Le peintre anglais Henry Wallis a représenté le poète sur son lit de mort dans son tableau The Death of Chatterton.

Mort du poète

Il a déposé sa plume
dans le fond d'un tiroir
tel un frère qu'on exhume
dans un grand désespoir

A rangé ses feuilles inutiles
et dans un sourire malicieux
ponctué d'un soupir futile
a lancé un dernier "adieu"

Comme une dernière rime
au bout du dernier vers
qui le mène à l'abîme
où il s'en va se taire.

Jean Pierre Dunand

Le poète se tait mais ses écrits et ses pensées  resteront et traverseront les siècles...

Brigitisis

Le cahier miroir

Il est des mots écrits
il est des reflets pâles
d'un tain jauni
d'un miroir sale?

Où l'on ne peut plus
parfois sans le vouloir
se voir, comme inconnu
dans son propre miroir

Comme le temps venu
aux phrases illusoires
de changer l'inconnu
ou tourner le miroir.

Jean Pierre Dunand

"Dans le miroir, le désir et l’image de soi-même coïncident, ne saisissant que la surface de l’être, le Moi devient la projection de cette surface. L’objet aimé est, dans ce miroir, la vision de soi-même, la base de la découverte de sa propre création, un mystère qu’il s’agit toujours et encore de s’approprier. Le poète exprime son identité chimérique, adopte l’image de l’Autre dans une construction en abyme, et fait de sa subjectivité une construction qu’il peut maîtriser."

"Dans le discours poétique, les miroirs estompent les frontières, le réel et la fiction s’égalisent et l’on glisse du souvenir, image floue à l’endroit du miroir à l’évocation d’une scène vécue à l’instant même de l’écriture, image nette à l’envers du miroir. Ce que le poète ne saisit pas d’un côté devient limpide et profondément poétique de l’autre.

http://sbblog44.blogspot.fr/2013_12_01_archive.html

A la lecture de ce poème, j'ai voulu approfondir cette notion d'écriture et de miroir, j'ai trouvé cet article dont je cite deux passages ci-dessus et son lien...

Pour ma part, les écrits personnels sont les miroirs du temps, des moments de nos vies, dans lesquels on se revoit et on se souvient...Dans certains, on se retrouve avec plaisir, émotion...d'autres renvoient des reflets d'images douloureuses...qui donnent, c'est vrai, envie de tourner le miroir comme on tourne les pages...pour changer de chapitre de vie...

mais pas effacer ou oublier...

Brigitisis

En photo : Marco Olmo ou l’homme qui a arrêté le temps.

Une seconde

Le temps de rien
déjà effacé
passé déjà dépassé
par son lendemain

Dans la rue un bras
qui soudain de lève
d'une foulée brève
au bout d'un pas

Une image furtive
entr'aperçue
à paine retenue
d'une ombre vive...

Une fleur éclose
au matin vermeil
d'un rai de soleil
qu'on dirait virtuose

Un vol de palombes
sur les plaines
en envolée soudaine
au vent qui tombe

Un infime silence, lent
fragile comme un roc
le chant d'un coq
le soleil levant

Un regard qui passe
un sourire surpris
un parfum ressenti
que le temps efface

A la seconde près
après des heures 
juste d'un pleur
un enfant qui naît.

Jean Pierre Dunand

Une belle image pour un beau poème...

Brigitisis

Déraisons

Laissez-moi croire
que le temps court
après le temps pour
retrouver le retard

Laissez-moi croire
que l'enfant joue
à nos genoux
encore plein d'espoirs

Laissez-moi croire
qu'il est des évidences
sans importances
et dérisoires

Des rêves d'illusions
que l'on fait éveillé
comme de penser
que j'ai raison.

Jean Pierre Dunand

Laissez-moi croire
à des lendemains meilleurs
à un retour de certaines valeurs
Laissez-moi mes rêves...

Brigitisis

Vieilles photos

Vieilles photos
images rétro
que l'on feuillette
que l'on regrette
de vieux souvenirs
qui font sourire

Et revivre parfois
avec un peu d'émoi
des heures égarées
de nos passés
aux doux regards
de nos mémoires.

Jean Pierre Dunand

La même émotion que moi face à de vieilles photos...

Brigitisis

Les sols brûlés

La terre est assoiffée
qu'elle s'abreuve!
qu'il lui pleuve 
des nuages gorgés

Que l'orage ranime
les sols craquelés
crevasses asséchées
comme des Abymes

Apaise les brûlures
des plaines résignées
de vouloir qu'une ondée
soigne leurs blessures.

Jean Pierre Dunand

Quand un poète plaide pour la terre...

Brigitisis

Source : cheznectarine.centerblog.netsur centerblog.

Ecouter ton sommeil

Ecouter ton sommeil
à voix basse, à mon oreille
rythmer la nuit qui passe
comme les vents effacent
dans de longs soupirs
aux aurores qui expirent
les brumes les plus épaisses
que les orages laissent
derrière eux, malins
et m'endormir serein.

Jean Pierre Dunand

Juste parce que j'aime...

Brigitisis

Une vague

Est-ce la même vague...
au loin blanche d'écume
qui vient laver les algues
des plages au vent de brume

Recouvrant le sable bruni
de son corps ondoyant
à nos pieds aussitôt repartie
emmenant les traces du temps

Est-ce la même vague
qui t'emmène ce jour
et de ta vie te drague
comme un vulgaire labours

A de nouveaux lendemains,
aux amarres qu'on largue
à d'autres chemins
est-il la même vague?...

Jean Pierre Dunand

"Ne cherchez pas le passé, ne cherchez pas le futur : le passé est évanoui, le futur n'est pas encore advenu. Mais observez ici cet objet qui est maintenant."

Bouddha 

Quand les vagues sont les alliées du temps qui passe...

Brigitisis

Océan

Quand je ferme les yeux
j'entends rouler les vagues
de l'immensité bleue
qui m'appelle et me nargue

Quand je ferme les yeux
je sens le sable frémir
à me rendre envieux
de ne pas y dormir

Quand je referme la main
je sens le sable m'échapper...
grain après grain
je suis le sablier...

Vite...fermez mes blessures
j'entends l'appel des flots
Ô que le temps me dure
des sables où dansent tes eaux.

Jean Pierre Dunand

Quand la mer berce les rêves...

Brigitisis

Le vieux sur le banc

Assis sur son banc
au beau milieu du parc
sous l'ombre en flaque
des arbres géants,
les mains sur sa canne
et la tête en avant
l'aïeul attend son temps
aux heures qui flânent.

On voit trembler ses mains
calleuses d'autrefois
même s'il n'est pas de froid
à ces heures de juin
où le soleil reflète
d'un petit rai malin
des lueurs de carmin
sur la vieille casquette.

On voit bouger ses lèvres
dans des grands silences
comme parfois il pense
aux heures des fièvres
déjà lointaines
des temps éloignés
qu'il aime raconter
en vagues rengaines.

La journée s'achève...
et de son air ingénu
il adresse un salut
quand il se lève
avec un petit sourire
à ce vieux chêne
pour qu'il revienne
parler de leurs souvenirs.

Jean Pierre Dunand

J'adore ce monsieur âgé qui vient parler avec un vieux chêne de souvenirs communs...

J'aime les vieux arbres et je me dis souvent que s'ils pouvaient parler, ils en auraient des choses à raconter...surtout quand ils sont autour d'une maison de famille et qu'ils sont là depuis des générations!

Brigitisis