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fort joli !! http://lescock ersdemaryse.ce nterblog.net
Par lescockersdemaryse, le 25.11.2025
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Par lescockersdemaryse, le 25.11.2025
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Par lescockersdemaryse, le 25.11.2025
bonjour brigitte, je passe te faire un petit coucou avant que tu partes te faire opérer, je penserai bien à to
Par Harmony2011, le 25.11.2025
coucou bonne semaine et bon courage pour le 28
gros bisous a toutes les 2 http://lescock ersdemaryse.ce nte
Par lescockersdemaryse, le 24.11.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
26.11.2025
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Le derviche et la petite corneille
Perdu dans ses pensées,un derviche traversait une profonde forêt.
Son attention fur soudain attirée par un faucon.
Photo : http://dp.mariottini.free.fr/carnets/dubai/rapaces/vie-rapaces.htm
L'oiseau tenait un morceau de viande dans son bec.
Il se posa sur une branche, lâcha sa proie et poussa un cri perçant. Intrigué, le derviche s'approcha et découvrit un nid.
Une petite tête en dépassait, celle d'une corneille encore privée de plumes.
Le bébé, manifestement orphelin, était nourri par le rapace.
Photo : http://www.slate.fr/story/83089/oiseaux-dormir-nid
- Grande est la gloire de Dieu, s'écria le derviche.
Grâce à lui, une petite corneille est sauvée de la mort par un faucon aux griffes acérées.
Dans le fond, ce rapace vaut beaucoup mieux que moi.
Mon avarice est célèbre...
C'estdécidé, je vais me délivrer de ce défaut en abandonnant tout effort. Dieu me donnera de quoi survivre.
La décision du derviche était absurde.
Il se retira pourtant dans un lieu isolé et cessa de travailler.
Il demeura trois jours et trois nuits sans boire et sans manger, attendant qu'un miracle se produise.
Sa faiblesse devint si grande qu'il n'avait plus la force de répéter ses prières.
Pour le tirer de son erreur, Dieu lui fit entendre sa voix.
Il s'expliqua en ces termes :
Photo : http://www.legorafi.fr
- Toi qui me sers, sache que j'ai crée l'univers à condition que les hommes travaillent pour se nourrir.
Si cette condition n'est pas respectée, qu'ils ne comptent pas sur moi pour se tirer d'affaire...
-Imitez le faucon ! conclut le père.
Poursuivez la proie comme lui ! Ou, si vous n'avez pas compris la morale de ma fable, travaillez pour nourrir vos enfants !
Le fils aîné ne trouva rien à répondre.
Il céda la parole au cadet, qui demanda :
- Pourtant, un point me chagrine encore.
Une fois que l'on est riche, que faire de son argent ?
-Deux précautions sont nécessaires.
Tout d’abord, placer ses biens à l'abri des voleurs.
Ensuite éviter le gaspillage.
Beaucoup se sont retrouvés avec du vent entre les mains, c'est-à-dire rien.
Le suicide d'une souris tombée dans le malheur en témoigne.
-Le suicide d'une souris ?
- Ne vous ai-je pas raconté cette histoire quand vous étiez au berceau ?
Marc Séassau
" Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
Envie de partager ici ces superbes "Contes de la sagesse indienne " si bien contés... Ici chapitre 11.
Ces photos trouvées sur le net sont très belles !
Merci à leurs créateurs pour leurs partages."
Brigitisis
image : Pinterest
Le roi et le derviche
Dans la ville d'Alep, aux confins de l'Arabie, régnait un roi qui avait vécu des bons et des mauvais moments.
Ses deux fils, les princes, étaient enflés d'orgueil depuis leur naissance.
Ils passaient leurs journées à ne rien faire, en attendant de bénéficier de l'héritage.
Le roi condamnait leur attitude.
Il craignait avec justesse que les deux paresseux ne dilapident sa fortune dès qu'il aurait disparu. Il avait eu tant de mal à accumuler son or et ses pierreries !
Pour éviter un tel gaspillage, il fit enterrer son trésor dans l'ermitage d'un derviche retiré non loin de la ville.
Comme vous le savez, les derviches sont des religieux vivant en Perse.
Celui-ci avait acquis une grande réputation.
Tous le considéraient comme un personnage digne de confiance.
Après avoir caché sa fortune, le roi confia son testament au saint homme :
- Comme je le prévois, mes fils se ruineront très rapidement.
Quand ils seront réduits à la mendicité, je vous demande de leur signaler l'existence de ce trésor.
Peut-être qu'après avoir beaucoup souffert, ils ne jetteront plus l'argent par les fenêtres.
Le derviche promit de respecter ces dernières volontés et le roi revint au palais.
Il demanda à ses meilleurs architectes de construire une grande tour puis déclara aux princes :
- Cette construction me servira de coffre-fort.
Après ma mort, si vous êtes dans le besoin, vous y trouverez de quoi rétablir votre fortune.
Le roi s'éteignit peu après.
A peine leur père enterré, les deux frères entrèrent en guerre.
Chacun désirait s'emparer du trône et du trésor.
Le sang coula.
Des cris de souffrance emplirent l'air des villes et des campagnes.
Mais l'aîné écrasa l'armée de son cadet sans pitié.
Ce dernier se retrouva seul, abandonné de tous et privé d'héritage.
Au lieu de pleurer sur son sort, il se dit en lui-même :
"Mon père avait mérité l'affection d'un derviche.
Peut-être acceptera t-il de m'accueillir..."
Il prit la route, chemina une semaine en mendiant sa nourriture et arriva à l'ermitage.
L'endroit était à l'abandon, déjà envahi par les mauvaises herbes.
Pas une trace de vie !
- Vous cherchez l'ermite ? demanda un passant.
- C'était un vieil ami.
- Il est mort quelques jours après le roi.
- Puisque le destin a guidé mes pas jusqu'ici, je prendrai sa succession.
Plus tard, alors que le prince déchu visitait sa nouvelle demeure, il remarqua un tuyau qui amenait l'eau de pluie dans la citerne.
Ce tuyau était sec.
Il descendit dans la fosse, s'efforça de déboucher la canalisation et découvrit que le sol avait été récemment remué.
Tenaillé par la curiosité, il alla chercher une pioche et creusa.
Il ne lui fallut pas longtemps pour mettre au jour l'entrée de la cachette aménagée par son père.
Il souleva la dalle, fut ébloui par le scintillement de l'or et des joyaux, se prosterna et remercia Dieu de ses bienfaits.
- Voici une fortune extraordinaire, dit-il à mi-voix.
Mais j'aurai tort de me réjouir trop vite.
Je vais attendre le moment favorable pour l'utiliser.
Le nouveau roi, son frère, ne se montrait pas aussi sage.
Privé de volonté et d'expérience, il dépensait son argent sans compter.
Pourquoi s'en faire ?
Son père n'avait-il pas caché ses biens les plus précieux dans la tour qui lui servait de coffre-fort ?
Un beau jour, un ennemi puissant prit les armes contre lui.
A cette nouvelle, le roi fit appeler son ministre des Finances pour lever une armée.
Il découvrit avec stupeur que les caisses de l'Etat étaient presque vides.
- Je sais où trouver de quoi nous tirer d'affaire !
Il s 'enferma dans la tour, chercha fiévreusement le trésor, mais ne trouva que des pièces vides.
Privé de ressources, il ramassa ce qui lui restait, rassembla ses maigres troupes et marcha au-devant de son rival.
La bataille fut brève.
Au plus fort de la mêlée, le coeur du souverain fut transpercé par une flèche qui lui ôta la vie.
Au même instant, son adversaire était décapité par un sabre.
La disparition des deux rois fut suivie d'une grande confusion.
Les soldats frappaient au hasard, tuant aussi bien leurs amis que leurs ennemis.
On aurait dit qu'en perdant leurs chefs ils avaient également perdu la tête.
Après beaucoup de sang répandu, les généraux se réunirent pour faire cesser le massacre.
Ils décidèrent de désigner un nouveau monarque.
Leur choix se porta sur le prince retiré dans l'ermitage...
Le fils du marchand arrêta là son récit.
Il releva la tête, dévisagea son père et reprit :
- Cet exemple prouve que nous ne sommes pas libres.
Dieu a tout décidé à l'avance.
Mieux vaut profiter de la vie en attendant que notre destin s'accomplisse. C'est ce que j'ai décidé de faire.
Le marchand répondit aussitôt :
- Dieu gouverne toute chose, c'est vrai.
Mais rien ne se fait sans notre participation.
Un laboureur ne peut travailler ses champs s'il ne sait utiliser sa charrue !
Il en va de même pour vous.
Dieu vous donne les moyens de réussir votre vie ? Profitez-en ! L'histoire du derviche, du faucon et de la petite corneille montre de façon éclatante qu'il est mauvais de se laisser aller à la paresse.
Marc Séassau
" Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
Envie de partager ici ces superbes "Contes de la sagesse indienne " si bien contés... Ici chapitre 10.
Ces photos trouvées sur le site de Pinterest sont très belles !
Merci à leurs créateurs pour leurs partages."
Brigitisis
Le marchand et ses deux fils
Autrefois, vivait un marchand qui avait vu le monde.
Ses nombreux voyages l'avaient parfois enrichi et parfois ruiné, ce qui lui avait fait acquérir une grande sagesse.
Par bonheur, les dernières années de son commerce lui avaient permis d'amasser une fortune.
Mais la vie passe vite.
Un jour, alors qu'il observait ses cheveux blancs et ses traits tirés dans un miroir, il comprit que la mort approchait.
C'est pourquoi il appela ses deux fils près de lui.
Ces fils étaient devenus des adultes.
Ils ne manquaient ni de courage ni d'intelligence, mais l'existence leur avait été trop facile.
Leur père les aimait tendrement.
Il craignait qu'après sa disparition, ils ne sombrent dans la paresse.
- Mes enfants, leur dit-il, tout ce que vous avez vient de moi.
Il est donc normal que vous ne connaissiez pas la valeur de l'argent. Je voudrais vous mettre en garde avant qu'il ne soit trop tard.
La fortune obtenue sans travail se disperse au gré du vent.
Le fils aîné hocha la tête de droite à gauche :
- Vous vous trompez, répondit-il.
Si l'on devient riche, on le doit uniquement à la volonté de Dieu c'est ainsi.
Qu'on se fatigue ou pas, on n'obtiendra que ce que notre destin a ordonné ! Voilà pourquoi j'ai décidé de ne jamais travailler
Vous ne me croyez pas ? Ecoutez donc ce qui arriva aux deux princes...
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
Envie de partager ici ces superbes "Contes de la sagesse indienne " si bien contés... Aujourd'hui chapitre 9.
Ces deux photos trouvées sur le site de Pinterest sont très belles !
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Brigitisis
Le jeune léopard
En Perse, près de la ville de Bassora, se trouvait une île au climat tempéré.
Elle était couverte d'une forêt agréable et arrosée par plusieurs sources d'eau vive.
Ces ruisseaux étaient bordés de fleurs multicolores et d'arbres fruitiers.
C'est pourquoi l'endroit était appelé Ferah-Esza, ce qui signifie "Augmentation de la joie."
Un léopard des plus féroces s'était rendu maître de la forêt.
Son pouvoir était si absolu que les lions eux-mêmes obéissaient à sa loi.
Il avait pour successeur un jeune fils qu'il aimait comme la prunelle de ses yeux.
Mais le destin se montre parfois cruel.
Le vent de la dernière heure se leva.
Il frappa le roi de Ferah-Esza et fit tomber les feuilles de sa vie.
De nombreux animaux attendaient cet instant.
A peine la mort du léopard annoncée, ils accoururent de toutes parts et envahirent la forêt.
Le jeune héritier n'était pas de taille à lutter.
Il les laissa s'entre-déchirer, jusqu'à ce qu'un lion soit déclaré vainqueur.
C'était lui, désormais, le maître des lieux.
Le léopard choisit l'exil.
Il traversa des montagnes et des déserts sans parvenir à se fixer.
Après plusieurs semaines d'errance, il s'arrêta dans un bois qui lui semblait plus accueillant.
On s'empressa autour de lui.
On s'inquiéta de sa santé. On lui posa mille questions auxquelles il finit par répondre.
- Le nouveau maître de Ferah-Esza? s'exclamèrent ses nouveaux compagnons.
Nous avons entendu parler de lui.
Sans aucun doute, il vous a injustement dépossédé de vos terres. Mais c'est un fauve sans pitié. On dit qu'il est si féroce que même les griffons du Caucase n'osent pas survoler ses terres.
Une vieille gazelle, réputée pour sa sagesse, lui glissa à l'oreille :
- Vous auriez tort de chercher l'affrontement. retournez à la cour et faites semblant de vous soumettre. Peut-être que vous parviendrez à obtenir ce que vous désirez tant.
Le jeune léopard trouva que cet avis valait la peine d'être suivi.
Il remercia ses hôtes et retourna chez lui.
Dès son arrivée à Ferah-Esza, il rendit hommage au roi.
Flatté de son attitude, le lion accepta qu'il fasse partie de sa suite. Les mois passèrent.
Et plus le temps s'écoulait, plus les souverain de Ferah-Esza s'attachait à son nouveau courtisan.
Un jour, il eut une commission pressante à faire exécuter. Il faisait très chaud, si chaud que le sang bouillait dans les veines des animaux.
-Dans de telles conditions, j'aurai du mal à trouver un officier de confiance, soupira le roi.
C'est alors que le jeune léopard apparut.
Il lut dans les yeux du lion que quelque chose le préoccupait. S'approchant du trône, il s'agenouilla et supplia d'une voix tremblante :
- Votre chagrin ne m'a pas échappé. Comment puis-je vous aider ?
- Ecoute-moi bien, j'ai un travail délicat à te confier...
Accompagné de soldats, le léopard arriva à midi sur les lieux de sa mission.
Il fit son devoir à la perfection et revint rapidement au palais.
Le souverain le remercia longuement, ce qui excita la jalousie de autres courtisans.
Dès qu'ils se retrouvèrent seuls avec le nouveau favori, ils lui dirent d'un ton mielleux :
- Bravo, vous avez accompli une tâche admirable. Mais vous devez être épuisé. Venez vous reposer à l'ombre d'un arbre. Nous apaiserons votre soif avec de l'eau fraîche et pure.
Le jeune léopard devina ce que cachait le masque de la gentillesse.
Il répondit :
- Non merci. c'est en travaillant pour le repos du lion, notre maître, que j'ai acquis son estime.
Voulez-vous que je détruise moi-même ce bonheur ? Je me suis fixé un but. Pour l'atteindre, il me faudra souffrir ce qu'il y a de plus difficile.
On n'arrive à rien en se laissant emporter par le torrent du désir.
Le lion fut bientôt informé de ces propos.
Il plongea dans un océan de pensées puis releva la tête en souriant.
- Je sais ce qu'il me reste à faire, murmura-t-il.
Il fit appeler le léopard et, après l'avoir couvert d'honneurs, lui rendit le royaume dont il avait hérité.
Dabchelim était maintenant sûr de son choix.
Il ordonna aux vizirs de préparer son départ pour l'île de Sarandib et choisit un seigneur digne de gouverner
le royaume en son absence.
Il partit enfin, accompagné d'officiers et d'une suite
convenant à sa dignité.
Il passa de ville en ville, se déplaça sur terre et sur mer,
atteignit enfin le but de son voyage.
Sa satisfaction fut grande quand, pour la première fois,
il respira l'air de Sarandib.
L'atmosphère y était la plus pure et la plus délicieuse du monde,chargée d'un parfum de musc et d'ambre.
On pouvait y boire une eau excellente,
qui redonnait des forces à l'homme le plus épuisé.
Le monarque se reposa pendant une semaine
dans la capitale de l'île.
Puis, remis de ses fatigues,
il désigna quelques courtisans pour l'accompagner
au sommet de la montagne.
Il traversa plaines et vallées,
jusqu'à une falaise où s'ouvrait une grotte .
L'entrée, bien que très sombre, avait quelque chose de majestueux.
Le roi prit des informations dans les habitations voisines.
Il apprit qu'un philosophe très réputé occupait cette caverne.
Il s'appelait Bidpaï, ce qui veut dire " Philosophe charitable".
C'était un personnage de haute vertu,
qui passait ses journées à prier et à réfléchir.
Dabchelim hésitait à se présenter quand une voix se fit entendre :
"Entrez en paix."
Il fit un pas en avant, puis un deuxième, un troisième...
Ses yeux s'habituèrent à l'obscurité.
Il découvrit un vénérable vieillard dont la longue barbe
se déroulait jusqu'au sol.
-Je vous attendais, déclara le brahmane*
Votre venue m'a été révélée par une vision.
Dabchelim s'inclina et fit le récit du rêve
qui l'avait amené à Ferah-Esza.
Il parla du trésor et du testament de Houschenk.
- J'aimerais connaître le secret de ce testament.
Savoir quelle histoire se cache derrière chaque conseil.
- Te souviens-tu du premier ?
- Je le connais par coeur :
"Le monarque n'écoutera pas les rumeurs
qui circulent à propos de ses conseillers."
- Tous ceux qui ont la faveur d'un roi provoquent la jalousie des courtisans.
C'est pourquoi il faut rester très méfiant.
Il est facile de rompre le lien qui unissait deux amis.
Un renard hypocrite en donna un bel exemple.
- Comment s'y prit-il ?
- Ecoutez-moi et vous le saurez.
* Prêtre indien
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
Envie de partager ici ces superbes "Contes de la sagesse indienne " si bien contés... Aujourd'hui chapitre 8 .
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Brigitisis
Le fils courageux
- Cette histoire vous montre que vous avez tout intérêt à rester au nid, soupira le vautour. N'abandonnez pas le bonheur que vous possédez !
- J'ai trop besoin de liberté. Mon bec et mes griffes sont solides.
Sans aucun doute, ils me permettront de devenir riche et respecté.
Bien des contes prouvent que c'est possible. Ecoutez à votre tour ...
Un pauvre artisan travaillait sans repos.
Pourtant, il avait de la peine à subsister et parvenait juste à nourrir sa famille.
Son dernier fils naquit sous une heureuse étoile.
Dès qu'il ouvrit les yeux, son père commença à gagner de l'argent.
Il attribua sa fortune à l'enfant et le remercia en lui donnant une bonne éducation.
Mais ce fils ne pensait qu'aux armes.
En quittant son berceau,il s'empara d'un arc et refusa de la lâcher, même pour dormir.
Cette passion augmenta avec les années.
Quand on voulut lui apprendre à écrire, il rejeta au loin son ardoise pour manier la lance et l'épée.
L'enfant atteignit l'âge du mariage.
Un soir, son père l'attira à l'écart et lui dit :
- Vous êtes à présent un homme, il est temps pour vous de trouver une femme. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que son père accepte votre demande.
- Ne vous occupez pas de cela, j'ai déjà ce qu'il me faut.
Le jeune homme se leva.
Il entra dans sa chambre et en rapporta un sabre tranchant.
- Voici la couronne qui fera mon bonheur, déclara t-il d'une voix éclatante. Ce sabre me donnera la fortune. Et avec elle, le mariage que vous attendez de moi.
Guidé par son courage, le brave garçon n'eut aucune peine à atteindre le but qu'il s'était fixé.
Il se fit chef de parti, conquit un royaume et s'en fit couronner empereur.
Le faucon hocha la tête en fixant son père adoptif.
- Voilà pourquoi vous ne m'empêcherez pas de partir. Adieu mon père...
Il vola longtemps, de plaines en vallées, et se posa enfin au sommet d'une montagne.
Là, en jetant les yeux de tous côtés, il remarqua une perdrix qui faisait retentir la campagne de ses chants.
Poussé par son instinct de prédateur, il s'élança sur l'oiseau.
Ses serres déchirèrent le corps tiède et il se remplit le gosier de chair fraîche.
Jamais il n'avait dégusté une viande aussi délicate.
Sans y faire attention, il se dit à lui-même, tout en s'adressant à la perdrix qui ne pouvait plus l'entendre :
"Tu es délicieuse des pieds jusqu'à la tête. A coup sûr, tu as été crée pour que je te dévore. J'ai déjà beaucoup gagné en entreprenant mon voyage. D'autres bonheurs m'attendent.
Il me tarde de les découvrir."
Ayant prononcé ces mots, il décolla et poursuivit sa quête.
Un jour, alors qu'il se reposait sur un rocher, il entendit une rumeur sourde. Une troupe de chasseurs apparut quelques minutes plus tard.
Ils accompagnaient le roi du pays et sa cour.
Un rapace était posé sur le poing du monarque.
Ils 'envola bientôt et notre faucon, intrigué, quitta son rocher pour planer dans sa direction.
C'est alors qu'il remarqua le gibier convoité par son congénère.
Fondant dessus comme l'éclair, il l’attrapa le premier.
Le roi n'avait rien perdu de la scène.
Il battit des mains et ordonna à ses suiveurs :
- Attrapez-le !
Les chasseurs lâchèrent un faucon qui partit à la rencontre du jeune présomptueux.
Celui-ci ne s'effaroucha pas.
Quand il eut reconnu un oiseau de son espèce, il s'arrêta et le salua respectueusement.
Une conversation amicale s'engagea.
Le faucon du roi répondit aux nombreuses questions de son compagnon.
Il lui donna envie de devenir courtisan et le persuada de le suivre.
Le souverain n'avait pas oublié les qualités du jeune rapace.
Très vite, il se prit d'affection pour lui et le choisit pour favori.
C'est ainsi que notre héros devint l'empereur des faucons, après avoir frôlé la mort et grandi dans le nid d'un vautour.
Dabchelim se tut.
Après avoir dévisagé ses deux auditeurs, il sourit et déclara :
- Je tire une morale de cette fable :
tout homme peut s'élever au-dessus de sa condition.
Pour cela, il lui faut faire preuve de courage...et voyager. Car les voyages sont le printemps du coeur.
Le second vizir n'avait encore rien dit.
Il commença par flatter son souverain puis déclara.
- En quittant le royaume, vous laisserez votre peuple à la merci de tous les dangers.
- Gouverner n'est pas une partie de plaisir.
En subissant les difficultés d'un voyage, je gagnerai une grande part de sagesse.
Un jeune léopard l'a montré bien avant moi.
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
Envie de partager ici ces superbes "Contes de la sagesse indienne " si bien contés... Aujourd'hui chapitre 7 .
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Brigitisis
Puzzle Factory - bâtiments - Vieille cabane
La vieille et le chat maigre
Il y avait une fois une vieille femme maigre et rabougrie.
Elle vivait dans une cabane plus obscure que l'esprit d'un ignorant. Cette vieille possédait un chat squelettique, qu'elle nourrissait d'une méchante soupe claire.
Jamais il n'avait vu de pain et le mot "viande" lui était inconnu.
Un jour qu'il s'était traîné sur le toit, il aperçut un autre chat dont l'apparence le surprit.
C'était un chat bien nourri.
Il avait la démarche d'un lion, la force d'un léopard et le poil d'une zibeline.
Le chat maigre ne put s'empêcher de l'interpeller :
- Mon cousin, d'où vient votre embonpoint ?
- Je me rends chaque matin aux portes du palais. Lorsque la table est desservie, je me jette sur les restes de viande grasse. De quoi faire bonne chère pour la journée !
- S'il vous plaît, demanda le chat de la vieille, qu'est-ce que la viande grasse dont vous venez de parler ? Jamais je n'ai entendu cette expression.
- Voilà pourquoi tu es si maigre. Si tu faisais comme moi, tu aurais une autre allure.
Cette remarque bouleversa le chat maigre.
- Mon frère, supplia-t-il, laissez-moi vous accompagner chez le sultan.
- Demain matin, si tu le désires. Apprête-toi à vivre le plus grand moment de ta vie.
Le chat maigre descendit de son toit.
A peine à terre, il se précipita dans la cuisine de la vieille et lui raconta son aventure.
Cette dernière ne partagea pas son enthousiasme.
Comme elle l'aimait, elle tâcha de le faire revenir à la raison.
Vieille femme avec chat
La peinture "Vieille femme avec un chat" de Max Liebermann est une reproduction de haute qualité, peinte à la main, de peintures à l'huile.
- Prends garde aux trompeurs. Ne deviens pas esclave de ton estomac...
Le félin écouta poliment mais sa décision était prise.
Le lendemain, à l'heure dite, il se laissa entraîner par son nouvel ami.
Par malheur, il ignorait qu'un drame avait secoué le palais.
La veille, des chats errants avaient semé un tel désordre que le sultan était entré dans une colère noire.
Il avait ordonné à ses archers :
- Mettez-vous en embuscade et tirez sur tous les vagabonds qui se montreront ! Qu'ils cessent enfin de nous importuner !
Enivré par la gourmandise, le chat maigre ne remarqua pas que la grande place était vide.
À peine eut-il senti la délicieuse odeur de viande qu'il se précipita sur les plats et les assiettes.
Aussitôt, cent arcs pointèrent dans sa direction.
Ils déversèrent sur lui un orage de flèches acérées.
Gravement blessé, le matou lâcha le gros morceau qu'il serrait entre les dents.
Il s'enfuit en laissant derrière lui une traînée de sang, parcourut quelques mètres et chancela.
- Voici ma promesse, murmura t-il en s'effondrant.
Si j'échappe à la mort, je me contenterai de la soupe de la vieille.
Mieux vaut être maigre et vivant, que gras au fond d'un tombeau.
Marc Séassau
" Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
Envie de partager ici ces superbes " Contes de la sagesse indienne " si bien contés... Ici chapitre 6.
Avec en illustration mon regretté Dock, même s'il n'a jamais été squelettique, et ma belle Fanny qui s'approche de ses dix ans...
Brigitisis
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Le vautour et le jeune faucon
Deux faucons - un mâle et une femelle - étaient liés par un amour si fort qu'ils ne se séparaient jamais.
Ils vivaient au sommet d'un rocher très escarpé.
C'est là qu'ils passaient leurs journées, l'esprit libre et content.
Un jour, le ciel leur offrit le bonheur d'un petit faucon.
Ils s'en occupèrent avec beaucoup de soin, glissant dans son bec des vers frétillants et des morceaux de viande fraîche.
Un tel menu permit au bébé de prendre rapidement des forces.
Un jour, les deux parents le laissèrent seul pour partir en quête de nourriture.
leur absence dura plus longtemps que d'habitude.
C'est pourquoi le petit faucon commença à s'impatienter.
Il sauta sur place, remua dans tous les sens, se démena si bien qu'il arriva u bord du nid.
Un dernier mouvement le fit basculer dans le vide.
Un vautour l'aperçut.
Il crut d'abord qu'il s'agissait d'une souris lâchée par un autre rapace.
Il vola promptement, l'attrapa dans son bec et l'emporta dans son nid.
C'est à ce moment que, retenant ses enfants, il découvrit son erreur.
- Ne le mangez pas ! s'écria t-il.
Il possède des ailes et des griffes. C'est un oiseau de proie comme nous. Un de nos lointains cousins.
Le petit faucon fut immédiatement adopté par sa nouvelle famille. Il devint même le préféré du vautour, et il était persuadé d'être un de ses fils.
Pourtant, bien des choses le distinguaient de ses frères et soeurs.
Il s'en étonnait et s'interrogeait parfois :
"Si je suis un étranger, par quelle aventure ai-je été apporté dans ce nid?
Si j'appartiens à cette famille, comment expliquer nos différences ? Tant pis ! Dans l'incertitude, je garderai ma bonne humeur quoi qu'il arrive..."
Cette résolution ne l'empêchait pas d'être rêveur, comme perdu dans ses pensées.
Le vautour s'en aperçut.
-Mon fils, demanda t-il un jour, vos regards sont souvent remplis de tristesse.
Dites-moi ce qui se passe. Je ferai tout pour vous aider.
- Vous avez raison, répondit le faucon.
J'aimerais me confier à vous mais les mots me manquent.
Permettez-moi de voler hors du nid. Cette distraction effacera mes idées noires.
Le père comprit que son fils adoptif cherchait à se séparer de lui. Il poussa un soupir et déclara :
- Vos propos déchirent mon âme. Auriez-vous décidé de voyager ? N'en faites rien, je vous en supplie. Les voyages sont comme une mer qui engloutit tout. Votre vie est belle en ce nid, rien ne vous manque !
- Votre conseil vient du coeur, répondit le faucon. Mais vous ne me ferez pas changer d'avis.
- Vous ignorez combien la vie peut se montrer cruelle quand on s'éloigne du foyer. Ce qui est arrivé à un chat trop gourmand.
- Racontez-moi cette histoire.
- Si vous le désirez. En espérant que ce conte vous servira de leçon.
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
L'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
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Brigitisis
Les deux pigeons
Deux pigeons partageaient le même nid. Ils y vivaient heureux, se contentant de la provision de graines et d'eau dont ils disposaient en abondance.
Le premier pigeon se nommait Bazendeh et l'autre avait pour nom Nevazendeh.
Chaque matin et chaque soir, ils remplissaient l'air de leur ramage.
Mais la passion du voyage couvait dans le coeur de Bazendeh.
Un matin , il dit à sa compagne :
- Ma chère âme, allons-nous passer notre vie dans ce nid ? Je ne puis vous cacher combien je désire voir le monde.
Tant de choses merveilleuses nous restent inconnues !
Nevazendeh refusa de l'écouter.
- Doux ami, répondit-elle, les voyages ne sont que tourment et chagrin.
- Mais ils offrent de grandes récompenses. Quel plaisir de découvrir chaque jour un lieu nouveau !
- Désirez-vous vraiment notre séparation ? Restez, je vous en supplie. Contentez-vous de votre bonheur.
Bazendeh ne se laissa pas influencer.
Il répliqua d'un ton enflammé :
- Je trouverai des amis !
- De simples compagnons de voyage, soupira Nevazendeh. Ne tentez pas le sort...
- Non !
Les deux pigeons s'embrassèrent en versant des larmes d'adieu.
Puis Bazendeh déploya ses ailes et s'envola.
Alors qu'il s'éloignait, Nevazendeh ne put s'empêcher de crier, les yeux humides de larmes :
"En me délaissant, mon ami me donne le coup de la mort. Tout le monde redoute la nuit. Moi je déteste le jour d'un départ."
Ces quelques mots n'émurent pas Bazendeh.
Pas plus que les conseils qu'il avait refusé d'écouter...
A la fin du jour, il se posa dans un jardin agrémenté de fleurs multicolores et de ruisseaux chantants.
De grands arbres s'y déployaient.
Bazendeh en choisit un pour y passer la nuit mais il n'eut pas le temps de s'endormir.
A peine avait-il fermé les yeux qu'un vent violent se leva.
D'épais nuages noirs masquèrent les étoiles.
Le grondement du tonnerre se fit entendre.
Un premier éclair déchira la voûte céleste, bientôt suivi d'une averse de grêle.
A l'aube, lorsque l'orage s'éloigna, il laissait derrière lui un pigeon aux ailes humides et glacées.
-Ah ! gémissait-il. Comme je regrette ma chère Nevazendeh.
Je serais bien près d'elle, dans notre nid douillet.
Bazendeh reprit pourtant son envol.
Soudain, une silhouette se dessina au-dessus de lui.
Un faucon !
Le rapace aperçut l'oiseau désarmé.
Griffes en avant, il se laissa tomber sur sa proie.
Jamais le pigeon n'avait éprouvé une telle frayeur.
Malgré la lumière du soleil, tout semblait noir autour de lui.
L'air ne le soutenait plus.
- Si je me sors de ce piège, gémit-il, plus jamais je ne prononcerai le mot voyage.
A cet instant, un aigle arriva sur le champ de bataille.
Il se dit :
"Ce pigeon ne fera qu'un festin misérable. Mais j'ai tellement faim..."
Ils étaient maintenant deux à poursuivre Bazendeh.
Le faucon ne manquait pas de courage et de force.
Malgré sa petite taille, il affronta l'aigle et tenta de lui crever les yeux.
L'aigle se défendit. Son bec fit voler les plumes de son adversaire. Des piaillements de douleur emplirent l'air.
Bazendeh profita de l'occasion.
Le coeur battant, il se réfugia sous la racine d'un chêne.
C'est là qu'il passa le reste du jour et la nuit.
Le lendemain, malgré sa fatigue, il quitta son abri et se remit en route.
Au bout de quelques heures, il survola un groupe d'arbres.
Un autre pigeon se tenait à la lisière du petit bois.
Il picorait allègrement un énorme tas de graines.
Bazendeh n'avait rien mangé depuis des jours.
Il rejoignit son congénère et, sans même lui adresser un mot, se jeta sur la nourriture.
Son festin fut de courte durée.
Très vite, il sentit une toile s'abattre sur lui.
- Un filet ! s'exclama son voisin. Nous sommes pris au piège.
Bazendeh se débattit de toutes ses forces. Plus il s'agitait, plus il était pris dans les mailles.
Découragé, il se plaignit amèrement :
- Nous sommes de la même espèce ? dit-il à l'autre pigeon. Pourquoi ne m'avez-vous pas averti ?
- Hélas! répondit l'autre. On ne peut éviter ce qui doit arriver. Tel est notre destin...
- Laissez notre destin tranquille. Dites- moi seulement si vous connaissez un moyen de nous échapper.
- Si je connaissais un tel moyen, soyez sûr que je m'en servirais moi-même !
Désespéré, Bazendeh recommença à s'agiter. Ses mouvements étaient si brusques qu'ils parvinrent à briser les cordes usées du filet.
Aussitôt libre, il prit la direction de son pays natal.
Il n'avait plus qu'une envie : retrouver Nevazendeh et son nid confortable.
Après plusieurs heures de vol, il passa près d'un village.
Pour se reposer un peu, il fit halte près d'un champ.
Un jeune paysan se promenait alentour. Il le regarda avec envie, imaginant à l'avance la saveur d'un pigeon rôti.
Muni d'une arbalète, il visa soigneusement l'oiseau et lâcha une flèche meurtrière.
Blessé, Bazendeh bascula du mur où il était perché.
Il dégringola au fond d'un puits extrêmement profond.
Par bonheur, ce puits était à sec.
Le volatile resta évanoui pendant de longues heures.
Lorsqu'il reprit connaissance, il commença à délirer :
- Comme tu me manques Nevazendeh ! La vie était belle quand nous étions ensemble ! Reviens près de moi, rends-moi le bonheur disparu...
Un jour passa, puis un autre.
Bazendeh recouvra ses esprits, sortit tant bien que mal du puits et réussit à regagner le chemin du foyer.
Nevazendeh reconnut de loin le battement de ses ailes.
Elle l'accueillit dans un concert de roucoulements :
- Comme je suis heureuse de vous retrouver. Mais vous êtes maigre et déplumé. Que vous est-il arrivé ?
- Si vous m'aimez encore, répliqua Bazendeh, ne me posez pas de questions. Il me serait trop pénible de raconter le quart de ce que j'ai vécu.
Mais je sais que mon envie de voyager a définitivement disparu.
On souffre trop lorsqu'on est loin de ceux qu'on aime.
..............
- Votre Majesté a entendu ma fable, conclut le grand vizir.
Je la prie de renoncer au projet qu'elle a fait de voyager.
Son absence priverait le royaume d'un grand secours.
- Je comprends ce que vous voulez dire, répondit Dabchelim. Pourtant, il me semble qu'on peut tirer profit des voyages.
Qui découvre le monde s'instruit des souffrances qu'il a rencontrées.
Ainsi au jeu des échecs, le pion se transforme en dame en traversant l'échiquier.
À l'inverse, l'eau pure des ruisseaux devient trouble et malodorante quand elle croupit dans une mare.
Si un certain faucon était resté dans son nid, s'il n'avait jamais parcouru le monde, jamais il ne serait parvenu à baiser la main d'un sultan...
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
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Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
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Brigitisis
3 Testament du roi Houschenk
Moi, Houschenk, qui suis maître du monde, je mets ces richesses en dépôts pour le grand et puissant Dabchelim.
J'espère que ce testament lui sera aussi profitable que le trésor qui l'accompagne.
Car il doit savoir que l'essentiel ne se trouve pas dans l'or et les richesses.
Si l'empereur observe mes instructions, son règne sera long et heureux.
S'il les méprise, il finira dans la misère.
1. Le monarque n'écoutera jamais les rumeurs qui circulent à propos de ses conseillers.
2. Il fera périr par le sabre les médisants qui tournent autour de lui.
3. Il entretiendra une bonne entente entre ses ministres et ses conseillers.
4. Il ne se laissera pas tromper par les flatteurs. Jamais un ennemi ne devient un ami.
5. Il fera tout pour conserver les royaumes dont il a fait la conquête.
6. Il agira sans précipitation.
7. Il fera tout pour conserver les royaumes dont il a fait la conquête.
8. Il refusera d'écouter les jaloux. Leurs compliments sont illusions plus éphémères que la rosée du matin.
9. Il sera prompt à pardonner.
10. Il n'oubliera pas que le mal est la récompense du mal. Mais en semant les bienfaits, il récoltera d'autres bienfaits.
11. Il ne se mêlera pas des affaires des autres, afin qu'on ne se mêle pas des siennes.
Un corbeau ne marchera jamais comme une perdrix.
12. Il joindra un coeur doux à ses autres perfections. Un coeur doux emporte plus de victoires que cent armées réunies.
13. Il ne changera pas de ministre à tort et à travers.
14. Sa conduite devra rester la même, quels que soient les épreuves et les revers de fortune.
A la grande surprise de Dabchelin, le testament ne s'arrêtait pas là.
Le philosophe se racla la gorge et continua sa lecture d'une voix chevrotante :
- Ces conseils sont illustrés par des histoires surprenantes et merveilleuses.
Si le grand empereur désire les entendre, qu'il se rende à la montagne de l'île de Sarandib.
Il y trouvera aussi toutes les réponses aux questions qu'il se pose.
L'écrit finissait à cet endroit.
Dabchelim récupéra le talisman avec beaucoup de respect.
Il embrassa le philosophe en disant :
- Je n'ai plus de raison de désirer mes trésors. Voilà pourquoi je vais donner tout ce qui me reste en souvenir du roi Houschenk.
Le lendemain, dès le lever du soleil, il déclara à deux de ses vizirs :
- La passion de faire un voyage à l'île de Sarandib s'est emparée de moi. Avant de me décider, j'aimerais savoir ce que vous pensez de mon projet.
Les deux vizirs répondirent d'une même voix que cette question était difficile à trancher.
- Accordez-nous un jour et une nuit, supplièrent-ils. Demain matin, à la même heure, nous vous apporterons le fruit de notre réflexion.
Vingt-quatre heures plus tard, les trois hommes se retrouvèrent au même endroit.
Dabchelim ordonna aussitôt au grand vizir de prendre la parole.
Ce dernier mit un genou à terre et, après avoir prié pour la prospérité de son souverain, il commença ainsi son discours :
- Votre Majesté, vous tirerez certainement un bénéfice de votre voyage.
Il me semble pourtant que les inconvénients seront très nombreux. Le chemin est long jusqu'à Sarandib.
Vous serez obligé de marcher sans trêve ni repos.
On dit que si la prunelle fait l'honneur des yeux, c'est parce qu'elle ne sort point de son lieu. Au contraire, les larmes qui tombent par terre sont foulées aux pieds.
Il en va de même pour l'homme.
Je serais désolé que vous subissiez le malheur qui arriva autrefois à un certain pigeon.
- Quel pigeon ? s'étonna Dabchelim.
Racontez-moi cette aventure.
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
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Brigitisis
Histoire de Dabchelim et de Bidpaï
- Sire, commença le vizir, les Indes noires étaient autrefois le plus beau pays du monde. Ce royaume était dirigé par un monarque juste, fortuné et glorieux.
- Je devine que ce monarque se nommait Dabchelim, sourit Humaioufal.
- Les fêtes étaient nombreuses en son palais. Mais il appréciait aussi les savants.
Un jour, il fit organiser un superbe festin auquel il assista en personne. Après avoir dîné, il posa mille questions à ses hôtes.
Un sujet de conversation le toucha entre tous : il portait sur la générosité.
Pénétré par ce qu'il venait d'entendre, Dabchelim voulut mettre à profit cette leçon.
Il ordonna qu'on offre sa fortune aux habitants de la capitale.
- Je veux que les pauvres deviennent riches !
Le soir venu, Dabchelim avait le coeur léger en se retirant dans ses appartements. Il s'endormit très vite mais, au plus profond de son sommeil, un vieillard environné de lumière lui apparut en songe.
- Tu as agi sagement en distribuant tes richesses, dit le vieil homme. Cela mérite une récompense. Demain, dès le lever du soleil, monte sur ton cheval et prends la direction de l'est. Tu trouveras un trésor digne de ta bonne action.
Lorsque Dabchelim se réveilla, le rêve n'avait pas quitté ses pensées. Le coeur empli de joie, il remercia Dieu de sa bonté et donnal’ordre de faire seller son meilleur cheval.
Sans rien dire à ses courtisans, il prit la route indiquée par le vieillard.
Une fois en pleine campagne, il regarda de tous côtés pour trouver un indice. En vain. Rien n'indiquait la présence d'untrésor.
Vers midi, il atteignit une haute montagne. Une grotte s'ouvrait en son flanc. Elle était habitée par un vieil ermite. Intrigué, Dabchelim détourna son cheval pour aller lui parler.
- Ô vous ! lança l'ermite dès que le monarque fut à portée de voix. Soyez le bienvenu dans mon humble demeure. Ma retraite est bien peu de chose en comparaison de vos somptueux appartements. C'est un grand honneur de vous recevoir.
Satisfait du compliment, Dabchelim lui témoigna le désir d'être son ami.
- Tes prières me seront d'un grand secours, ajouta t-il. Mais je dois reprendre ma route. Adieu.
- Ne partez pas tout de suite
- Qu'y-a-t-il ?
-Permettez-moi de vous offrir tout ce qui se trouve dans ma grotte.
- Je n'ai besoin de rien.
- Ne vous fiez pas aux apparences. En mourant mon père m'a légué une fortune considérable. Que puis-je faire de cet or, de cet argent et de ces pierreries, alors que j'ai trouvé le bonheur dans ma vie solitaire ? Acceptez mon présent. Je sais que vous en ferez bon usage.
Dabchelim, stupéfait, comprit que son rêve se réalisait.
Le trésor du vieillard se révéla encore plus fabuleux qu'il ne l'avait imaginé.
Il contenait un grand nombre de couronnes, de bagues, de boucles d'oreilles et de colliers de perles. Il y avait aussi des cassettes et des coffres en or massif.
Dabchelim les fit ouvrir et découvrit une quantité prodigieuse d'émeraudes, de rubis, de diamants et d'autres pierres précieuses.
Parmi ces coffres, il s'en trouva un particulièrement remarquable. Il était fermé par un cadenas rehaussé de joyaux étincelants. Dabchelim ordonna à ses serviteurs d'en chercher la clé mais elle demeura introuvable.
Plus curieux que jamais, il fit venir plusieurs serruriers.
- Laissez-moi seul maintenant, ordonna-t-il dès que le cadenas fut brisé.
Il ouvrit alors le coffre et trouva une cassette enrichie de diamants et de rubis. Cette cassette renfermait une boîte en or d'un travail exquis et de belle forme.
Et dans cette boîte, un morceau de soie blanche décoré d'une mystérieuse inscription...
Réunis autour de leur souverain, savants et philosophes observaient en grimaçant le fragment de tissu.
- Je reconnais l'écriture, dit l'un d'entre eux en se frottant le menton. Malheureusement, plus personne ne sait le déchiffrer.
- Je devine sans peine, affirma un autre. Le propriétaire du trésor a indiqué son nom et raconté sa vie.
- Certainement pas ! s'exclama un troisième. Il s'agit d'un talisman porte-bonheur.
Ces avis contradictoires ne découragèrent pas Dabchelim.
- Taisez-vous ! s'écria t-il. Au lieu de parler dans le vide, trouvez-moi un spécialiste des langues anciennes. Lui seul pourra répondre à ma question.
Après une longue recherche, on amena enfin un philosophe très savant.
Le roi l'accueillit dans son palais avec beaucoup d'égards.
Il lui présenta le morceau de soie en déclarant :
- Saurez-vous déchiffrer cette écriture ?
- Sans aucun doute. Vous tenez entre vos mains de quoi accéder au plus précieux des trésors.
- C'est un plan ?
- Pas du tout. Il s'agit de bons conseils et d'avis utiles. Laissez-moi vous en donner une traduction fidèle.
Marc Séassau
"Les questionnements moraux ont depuis toujours occupé une place essentielle dans la tradition littéraire indienne.
Ici, l'auteur Marc Séassau nous invite à découvrir la culture indienne à travers ses contes.
Empereurs, sultans et animaux sacrés nous font parcourir l'Inde et ses merveilles."
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Brigitisis