vieux Minitel remisé au fond du placard. En même temps, il plaignait ces mômes qui bientôt ne goûterait plus le sel de la traque comme lui l'avait connu dans ses jeunes années. Des flics version 2.0."

"… En précurseurs au début, ils divertissaient. En conquérants ensuite, ils surprenaient. En monstres aujourd’hui, ils effraient. Et demain ? Jamais, jusqu’à présent, une poignée de gens et d’entreprises – Google, Apple, Facebook, Amazon… les GAFA – n’ont façonné à ce point les pensées d’un milliard de chimpanzés et guidé leurs choix. Les robots, les algorithmes vous envahissent. Le portable est devenu le prolongement de votre cerveau, que vous offrez sans contrôle à des bases de données. Je vous plains plus que je ne vous hais, pauvres chimpanzés, votre vie appartient désormais à Google et Facebook ! Votre existence est construite sur des « J’aime » et sans eux, vous avez l’impression de n’être rien.
Si, en fait, vous êtes quelque chose : des produits. Des produits pour les assurances, les banques, les publicitaires, les vendeurs de voitures et les partis politiques. Vous pensez bénéficier d’un tas de services gratuits, mais cette gratuité a un prix : celle de votre identité. De votre liberté.
    En parallèle, les scientifiques, gouvernés par ces puissances peu scrupuleuses, tuent la mort et manipulent vos gènes, pour vous rendre plus performants, vous améliorer, vous faire vieillir moins vite. Un eugénisme nouveau est né, un eugénisme qui ne détruit pas, mais améliore. C’est pour moi la même chose car ceux qui ne sont pas améliorés, ceux qui n’en ont pas les moyens, deviennent des maillons faibles, des parias que, tôt ou tard, la société éliminera d’elle-même. De la minuscule puce au gigantesque monstre de l’Hydre, il n’y a qu’un pas à franchir. Bon Dieu, vous êtes les animaux de laboratoire de demain, et personne ne dit rien ! On laisse faire. On encourage.
Malgré mon avertissement, le président a signé son engagement pour la course à l'intelligence artificielle. Il laisse les fonds d'investissement opaques financer des entreprises chez nous et partout en Europe. Que font-ils dans leurs labos ? Derrière leurs ordinateurs ? Le savez-vous seulement ? Moi, je le sais.
Nous vivons, nous ne fonctionnons pas. Nous sommes enfantés, non 
fabriqués. Dans quel monde sommes-nous tombés pour que la vie se crée dans des éprouvettes ? Pour que des femmes louent leur ventre contre une poignée de billets ? Pour que des gens utilisent des robots afin d'ouvrir plus facilement la porte de leur maison ?

Les chimpanzés qui livrent leur vie aux machines, qui les nourrissent et qui contredisent les lois de la nature doivent payer."

 

"Flowizz est une petite pute qui nourrit les algorithmes, des machines qui la connaissent mieux que ses propres parents. Elle pense être anonyme sur Internet en ne publiant rien sur sa vie privée. Pas de visage, rien de personnel, elle allume sa caméra en dehors de chez elle…
Et pourtant… Pauvre idiote…"

"Flowizz vit dans une bulle, une chambre d’écho, une caverne de Platon, qui ne la laisse pas voir le monde tel qu’il est. Facebook, Google trompent la réalité, la guident, ordonnent sa vie, lui dictent quelles chaussures elle doit acheter, et quand.
Lorsqu’elle clique sur « J’aime » après la lecture du Figaro, eux, les algorithmes, estiment qu’elle vote à droite et affinent leurs affichages en conséquence, ne lui proposant plus que des articles de droite, et l’enfermant davantage dans sa caverne.
Même si elle ne les a jamais énoncés, Facebook connaît ses croyances religieuses, son orientation sexuelle, son niveau de bonheur, et si elle va divorcer dans l’année avant même qu’elle en ait conscience, uniquement par son comportement sur les réseaux, son maillage d’amis, ses interactions et sa façon d’envoyer des putains de smileys.
Flowizz n’a jamais lu 1984, d’Orwell, elle aurait dû. La neurodictature et l’emmurement définitif de la caverne sont en route.
Flowizz n’a sans doute pas reçu l’éducation qu’il fallait, elle a un besoin infini de reconnaissance, de « J’aime », mais elle porte des œillères, comme des millions d’autres personnes.
Elle nourrit l’intelligence artificielle. Vous pensez que Google cherche seulement à conquérir les pays ? Non, son territoire, son empire, ce sont vos cerveaux. Google possède la plus grande base de données mondiale sur le psychisme humain : vos quatre mille milliards de requêtes annuelles livrent tout de votre fonctionnement cognitif. Google vous connaît mieux que n’importe quel psychologue. Vous ne pourrez plus vous passer de lui. Google est la pire des drogues dures.
Chaque jour, ce sont trois milliards de milliards de nouvelles données saisies par vous, les chimpanzés, qui viennent renforcer la connaissance des machines sur notre comportement et notre monde. Trois milliards de milliards qui remplissent les disques durs du Big Data en une seule journée."

 

"La violence pervertissait ce qu'elle n'anéantissait pas, et ses gosses allaient grandir dans un monde où les bombes menaçaient d'exploser à chaque coin de rue, où des adolescents se suicidaient en direct sur Periscope et où on parlait de mettre des flics dans les écoles. Chaque nouvelle génération allait devoir supporter les maux des générations précédentes."

"La course à l'horreur, au clash, au scoop, symptomatique d'un monde où les réseaux sociaux régnaient en maîtres et désorganisaient la presse."

"Nicolas était abattu. La course à l’horreur, au clash, au scoop, symptomatique d’un monde où les réseaux sociaux régnaient en maîtres et désorganisaient la presse. Le flic se rappelait la tuerie de Charlie, et cette séquence filmée par un amateur dans laquelle on avait vu un des frères Kouachi exécuter à bout portant l’un de leurs collègues policiers. Le vidéaste avait diffusé sa vidéo sur Facebook avant de la retirer un quart d’heure après, mais ça avait été trop tard. Les chaînes et les journaux s’en étaient emparés.
Tout ce qui tombait dans la marmite d'Internet y cuisait pour l'éternité."

 

"Lucie cala son menton au creux de la nuque de son mari. Elle percevait les frémissements de son artère jugulaire, le long écho de sa respiration qui sifflait dans ses bronches et, à la façon dont il lui serrait les mains, la colère qui roulait en lui."

 

"Lorsqu'ils n'étaient pas éteints, les portables étaient de vrais mouchards, et la plupart des applications installées récoltaient à tout moment des informations concernant ses utilisateurs, même quand elles paraissaient inactives. Ces données volées nourrissaient l'ogre Big Data qui les exploitait, les analysait, pour mieux connaître les vies sociale, personnelle et professionnelle, et proposer à chacun, chacune, la destination de ses prochaines vacances ou le modèle de sa nouvelle voiture. En fouillant sur Internet, on pouvait même lire cette phrase, qui donnait une idée de la direction que prenait le monde : " Où étiez-vous hier et où irez-vous demain ? Google peut vous le dire."
" Hier ", parce que chacun était tracé et que le passé appartenait au machine.
" Demain ", parce que, en décortiquant les habitudes, les goûts et les comportements, les intelligences artificielles pouvaient anticiper toute action future."

 

"Il refusa l’idée que tout puisse aller aussi vite, que son cœur fermé depuis quatre ans se rouvre en si peu de temps.
Sans savoir pourquoi, il songea à la floraison des bambous : il existe un moment où, partout à travers le monde et par un phénomène inexplicable, les bambous de la même espèce se mettent à fleurir, tous en même temps, parfois après cinq ou dix ans en dormance. Puis ils meurent.
Son cœur fleurissait comme un bambou."

 

"-Mais il ne s'agit pas de science-fiction. Au Japon ou en Suède, des milliers de personnes vivent depuis plusieurs années avec un implant sous-cutané. Grâce à ça, ils ouvrent des portes, démarrent leur voiture, prennent le train, se facilitent la vie n profitant de la technologie. A Stockholm, les employés de certaines entreprises utilisent aussi les puces RFID. Plus d'oubli du badge ni du pointage, plus de gestes inutiles. Ou est la mal?
Privation de liberté...Flicage...Addiction encore plus forte qu'avec un téléphone portable, puisqu'il était impossible de s'en détacher. Sans oublier la présence d'un corps étranger sous la peau, et les ondes que ces engins devaient émettre."

 

"Une jambe de bois, une paire de lunettes puis des lentilles de contact, une prothèse de hanche, n’est-ce pas déjà une manière d’augmenter l’homme ? L’augmentation existe depuis l’aube des temps. Et la vaccination, la chirurgie esthétique, le Viagra ? Pourquoi l’opinion accepte-t-elle qu’on puisse vivre avec un cœur artificiel, cet organe qui porte tant de symbolique spirituelle, mais se refuse-t-elle à admettre qu’on puisse porter des puces inoffensives ?"

 

"Ces types allaient à l'encontre de la nature. Elle avait une conviction : si la mort existait, c'était qu'il y avait une raison, une nécessité, afin que toutes les espèces puissent continuer à se développer en harmonie, dans un équilibre déjà fragile. La mort nous aidait à vivre, et une vie sans fin serait terrifiante. Si tout était possible, l'être humain ne basculait-il pas dans la folie?"

 

"Les doigts glissaient sur les écrans de téléphone, les regards fuyaient, comme si chacun devait craindre l’autre. Tous ensemble, agglutinés, et pourtant si seuls dans leurs cavernes. Progressivement, les gens s’éloignaient les uns des autres, ne se touchaient plus, ne se parlaient plus, se rapprochaient des machines.
Audra serra son portable avec aigreur. Si seulement elle arrivait à s’en débarrasser, à oublier les réseaux sociaux qui, au lieu de créer des liens, isolaient les individus dans des bulles."

 

"Il revint sur le dessin du carnet. L'aigle, penché sur le foie de l'homme nu. Le mythe de Prométhée.
Prométhée était un Titan dont le frère, Épithémée, avait distribué des facultés à tous les animaux en oubliant de donner un don aux hommes. Si les tortues avaient des carapaces pour se protéger, les lapins la capacité de creuser des terriers pour survivre, les humains, eux, se retrouvaient nus, sans plan de secours. Alors Prométhée, pour réparer l'erreur fraternelle, vola le feu sur l'Olympe pour l'offrir aux pauvres mortels, faibles et vulnérables. Dès lors, l'Homme acquit la connaissance, la force, la capacité de détruire aussi, développa sa supériorité sur tous les êtres vivants, et devint presque l'égal des dieux. Jaloux du succès des hommes, Zeus fit enchaîner Prométhée à un rocher et le condamna à se faire dévorer le foie par un aigle. Un foie qui se régénérait chaque nuit et impliquait une souffrance sans fin.
Nicolas resta immobile, les yeux rivés sur le dessin.
L'homme créateur, l'homme destructeur. L'homme égal des dieux."

 

"Un certain nombre de scientifiques considèrent que cette technique détient le potentiel de transformer l'humanité, poursuivit la biologiste. Avec elle, l'homme va de plus en plus déjouer les règles de la sélection naturelle dictées par la nature. Choisir ce qui lui plaît, et rejeter le reste. Notre patrimoine génétique ne sera plus quelque chose que l'on subit, au contraire...
-On le maîtrisera totalement.

-Oui, on passera de la chance au choix."

 

"Le revers de la médaille, c’est que ces avancées fulgurantes vont créer une médecine à deux vitesses. D’ici quelques années, les riches pourront se prémunir, eux et leur progéniture, contre toute une série de maladies potentiellement mortelles, tandis que les pauvres n’y auront pas accès. Peut-être supprimera-t-on le handicap, mais l’amélioration des facultés des plus riches fera des plus pauvres les handicapés de demain. Ceci n’est guère réjouissant, mais voilà vers quoi nous allons. Dans quelque temps, la nature n’aura plus son mot à dire…"

 

"Si on interprète à notre façon, on doit accepter qu'un progrès scientifique.La prétention des hommes à perfectionner la nature, au point de trouver les secrets ultimes du monde, et leur orgueil entraînent obligatoirement une forme de destruction collective. C'est ce que les anciens interprétaient comme la vengeance des dieux".

 

"Face au progrès, à la folie des hommes, la nature avait décidé de ne pas se laisser faire. Cette invasion des eaux, c'était une forme d'avertissement sévère, un retour de flamme. On pouvait modifier des génomes ou inventer des machines toujours plus perfectionnées, mais on ne pouvait rien contre la colère de la nature.
L'histoire de notre planète en témoignait, ainsi que celle des espèces qui avaient été balayées au fil des millénaires.
Si l'homme allait trop loin, la nature saurait se débarrasser de lui."

 

"L'intelligence artificielle, l'accroissement des capacités humaines, la manipulation de la vie en éprouvette, la conquête de l'espace et l'immortalité...tels étaient les cinq grands thèmes promus par les mouvements transhumanistes."

 

"Quel que soit le thème abordé, les GAFA revenaient systématiquement . Marc Zuckerberg, parton de Facebook, travaillait pour développer une interface cerveau-machine qui permettrait aux individus de communiquer sans parler.

Elon Musk, visionnaire milliardaire, développait des implants pour accroître les capacités intellectuelles de l'homme.

Larry Page, le cofondateur de Google, avait injecté des centaines de millions de dollars dans Calico, une société qui menait des recherches sur l'immortalité, et dont le patron, Ray Kurzweil, transhumaniste, pur et dur était persuadé que l'homme de mille ans était déjà né.

Ces gens-là n'étaient pas fous. Ils détenaient le pouvoir, l'argent, et ils voulaient changer le monde grâce à leurs propres laboratoires, financements, et le développement d'une science parallèle. Ils créaient une espèce de biohacking à l'échelle planétaire, avec pignon sur rue, et comme l'avait écrit l'Ange, on les laissait agir impunément."

 

 

"-Sais-tu combien de personnes inscrites sur Facebook meurent par minute ?
Audra était allée préparer le thé. Ils se tenaient assis face à face, lui dans un fauteuil, elle dans le canapé. Entre eux, un couloir d'ombre qu'aucune lumière ne pouvait éclairer.
-Trois. Dans moins de cinq ans, les morts seront plus nombreux que les vivants sur ce réseau. Un vrai cimetière.
A toi qui est bien vivant, Facebook te signale de ne pas oublier de souhaiter l'anniversaire de ces morts, dont tu ignores qu'ils sont morts."

 

"Les morts doivent-ils continuer à vivre sur les réseaux ? Doivent-ils encore recevoir des demandes d’amis de ceux qui ignorent leur décès ? Leur profil doit-il être supprimé par ce qu’on appelle des « croque-morts digitaux », des employés payés pour ça ? Ou alors, doit-il se transformer en une sorte de mémorial où les gens peuvent se recueillir, comme sur une tombe ?"

 

"Depuis quelques années, on sait que le vieillissement vient, entre autres, de l'usure des télomères, de courts segments de l'ADN qui couvrent les extrémités de chaque chromosome et qui agissent comme des couches de protection contre l'usure. Ces télomères raccourcissent à chaque division cellulaire, devenant trop courts pour protéger le chromosome. Ce dernier s'abîme, ce qui entraîne un dysfonctionnement de la cellule et le vieillissement du corps. D'après de récentes recherches, cette usure serait programmée dès la naissance dans le code génétique. Autrement dit, le vieillissement ne serait pas une fatalité, mais quelque chose qu'on peut empêcher en manipulant les gènes. "

 

"- Que croyez-vous ? Bientôt, il y aura des ciseaux génétiques pour accroître le QI, supprimer les rhumes, augmenter les capacités cardiaques et respiratoires, avant que vous soyez nés. Tout ça vous échappe, mais c'est la réalité."

 

"- Non, c'est au contraire très simple, et si moi j'ai compris...Pour Cuba, par exemple, des les tout premiers symptômes, quelques personnes se sont mises à taper "diarrhées", "gastro", "vomissements", dans Google. Les algorithmes se sont rendu compte, bien avant les médecins, que ces mots clés provenaient de la même région de Cuba, et à des moments très proches. En comparant avec le passé de l'île, les robots ont immédiatement identifié la maladie : choléra. C'est de cette façon que la prédiction a pu être réalisée, un ou deux jours avant que les services de santé annoncent officiellement la réapparition de la bactérie et déclarent un premier cas."


"- Heureusement que ça a foiré pour la Crue. Austerlitz n'a jamais eu les pieds dans l'eau. Ces saletés de machines ne sont pas encore près de nous faire la peau.
- Mais elles sont pourtant présentes. Qu'on le veuille ou non, Google et compagnie façonnent notre monde. Y a un truc que j'ai compris avec Fabrice Chevalier, et en ce sens, il avait raison : si tu cherches à cacher un cadavre, alors cache le en page 2 des résultats d'une requête Google.
- C'est quoi, ce baratin ?
- Que c'est bien cette entreprise qui décide de la façon dont nous voyons le monde, elle sait que nous regardons seulement les premières lignes des résultats de recherche. C'est une image, mais la caverne de Platon, tu te rappelles ? On nous montre que ce qu'on veut bien nous montrer. Et si on n'a pas la curiosité d'aller fouiner plus loin, on est prisonniers du système."

 

"Nicolas avait longtemps espéré un avenir meilleur, mais cette enquête l confortait dans ses convictions : ça allait être compliqué, très compliqué. L'homme, dans toute sa démesure d'homme, pouvait bâtir les églises le matin et les détruire le soir. Il tenait le feu prométhéen entre ses mains."

 

 

Mon humble avis :

 

 

Sharko, Lucie, Nicolas, Pascal...Un équipe de policiers soudées, efficaces...Des personnages de roman que je suis personnellement à travers chacun des romans depuis des années et c'est comme s'ils existaient vraiment...
Des flics de l'extrême dévoués et attachants...

Quel bonheur de les retrouver dans cette nouvelle enquête qui nous entraîne dans des sujets passionnants et angoissants de la vie d'aujourd'hui : les lois bioéthiques et tout ce qui tourne autour, les progrès de la science et des avancées médicales, la technologie moderne, l'augmentation de la durée de vie de l'homme (du pacemaker à la prothèse bionique ) ,  de GPA, d'éthique, du rêve de l'amélioration de la vie de l'homme, de l'enfantement, les manipulations génétiques, les mères porteuses, les bio-hackers, le Big Data, la bioéthique, le transhumanisme, l'intelligence artificielle et les dérives qui en découlent, les côtés sombres des réseaux sociaux (Facebook, Google, les algorithmes , le Darknet,   le hacking, les combats de chiens, le monde underground sado-maso ...

Tellement de sujets que je suis de plus en plus admirative de cet auteur, de son immense travail de recherche documentaire que suppose l'écriture de ce roman. 

 Il fait aussi  référence à certains mythes de la mythologie grecque. 


À quel point sommes nous formatés, instrumentalisés, manipulés? 
Où est notre liberté de penser, de choisir, de décider?

Jusqu’où l'homme va t-il aller dans ses avancées scientifiques et son rêve d'immortalité, de recherches de la perfection?.


Et tout cela dans un climat d'inondation de crue de la Seine.
Nous sommes sous  la pluie qui tombe avec l'eau qui déborde et qui recouvre tout devant l'homme impuissant à l'arrêter, le silence qui glace, des atmosphères dans lesquelles on s'enveloppe...

Et là c'est l'auteur poète que j'aime...

" Une crue, c'était le résultat d'une nature en colère, d'une force implacable qui tirait, au cœur même de la civilisation, les sonnettes d'alarme. Le monstre sortait de ses gonds et détruisait, noyait, avalait, en réponse à l'inconséquence de l'homme. Une incursion vive, brutale , un hold-up dans le quotidien et l'intimité des gens, plus concrète que la fonte de la calotte glacière."

"L’eau... Fantôme insaisissable, porteuse de vie et de mort. Matière des larmes de joie et de peine. Miracle qui vous composait à 70%, mais qui vous tuait dès qu’il s’introduisait dans vos poumons."

Bien sûr, c'est encore un livre de cet auteur qu'on ne peut  lâcher, un roman visionnaire qui nous plonge dans les dérives d'un monde qui joue les apprentis sorciers, et il reste là dans la tête avec tous les sujets de réflexion qu'il soulève mais qui déjà nous préoccupaient!

Magistral! 
Le bonheur de lire...

signature_Clavier_Brigitte1

 



Commentaires (1)

fripouille le 30/01/2020
Pas le temps de tout lire...


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