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temps moche de la pluie depuis ce matin c'est éttoufant très déplaisant , je te souhaite une bonne soirée ,pre
Par saperlipopette87, le 21.10.2025
bonjour mon amie brigitte
une journée pluvieuse et venteuse
mais je te l a souhaite ,,heureuse
la nuit c
Par douceuretdetente, le 21.10.2025
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Par gigirouette39, le 20.10.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
22.10.2025
11911 articles
L'auteur :
Karine Tuil, née le 3 mai 1972 à Paris, est une romancière française.
Ses livres ont pour thèmes les contradictions des individus et les hypocrisies de la vie contemporaine, en proposant une analyse sans complaisance de la société.
Après son baccalauréat, elle entreprend des études de droit, obtient un DEA (Droit de la communication) à l'Université de Paris II (Panthéon Assas).
Elle exerce la profession de juriste et prépare une thèse qu'elle ne soutient pas. Elle décide alors de se consacrer à l'écriture.
Les thèmes en sont la mélancolie, la crise existentielle, l'humour et le rapport au judaïsme, souvent abordés à la première personne du singulier.
Son premier roman publié, Pour le Pire est édité en septembre 2000 aux éditions Plon qui inaugurent une collection « Jeunes auteurs ». Il relate la lente décomposition d'un couple.
Son second roman publié, Interdit, (Plon 2001) - récit burlesque de la crise identitaire d'un vieux juif - connaît un succès critique et public.
Le sens de l'ironie et de la tragi-comédie, l'humour juif se retrouvent encore dans Du sexe féminin en 2002 - une comédie acerbe sur les relations mère-fille, ce troisième roman concluant sa trilogie sur la famille juive.
Les « romans sociaux » chez Grasset
En 2003, elle rejoint les Éditions Grasset où elle publie son quatrième roman Tout sur mon frère qui explore les effets pervers de l'autofiction.
En 2005, elle publie Quand j'étais drôle qui raconte les déboires d'un comique français à New-York.
En 2007 paraît Douce France, un roman social qui dévoile le fonctionnement des centres de rétention administrative.
En 2008, sort son septième roman, La domination, pour lequel elle reçoit la Bourse Stendhal du ministère des Affaires étrangères. Il évoque les jeux de pouvoir dans le milieu de l'édition à travers les prismes de l'identité. .
Le tournant des années 2010
Comme le remarque Eric Loret dans Le Monde des livres, elle expérimente à partir de 2010 une tonalité plus sociale et critique, questionnant la place de l’individu, qu’il soit artiste lunaire ou citoyen minoritaire.
En 2010, son roman Six mois, six jours.
Son neuvième roman intitulé L'Invention de nos vies paraît en septembre 2013 à l'occasion de la rentrée littéraire aux éditions Grasset. Le roman se penche sur l'histoire d'un jeune homme d'origine arabe, Samir, qui, pour réussir sa carrière d'avocat d'affaires à New York, a « emprunté » une partie de l'identité de son meilleur ami d'enfance, un Juif nommé Samuel.
Son roman L'Insouciance est publié en 2016. À l'occasion de la publication de ce dixième roman, le journal Le Monde en 2016 mentionne, sur l'ensemble de ses ouvrages quelques thèmes qui sautent aux yeux. Par exemple la judéité des personnages. Et ce qui en découle : le père, la loi, l’humour kafkaïen .
Les Choses humaines est publié le 22 août 2019 aux éditions Gallimard. Consacré à une affaire de viol, l'auteure y évoque aussi des thèmes tels que l'ascenseur social et les rapports de domination.
L'histoire :
Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage. »
Mais sa réussite repose sur une imposture.
Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension.
Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible.
Mais si c’était à refaire ?
À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration…
« Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir » dit un proverbe qu'illustre ce roman d’une puissance et d'une habileté hors du commun, où la petite histoire d'un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle.
Épigraphes :
"L'amour n'est pas cette chose douce dont tout le monde parle - peut-être torture-t-on les gens pour les forcer à dire cela ? En tout cas, tout le monde ment."
Orhan Pamuk
"Toute réussite déguise une abdication."
Simone de Beauvoir
"Le succès littéraire, ça représente une petite part dans le reste de mes préoccupations. La réussite vous fuit entre les doigts, vous échappe de tous les côtés(...) et c'est ma propre vie qui est en somme ce qui compte le plus."
Marguerite Yourcenar
Critiques presse :
LaPresse 06 octobre 2016
Violence sociale, quête d'identité, la romancière française a creusé dans les thèmes qui la hantent et puisé à même les peurs et dérives de notre époque pour écrire cet ample et sombre récit aux multiples couches.
Bibliobs 18 octobre 2013
Si l'auteur de « la Domination », 41 ans, déjà sélectionnée trois fois pour le Goncourt, signe ici le meilleur de ses romans, c'est qu'elle y a mis beaucoup d'elle-même.
LesEchos 18 septembre 2013
Il faut saluer l’enthousiasme, la fougue, le tempérament, l’ambition, de Karine Tuil qui, sur près de 500 pages, fait se lever un maelström de sujets : le cynisme de l’époque, la quête d’identité, l’ambition et ses perversions, le succès et son envers, la frénésie sexuelle, le terrorisme, la corruption, Wall Street – on en passe...
LeFigaro 30 août 2013
On a le sentiment que ce livre résonne avec l'actualité - on pense à l'affaire DSK ou à ces jeunes Français convertis à l'islamisme et au terrorisme -, en vérité, c'est l'actualité qui résonne avec la littérature. Signe d'un grand roman.
LeFigaro 21 août 2013
Ce roman va bien au-delà de la question identitaire: il embrasse le monde, l'interroge, l'explique, le décortique.
LePoint 05 août 2013
On pourrait dire de L'invention de nos vies qu'il raconte un triangle amoureux. On pourrait dire qu'il est un roman social, magnifiquement contemporain dans sa façon de sonder les rapports de classe au XXIe siècle, terrible dans sa description d'un monde de prostitution généralisée.
Extraits :
"Commencer par sa blessure, commencer par ça - dernier stigmate d'un caporalisme auquel Samir Tahar avait passé sa vie à se soustraire -, une entaille de trois centimètres au niveau du cou dont il avait tenté sans succès de faire décaper la surface à la meule abrasive chez un chirurgien esthétique de Times Square, trop tard, il la garderait en souvenir, la regarderait chaque matin pour se rappeler d'où il vient, de quelle zone/de quelle violence.Regarde ! Touche !Ils regardaient, ils touchaient, ça choquait la première fois, la vue, le contact de cette cicatrice blanchâtre qui trahissait le disputeur enragé, disait le goût pour le rapport de forces, la contradiction - une forme de brutalité sociale qui, portée à l'incandescence, présageait l'érotisme -, une blessure qu'il pouvait planquer sous une écharpe, un foulard, un col roulé, on n'y voyait rien ! et il l'avait bien dissimulée ce jour-là sous le col amidonné de sa chemise de cador qu'il avait dû payer trois cents dollars dans une de ces boutiques de luxe que Samuel Baron ne franchissait plus qu'avec le vague espoir de tirer la caisse - tout en lui respirait l'opulence, le contentement de soi, la tentation consumériste, option zéro défaut, tout en lui reniait ce qu'il avait été, jusqu'à l'air affecté, le ton emphatique teinté d'accents aristocratiques qu'il prenait maintenant, lui qui, à la faculté de droit, avait été l'un des militants les plus actifs de la gauche prolétarienne ! L'un des plus radicaux ! Un de ceux qui avaient fait de leurs mortifications originelles une arme sociale ! Aujourd'hui petit maître, nouveau riche, flambeur, rhéteur fulminant,lex machine, tout en lui exprimait le revirement identitaire, l'ambition assouvie, la rédemption sociale - le contrepoint exact de ce que Samuel était devenu. Une illusion hallucinatoire ? Peut-être. Ce n'est pas réel, pense/prie/ hurle Samuel, ce ne peut pas être lui,Samir, cet homme neuf, célébré, divinisé, une création personnelle et originale, un prince cerné par sa camarilla, rompu à la rhétorique captieuse - à la télé, ils’adonise, s'érotise, plaît aux hommes, aux femmes, adulé par tous, jalousé peut-être, mais respecté, un virtuose du barreau, un de ceux qui disloquent le processus accusatoire, démontent les démonstrations de leurs adversaires avec un humour ravageur, n'ont pas froid aux yeux -, ce ne peut pas être lui ce loup de prétoire artificieux,là-bas, à New York, sur CNN, son prénom américanisé en lettres capitales SAM TAHAR et, plus bas, son titre :lawyer- avocat -, tandis que lui,Samuel, dépérissait dans un bouge sous-loué sept cents euros par mois à Clichy-sous-Bois, travaillait huit heures par jour au sein d'une association en tant qu'éducateur social auprès de jeunes-en-difficulté dont l'une des principales préoccupations consistait à demander :Baron, c'est juif?/passait ses soirées sur Internet à lire/commenter des informations sur des blogs littéraires (sous le nom de Witold92)/écrivait sous pseudonyme des manuscrits qui lui étaient systématiquement retournés -son grand roman social ? On l'attend encore... -, ce ne peut pas être lui, Samir Tahar, transmué, méconnaissable, le visage recouvert d'une couche de fond de teint beige, le regard tourné vers la caméra avec l'incroyable maîtrise de l'acteur/du dompteur/du tireur d'élite, les sourcils bruns épilés à la cire, corseté dans un costume de grande marque taillé à ses mesures, peut-être même acheté pour l'occasion, choisi pour paraître/ séduire/convaincre, la sainte trinité de la communication politique, tout ce qu'on leur avait transmis jusqu'à la décérébration au cours de leurs études et que Samir mettait maintenant à exécution avec la morgue et l'assurance d'un homme politique en campagne, Samir invité à la télévision américaine, représentant les familles de deux soldats américains morts en Afghanistan, entonnant le péan de l'ingérence, flattant la fibre morale, tâtant du sentiment et qui, devant la journaliste qui l'interrogeait avec déférence - qui l'interrogeait comme s'il était la conscience du monde libre ! -, restait calme, confiant, semblait avoir muselé la bête en lui, maîtrisé la violence qui avait longtemps contaminé chacun de ses gestes, et pourtant on ne percevait que ça dès la première rencontre, la blessure subreptice, les échos tragiques de l'épouvante que ses plus belles années passées entre les murs crasseux d'une tour de vingt étages, entassés à quinze, vingt - qui dit mieux- dans des cages d'escaliers où pissaient les chiens et les hommes, que tant d'années à crever là-haut, au dix-huitième avec vue sur les balcons d'en face d'où brandillaient les survêtements - contre- façon Adidas, Nike, Puma achetées, marchandées à Taïwan/Vintimille/Marrakech pour rien ou chinées chez Emmaüs-, tricots de corps grisés, maculés de sueur..."
"Elles n'ont pas compris que le pouvoir, elles l'ont. Leur jeunesse est leur pouvoir. Elles ont vingt-cinq, trente ans. Elles sont diplômées, travailleuses, ambitieuses, elles ont bénéficié de tous les acquis du féminisme sans avoir à revendiquer quoi que ce soit, sans avoir à se battre, mais elles baissent les yeux
devant les cadres,sexagénaires mâles et mal mariés : incroyable ! Elles baissent les yeux quand ils les complimentent sur la couleur de leurs cheveux. Et quand ils les regardent fixement au moment où elles s'adressent à eux - l'illusion hypnotique, ça marche encore? Devant les vieux prédateurs elles jouent les biches, les apeurées, les faibles, elles jouent les femmes d'un autre âge, elles perdent leurs moyens, c'est sûr, elles feraient honte à leurs mères, mais regardez-les, ces apôtres de la performance, le sexe durci par le viagra, le ventre plat et les cheveux teints, les yeux fixés sur elles, prêts à bondir. La tentative de captation, une amorce à la séduction et peut-être, pour finir, la possession. Elles ne voient rien - ou font semblant de ne rien voir.Les remarques machistes, les allusions sexuelles - elles passent outre. "
"Quand la plupart des femmes rêvaient de s’offrir des implants, Ruth Berg réduisait, photo à l’appui. Son modèle, c’était Diane Keaton dans Annie Hall, pantalon à pinces, gilet d’homme, chapeau vissé sur la tête – une petite intellectuelle new-yorkaise chic.Comment Samir pouvait-il la remarquer ?"
"Une fille pareille possédait tout ce qui pouvait encore impressionner Tahar. L'un des plus beaux carnets d'adresse de New-York. La respectabilité sociale. La considération des puissants. Ça lui importait. Ça comptait beaucoup pour lui qui n'avait jamais été cet homme estimé, célébré."
"Une fille pareille possédait tout ce qui pouvait encore impressionner Tahar. L'un des plus beaux carnets d'adresse de New-York. La respectabilité sociale. La considération des puissants. Ça lui importait. Ça comptait beaucoup pour lui qui n'avait jamais été cet homme estimé, célébré."
"Il suait comme un marathonien. C’était l’angoisse. Il savait – au fond, il le savait depuis le premier jour – que le judaïsme n’était pas un détail, il était toute sa vie. On le prenait pour un juif. Ses associés étaient juifs, sa femme était juive et, par un effet de rebond, ses enfants seraient juifs.La plupart de ses amis étaient juifs. Ses beaux-parents n'étaient pas seulement des juifs mais des juifs pratiquants, des juifs orthodoxes."
"Une femme dont chaque geste électrise le moindre acte de la vie quotidienne. Regarde-la lire.Regarde-la travailler. L’observer au moment où elle entre dans une pièce ou traverse la rue est en soi une expérience érotique, non parce que Nina cherche à attirer les regards ou à se placer au centre des choses – elle est trop discrète pour cela et sans posture, sans ambiguïté – mais parce que cette plastique parfaite semble l’entraver. Elle n’est pas libre de ses mouvements ; elle ne peut pas lâcher ses cheveux, mettre un short, un débardeur un peu échancré, et sortir prendre l’air. Si elle le fait, si elle investit les territoires de la spontanéité, de la sensualité, elle sera sifflée, abordée, draguée, matée, et pour une fille comme elle, aussi détachée des lois iniques de l’attraction, aussi indifférente aux rapports de séduction artificiels qu’ordonne la vie sociale, c’est insupportable."
"Auprès d’une femme aussi belle, tu es un convoyeur fébrile au volant d’un camion blindé. Concentre-toi : tu transportes le contenu de la Banque de France ; tous les braqueurs sont là, qui t’attendent, prêts à te faire sauter la tête d’un coup de chevrotine pour s’enfuir avec le butin. Ce que tu possèdes, ils le veulent aussi et avec plus d’intensité, plus de force que toi, car ils ne l’ont encore jamais eu entre les mains, ils ne savent pas ce que c’est que d’être riche d’une femme aussi belle."
"Aux Etats-Unis, tu te retiens / te contiens, tu te brides / te brimes, tu te domines. Tu ne sais pas? Tu vas apprendre. Crois-moi. Ce n'est pas un conseil. C'est une injonction. Ne convoite pas la femme de ton prochain. Ne la regarde même pas.Évite de te retrouver seul avec elle. Si elles est excitante, si elle cherche à te séduire, raisonne-toi. Prends rendez-vous avec un psy. Parle à un ami. Parle-moi. Respire fort. Prends un calmant, une douche froide, un objet de substitution. Ne laisse jamais le désir prendre la place de ta conscience, étouffer ton sens moral, car c'est lui, ici, qui gouverne toute une nation. C'est lui, ici, qui détermine ton avenir et ta place dans la société américaine."
"Etre avocat, ce n'est pas prouver l'innocence de son client mais démonter les arguments de l'adversaire."explique-t-il. A ses détracteurs qui lui reprochent son opportunisme et sa préférence pour des affaires médiatisées, il réplique par un adage oriental : "Assieds-toi au bord du fleuve, et tu verras passer le cadavre de ton ennemi."
"Il y a quelque chose de profondément tragique, qui dit lafragilité humaine, dans la fréquentation d'un être dont la sensibilité exacerbée commande le rapport au monde, la place sociale, un être à vif, un cobaye dont la société teste la résistance à la brutalité."
"Tant de docilité, ça bouleverse un homme comme lui, habitué à travailler avec des femmes fortes, politisées, des féministes qui ne baissent pas la garde et répondent à chacune de ses attaques. Il pense : C’est moi le politique influent, l’énarque, aux pieds de cette femme de ménage arabe ? Il a le sentiment de s’humilier, et il aime ça. Il est prisonnier de ses pulsions. Cette femme au teint basané le rend fou. Elle lui a fait perdre la tête, sa dignité, sa sérénité et il le sait, il y a quelque chose de jouissif dans cette perte de contrôle, cette façon de lâcher prise, pour cet homme élevé dans les préceptes d’un catholicisme rigoureux, selon une morale bourgeoise qui n’autorise rien et condamne tout. La voilà sa fleur d’Orient. Quel cliché ! L’aversion comme stimulant sexuel, mais c’est plus fort que lui, ça l’écrase, ça l’envahit, il ne peut pas penser à autre chose. Il pourrait perdre son poste, il est capable de tout pour cinq minutes de plaisir avec sa femme de ménage. Oh, se persuade-t-il, ce n’est pas grand-chose, du troussage de domestique, rien de plus. Il lui en veut d’avoir fait de lui cette chose molle et sans volonté, cet exécutant. Cette petite femme brune a bouleversé l’équilibre de son existence ordonnée, et ça le panique."
"La honte des origines, il l’éludait comme il pouvait. Il n’invitait personne chez lui et avait exigé que sa mère ne vînt jamais le chercher à la sortie des cours."
"-Tu es à moi. Tu m'appartiens", tant il était persuadé que les conflits se résolvaient par la prise de pouvoir sexuelle. L'agressivité comme ressort érotique. L'hostilité comme combustible du désir. Ils n'avaient trouvé queça, pour durer. Et elle se laisse faire alors qu'elle devrait le repousser, elle ne réplique rien - cette docilité soudaine, cette forme inattendue de placidité, c'est l'expression la plus terrible du détachement."
"Ils s'assoient. L'épreuve de les voir ensemble, amoureux, souriants, l'épreuve de s'asseoir en face deux, de les voir se caresser, s'enlacer. L'épreuve d'écouter le récit de leur réussite personnelle, sociale. L'épreuve de la sentir près de lui et de ne pas pouvoir la toucher. L'épreuve d'être au milieu d'une foule, dans le bar d'un hôtel, assis, corseté, convenable, quand il aimerait être seul avec elle dans une chambre. L'épreuve de penser au chaos qu'est devenue sa vie intime quand leur bonheur s'exhibe devant lui comme une pute qu'il n'a pas les moyens de s'offrir."
"Ça ressemble à ça la confrontation, à l’heure de l’affichage des indicateurs sociaux, le duel, deux hommes qui convoitent la même femme, des regards qui se jugent, se jaugent, se croisent et analysent, disculpent les pensées intimes, ça ressemble à la lutte, au combat. Quelle tension ! Et elle au milieu, qui la suscite par sa seule présence – la tension sexuelle –, elle est quelque part et tout s’électrise. C’est rare un tel phénomène, ce n’est pas seulement la beauté, des filles belles, il y a en a plein dans ce bar d’hôtel, des corps parfaits moulés dans des robes à quatre mille dollars, des filles aux traits sculptés dont la beauté coruscante emporte tout, mais une femme qui capte la lumière avec autant d’intensité, une femme dont tu perçois le potentiel érotique malgré la distance qu’elle instaure, un périmètre de sécurité, tiens-toi à bonne distance de moi, tu peux toujours chercher, pas une seule."
"Une fille pareille, dans un lit, ça donne quoi ? Est-ce qu’elle se renferme davantage ? Est-ce qu’elle se lâche ? Samir le sait – c’est explosif. Tu y vas comme un démineur, surprotégé, tendu, concentré, sans être sûr d’en revenir indemne. Tu y vas et tu découvres qu’une fille comme elle, tu ne parviendras jamais vraiment à la posséder, à t’en faire aimer."
"Pendant toutes ces années, elle attendait quelqu’un, quelque chose, mais personne n’est venu la sauver et rien ne s’est produit. Une fille pareille aurait dû vivre mille vies. Elle énonce mentalement ses dons, ses aptitudes, ce que la nature lui a donné, ce qu'elle a acquis par l'éducation, le travail, la persévérance, la séduction, et elle dresse son constat : Voilà, j'ai raté ma chance."
Ça y est, tu l'as revu, ça te remue, ça t' épate, il a réussi, ça t’excite ! Tu veux que je te dise ? J'ai fait tout ça pour te tester et tu es comme lui ! Une opportuniste ! Une arriviste ! Vous êtes les purs produits d'une société corrompue jusqu'à l'os ! Réussir... Réussir... cet idéal social hallucinatoire ! Cette ambition grotesque ! Tu y as été soumise comme les autres ! Mais moi...je n'ai jamais été des vôtres !"
"Les codes sociaux, il n'a jamais su s'y plier, il prenait sa mine dégoûtée, il était contre, il se rêvait en homme libre alors qu'il n'y avait pas un être plus attaché à sa compagne, à son confort, que lui ; il se voyait en homme révolté qui croit qu'il crache sur le système clanique, le capitalisme, alors que c'est sur lui qu'il crache. C'est lui qu'il disqualifie, qu'il élimine ! Carton rouge ! Il se met hors jeu."
"Quelque chose de fort le reliait encore à elle (sa mère) sans qu'il fût capable d'expliquer précisément quoi. Un lien filial solide ? Un amour névrotique ? Oui, sans doute, comme tout fils nourri au lait de la tendresse humaine la plus pure, sa mère restait la femme la plus importante de sa vie, mais il y avait une autre raison à la survivance de ces liens qui pourtant l'entravaient : la crainte d'écarter trop brutalement, la peur de blesser une femme qui avait eu une vie dure, une vie d'humiliations, une de ces existences sordides dont on cherche en vain à nommer les responsables, à déterminer les causes : une enfance pauvre, un mariage forcé, l'exil et la misère, la manipulation - une vie de merde. Il ne pouvait pas penser à sa mère sans être révolté, sans avoir la rage."
"Il ne croit pas aux vertus de la souffrance, de la mise à l'épreuve, il ne croit pas que le fait d'avoir dû braver les pires difficultés pour réussir, connu la pauvreté, les privations, les humiliations et les coups, vous endurcisse. Au contraire. Il en est sûr : la misère vous rend fragile. Le manque vous affaiblit, physiquement moralement. Au mieux, il vous imprime une force de ressentiment - et la rage peut être un moteur social, bien sûr, elle permet parfois d'enfoncer des portes, mais entre et tu verras ta rage te stigmatisera. Entre et tu opteras aussitôt pour le mimétisme, une forme de conformisme qui n'exclut pas l'originalité mais dit l'appartenance. Car au cœur de l'élite sociale, ce n'est pas la rage qui fascine mais le contrôle, la maîtrise de soi. La vraie capacité de résistance est là. C'est ainsi qu'on se distingue vraiment. Et ce contrôle - Samir l'a compris au contact de Ruth -, est lié à la force mentale peut-être mais surtout à l'éducation. Apprendre à contenir ses émotions, partout, tout le temps. Ne jamais se plaindre publiquement."
"Il n'a jamais supporté ces manifestations exubérantes et sentimentales, lui qui a fait de sa vie un secret, de la discrétion un mode de vie, et il se détache d'elle dans ces moments où il lui semble qu'ils n'ont plus rien en commun, qu'il ne vit plus comme elle, a adopté d'autres comportements, d'autres croyances, une façon de vivre plus conforme, croit-il, à l'homme qu'il est devenu, à l'avocat respecté/envié/copié."
"Dans toute liaison amoureuse, vient le moment où il faut trouver le meilleur moyen de capturer l'amour, de le figer dans un cadre sûr - un appartement, une légalisation. C'est une option qui mène irrémédiablement à l'échec, ils le savent, tout le monde le sait ; pourtant, ça ne dissuade personne. Au bout d'un certain temps, les amants veulent vivre ensemble alors que c'est précisément parce qu'ils ne vivent pas ensemble qu'ils s'aiment."
"Pourquoi est-ce qu'il lui dit cela ? Pourquoi proposer une option inenvisageable alors qu'il a fait le choix d'une vie conventionnelle et parfaitement réglée, une de ces existences privilégiées, socialement enviables - en apparence seulement, car cette insouciance économique a un prix : la perte de sa liberté. Il est le mari de Ruth Berg. Le gendre de Rahm Berg. Il peut toujours essayer de l'oublier ou de faire comme si ce n'était qu'un détail - il ne doit sa place sociale qu'à sa femme et à sa famille. Il a bien réussit par lui-même, oui, mais son introduction dans les clubs les plus fermés, la rencontre avec les clients les plus influents, ceux que l'on n'approche que par cooptation, recommandation, sa valorisation sociale, il les leur doit. Il peut bien promettre à Nina une vie meilleure où tout serait de nouveau possible : il ment."
"Samuel n'avait plus aucune raison de vivre depuis que Nina lui avait annoncé qu'elle avait l'intention de le quitter, sur un ton solennel et les yeux baissés comme un condamné avant le verdict, c'était une question d'heures, de jours, elle allait le quitter parce qu'elle était amoureuse de Samir, et il l'était aussi, lui avait-elle précisé, comme si leur amour comptait double, que les chiffres parlaient pour eux, gonflaient leurs sentiments, la réciprocité valorisant l'amour, tandis qu'en se retirant de sa relation avec Samuel, elle la réduisait à l'unicité, au sens unique, à l'impasse, elle divisait, retranchait, c'était mécanique, scientifique, elle avait longuement hésité à prendre cette décision, elle en avait parlé avec Samir - et à Samuel d'imaginer les longs conciliabules, les arguments pour ou contre, à Samuel d'assumer les conséquences personnelles d'une telle trahison, ils s'aimaient, qu'on se le dise, et peu leur importait qu'un tiers fût sacrifié, l'amour légitimait la destruction, justifiait la souffrance causée, l'amour était un maître, un état tyrannique auquel nul n'aurait su opposer, elle le quittait malgré la longue complicité, les vingt années passées ensemble, elle le quittait en dépit des promesses qui ne valent rien, des mots prononcés qui ne pèsent pas lourd face à ceux qui le seront, elle le quittait par amour pour un autre / lassitude / ennui, avec détermination et quelques états d'âme aussitôt balayés par l'ampleur de la passion à naître, cette chance qui ne se présenterait pas une nouvelle fois, elle le quittait par indifférence comme si les souvenirs communs avaient été gelés, momifiés, fondus dans le plomb, inutilisables, inexploitables, c'était fini, c'était mort, leur amour, un crassier à enflammer d'un coup d'allumette craquée dans l'alcool, le plus pur, le plus fort, celui qui tue, et elle avait essayé de le raisonner, de lui expliquer que c'était mieux ainsi, avec des arguments captieux, elle et Samir d'un côté, lui, d'un autre, application stricte du principe de séparation des espèces. Tu n'uniras pas celui qui aime à celui qui n'aime plus. "
"...Elle minimisait les faits, les mutait en banal fait divers, des ruptures, il y en a tous les jours, et ce n'est rien comparé à une guerre, une maladie, ce n'est rien comparé à la mort,
je m'en remettrai,
tu t'en remettras,
il s'en remettra,
nous nous en remettrons,
vous vous en remettrez,
ils s'en remettront.
... mais non, quel désastre les suites de l'amour, l'infection généralisée, on l'a amputé d'elle, ça gangrène, étrangeté médicale, regardez-le, incapable de respirer, d'analyser l'annonce avec calme, avec recul, apportez le masque à oxygène, les ventilateurs, les éventails, allumez les climatiseurs, ouvrez les fenêtres - Ouvrez ! Il étouffe !il ne peut pas apprendre à relativiser, ne peut pas se calmer, la machine à pleurer s'emballe..."
"Ce moment où enfin, à quarante ans, il se sent à l'acmé de sa maturité intellectuelle, en pleine possession de ses moyens, et pour un homme comme lui, qui a fait de sa vie un exercice de renoncement, c'est jouissif. Rien ne l'excite plus que d'obéir à l'agencement des mots, d'écrire des phrases dont le rythme le trouble, d'inventer des personnages et de vivre avec eux , dans le monde qu'il leur a créé, celui d'une virtualité nécessaire pour supporter l'autre monde, le réel."
"-Tu tiens un discours de faible, tu as une mentalité d’humilié. Cette façon de voir, de penser, c’est étroit, c’est petit… Cela laisse entendre qu’on est immuablement victime de ses origines, de son histoire et de son éducation. C’est faux. Tout, dans la vie, n’est qu’une question de détermination et de désir. Tout n’est qu’une question d’opportunités, de rencontres et de chances à saisir. J’en ai la certitude, et je vais aller plus loin : j’en suis la preuve. Une porte se ferme ? Tu frappes à une autre, au pire, tu la défonces… "
"C’est vrai, il y a une discrimination réelle mais tu te trompes, elle est sociale pas raciale… Ton adresse t’as peut-être porté préjudice, mais pas ton nom…"
"Avec les juifs, on est dans la revendication agressive, jamais dans l’introspection, l'examen de conscience! Mais quand un arabe dit qu'il subit des injures raciales, un délit de faciès, des discriminations on dit qu'il se plaint trop, exagère, joue les victimes, les insatisfaits, on dit qu'il s'intègre mal, que c'est de sa faute, qu'il n'a qu'à retourner d'où il vient, dans les pays où on grandi ses parents, changer de prénom, et c'est ce que j'ai fini par faire! Je ne suis pas paranoïaque, crois-moi, je sais ce que je dis, j'ai envoyé plus de cinquante CV, je n'ai pas reçu une proposition d'entretien, et dès que j'ai changé mon prénom, je suis devenu intéressant, intelligent, on a commencé à m'écouter, à prendre en considération mes opinions, je suis devenu visible! la francisation de mon prénom m'a conféré une légitimité que mes compétences, mes diplômes ne m'accordaient pas! Tu peux croire une chose pareille? Au vingt et unième siècle!"
"Tu veux entendre une vérité brutale ? Le genre de choses qu'on ne dit pas publiquement pour préserver la paix civile ? La vérité, c'est que les Arabes se sentent humiliés et les juifs, persécutés. La vérité, c'est que les Arabes réagissent encore comme si on cherchait à les dominer, à les coloniser, et les juifs, comme s'ils risquaient toujours d'être exterminés. Chaque groupe doit composer avec ça… et parfois même, ça mène à une concurrence victimaire : qui a le plus souffert ? Qui souffre le plus ? Qui a le plus de morts ? Qui est le bourreau ? La victime ? C'est nous ! Non, c'est nous ! C'est pitoyable, c'est indigne. Ça me désole… Ça me désole de n'exister qu'à travers le prisme du rapport de faiblesse, de la compétition des martyrs..."
"Il n'avait pas dormi de la nuit. Il n'avait fait que répéter ce qu'il allait lui dire, et finalement, le jour du rendez-vous, ils n'avaient presque échangé aucun mot. L'éditeur parlait très peu, Samuel, pas du tout. Mais il avait un contrat d'édition signé. Plus tard, quand un journaliste le soumettrait au Questionnaire de Proust, à la question Où et Quand avez-vous été le plus heureux ? il répondrait : "Dans le bureau de mon éditeur." Au cours des semaines suivantes, ce dernier l'avait appelé plusieurs fois pour suggérer quelques changements. Il se souvenait d'un appel à l'aube à cause d'une virgule : fallait-il la conserver ou la retirer ? Il avait un doute. C'était dans ce monde-là et pas ailleurs qu'il voulait vivre désormais, un monde où la place d'une virgule importait plus que la place sociale."
"L'argent affecte tout. Il affecte les relations avec vos amis, votre famille, les personnes que vous rencontrez et il vous affecte, vous, colonisateur discret qui prend ses aises, vous mutez sans le savoir, vous devenez ce que vous détestez."
"L’obligation de réussir – cette menace qui pèse sur vous dès la naissance, cette lame que la société vous place sous la gorge, qu’elle maintient fermement jusqu’à la suffocation et ne retire qu’à l’heure de la proscription, ce moment où elle vous met hors jeu, vous disqualifie, c’est l’heure du grand nettoyage, on élimine comme on dérode ! – ce qu’il y a de jouissif dans ce bannissement dont on ne sait jamais s’il est provisoire ou définitif, cet instant où l’on est admis dans la confrérie des finis/des ratés/des has been, ceux que l’âge ou l’échec ont marginalisés, les sans-papiers et les sans-grade, les petits et les simples, les inconnus et les ternes, ceux qui pointent aux Assedic, se lèvent tôt, dont le nom ne vous dit rien, ceux que l’on ne prend pas au téléphone, que l’on ne rappellera jamais, auxquels on dit « non », « plus tard », pour lesquels on n’est jamais libre et jamais aimable, les moches, les gros, les faibles, les femmes jetables, les amis ridicules, les débarrassant – enfin – de la peur de décevoir, de la pression que le souci de plaire fait peser sur eux, ces impératifs que l’on s’impose à soi-même, par individualisme/goût des honneurs/soif de reconnaissance/de pouvoir/mimétisme/instinct grégaire – tous ces effets dévastateurs des rêves avortés de l’autorité parentale/du déterminisme/des utopies hallucinatoires, cette injonction brutale qui régit l’ordre social et jusqu’aux rapports les plus intimes – Soyez PERFORMANTS ! Soyez FORTS ! il y avait été soumis comme les autres -, mais moins prégnante aujourd’hui où personne n’espérait plus rien de lui, où lui-même n’aspirait qu’à jouir de son identité retrouvée, la lame avait ripé, au suivant !"
Mon humble avis :
Deuxième livre que je lis de cet auteure...J'avais adoré "les choses humaines"...
http://brigitisis.centerblog.net/9205-
Et celui-là m'a enthousiasmé : l'histoire, le style particulier qui donne un certain rythme au récit, l'écriture...
Prenant! Captivant! Encore un livre qu'on a du mal à lâcher et qui, une fois refermé nous laisse imprégné de l'histoire et des personnages.
Tant de sujets graves et importants sont traités de façon profonde et documenté.
- Peut-on échapper à ses origines?
- L'importance du rang social, du milieu de sa naissance, de l'identité.
- Le sujet des religions et leur importance, leur danger, leur pouvoir..Religion juive et l' islam
-Le terrorisme
-Les médias
-Le pouvoir de l'argent
- Le pouvoir des castes
- Le racisme
- L'amour
- L'infidélité et le désir sexuel
- Les femmes
-La renommée
- La responsabilité / culpabilité de la justice.
- La création littéraire
- La manipulation
- Le règne de l'apparence et du tape à l'oeil face au moi profond.
Un livre marquant, superbement bien écrit et passionnant.
Un merveilleux moment de lecture.